Begonia? Une véritable explosion de succès. À preuve : Artiste pop de l’année aux Canadian Western Music Awards, des concerts à guichet fermé, son album Fear au top des classements. Que se passe-t-il dans la tête d’Alexa Dirks? Plongeon dans son univers floral.

Par Morgane LEMÉE. Collaboration spécial

Celle qui s’appelle Alexa Dirks dans la « vraie vie » sortait le 13 septembre son tout premier album solo, Fear. Pour l’occasion, pas question de faire les choses discrètement. (En fait, serait-ce même possible pour Begonia?). L’artiste s’était alors tournée vers le collectif Synonym Art Consultation pour mitonner un évènement digne de ce nom.

Résultat : trois shows sur une même journée, dans une atmosphère intime au Tallest Poppy, quelques jours avant la sortie officielle de l’album. Au programme : découverte auditive de Fear, spectacle d’artistes drag, un questions-réponses aux allures de confessions et de reconnaissance. Et la famille Dirks, fidèle au poste, ponctuant la séance entre éloges et discours au bord des larmes.

« Rien que d’y repenser, ça me paraît encore surréaliste. C’était vraiment unique. Je suis très reconnaissante de pouvoir partager quelque chose d’aussi spécial avec ma communauté. J’ai vraiment apprécié le fait de ne pas être sur scène tout le temps, de pouvoir profiter de la journée avec tout le monde. J’étais tellement émotive! Je crois que je n’ai pas encore totalement digéré cette journée. »

Depuis cet élan, les succès s’accumulent pour Begonia. « Oui, c’est vrai, tout est un peu fou, mais pas à la manière dont internet peut le montrer. Il se passe beaucoup de choses. Je savoure ces petites victoires. Et je suis loin d’avoir fini. La roue continue de tourner. Je suis plutôt dans un mode de travail acharné en ce moment. »

Au coeur du travail de Begonia, la collaboration, comme toujours. C’est ce qu’elle préfère. Et comme pour ses projets précédents, pour son album Fear Alexa Dirks s’est alliée à ses fidèles collaborateurs et amis, les « Matts » : Matt Schellenberg et Matt Peters, du groupe manitobain Royal Canoe. Comment saisir le secret d’une collaboration à succès sur le long terme?

« Quand il y a des gens avec qui vous êtes aussi à l’aise de travailler, il faut que ça continue. Avec les Matts, on a vraiment créé un lien fort, une relation intime. Platonique bien sûr! (Rires). On se connaît très bien, on se fait confiance. On peut être franc. Je pense que toute cette chimie humaine se produit avec le temps, avec la pratique. Et puis il faut savoir s’amuser dans tout ça. »

| Plonger dans la peur

Parlons un peu de ce qui se cache derrière Fear, ce tout premier album composé de 12 chansons. « La musique m’aide à articuler des émotions qui sont moins faciles à exprimer ouvertement. Dans cet album, il y a donc beaucoup d’émotions, que j’avais envie d’exprimer depuis longtemps. C’est au sujet de mon parcours émotionnel, de ce qui m’a forgée, de mes insécurités. J’ai voulu assumer qui je suis. »

« Je souhaite qu’on assume qui ont est, qu’on se sente libre d’être insécure. Parce qu’on peut être insécure et forte. On peut faire face à notre anxiété et à nos peurs personnelles et être puissante. Ce n’est pas l’un ou l’autre. Cet album, c’est ma façon de partager cette conviction. Je parle de choses très personnelles, mais ce ne sont pas des faiblesses. Ce sont des forces. J’étais un peu nerveuse de mettre tout ça dans l’album, du genre : C’est pas un peu all over the place? Et puis, j’ai réalisé : Je suis all over the place! » (Rires)

Ainsi en pleine conscience, Alexa Dirks a choisi d’appeler son album Fear. « Je n’avais pas de concept spécifique en tête pour cet album. Les chansons se sont assemblées et Fear s’est démarquée. La peur est un si gros obstacle pour moi. La peur d’être assez, la peur de ne pas être capable. Parfois, ça me paralyse et ça m’empêche de sortir du lit le matin. Et en même temps, c’est ce qui me pousse. Il faut trouver la force de dire screw you à cette peur qui sabote tout. Cet album, c’est embrasser la peur plutôt que de la fuir. Et je veux montrer que si je peux le faire, les autres peuvent y arriver aussi. »

Pour atteindre ce stade, il y a évidemment eu des batailles. Alexa Dirks parle, tout comme dans son album sincère et transparent, des doutes, de santé mentale, des luttes avec soi. « Par le biais de mes derniers projets, j’ai découvert beaucoup de choses sur moi. Est-ce qu’on a vraiment un jour fini de découvrir qui on est? Je suis une personne différente. Je me sens plus forte, plus que jamais. Je me sens plus habilitée à être une boss dans ma vie et à ne plus m’en sentir honteuse. Mais ça ne veut pas dire que je n’ai plus de luttes. J’ai toujours des choses sur lesquelles écrire. »

Alexa Dirks partira tourner avec à la nouvelle année. D’ailleurs, les concerts à Winnipeg sont très vite passés de deux, à trois, puis à quatre. Tous à guichet fermé. Comme un cadeau de sa communauté, qui alimente encore plus ce temps de floraison pour Begonia.

La chanteuse travaille d’ailleurs déjà sur son prochain album. « Je suis contente que l’album soit sorti et que des gens l’écoutent. Composer : je sais que c’est ce que je vais faire pour le reste de ma vie. Là, je sens qu’il faut que je continue à profiter de ce flot créatif. Comme artiste, on ne sait jamais quand ces vagues d’inspirations viennent et repartent. »