Combien restera-t-il de l’Australie? C’est la question qui court sur beaucoup de lèvres en ce début d’année alors que des incendies ravagent plusieurs secteurs de l’ile-continent, détruisant tout sur leur passage.

 

Par Clint BRUCE, chroniqueur (Le Courrier)

 

Ce ne sont pas les dossiers explosifs qui font défaut en ce début d’année. Un bombardement effectué en Irak par les États-Unis vient de tuer le général iranien Qassem Soleimani, commandant de la Force Al-Qods chargée des opérations extérieures non conventionnelles au service de son pays. Les tensions entre l’Iran et les États-Unis pourraient tourner au conflit ouvert.

S’il y a un trait d’union entre ces deux points saillants de l’actualité, c’est bel et bien le lien entre les ressources énergétiques, qui suscitent l’intérêt stratégique du Moyen-Orient aux yeux de l’Occident, et l’environnement, de plus en plus menacé par l’activité humaine.

Au cours de la dernière année, la militante écologique Greta Thunberg, une adolescente suédoise, a connu une célébrité fulgurante grâce à sa campagne pour dénoncer l’insuffisance des mesures prises face au changement climatique. Héroïne des uns, bête noire des autres — comme le président américain Donald Trump qui l’attaque sur Twitter — elle est devenue le visage du mouvement des grèves scolaires pour le climat.

Mais elle n’est ni la seule ni la première de sa génération à s’engager pour cette cause. Comme elle le reconnait elle-même, c’est la jeunesse des pays en développement et des communautés marginalisées qu’il faut écouter pour comprendre les enjeux.

Voici cinq étoiles montantes du mouvement écologique planétaire.

 

  1. Ridhima Pandey, Inde

Ridhima Pandey fait partie des jeunes qui, aux côtés de Greta Thunberg, ont porté plainte contre l’Allemagne, la France, l’Argentine, le Brésil et la Turquie en les accusant d’atteinte à la Convention internationale des droits de l’enfant. Même si elle a seulement 12 ans, elle a commencé à militer bien avant sa camarade suédoise. Sa conscience écologique est née avec les inondations désastreuses de l’Uttarakhand en 2013 et ses parents, qui travaillent dans la protection du patrimoine naturel, l’ont encouragée. En 2017, elle intentait une poursuite contre le gouvernement indien pour sa négligence.

Lorsque le magazine India Today a demandé à Ridhima si les Indiens n’avaient pas moins de responsabilités individuelles que les citoyens des pays riches, en raison de leur empreinte moindre sur l’environnement, elle a répondu : «Oui, mais nous devons aussi accepter que l’Inde est l’un des pays les plus vulnérables aux effets néfastes du changement climatique, et nous en voyons déjà l’impact. […] Donc, l’Inde a besoin d’avoir un plan d’action strict et basé sur la science […].»

 

  1. Oladosu Adenike, Nigeria

On peut trouver Oladosu Adenike, étudiante de 25 ans, sur Twitter : @the_ecofeminist. Son pseudonyme indique bien que, pour elle, l’avancement des femmes est lié à la justice en matière d’environnement. Étudiante en économie agricole, c’est une figure de proue dans l’organisation des grèves et manifestations des Fridays for Future au Nigeria. Elle est de plus en plus connue dans le mouvement international.

Où puise-t-elle son inspiration? «Je visite des communautés, des écoles, des lieux de culte et des espaces publics pour parler aux gens de la crise climatique et de l’importance de la justice environnementale pour leurs communautés. J’encourage les gens à planter des arbres et à sensibiliser leurs pairs. […] En Afrique et au Nigeria, mener une campagne sur la justice climatique et réunir les gens pour discuter et agir, tout cela peut s’avérer difficile et frustrant. Mais nous persistons et, peu à peu, notre message atteindra un public plus grand.» (greenpeace.org.uk)

 

  1. Helena Gualinga, Équateur

Âgée de 17 ans, Helena Gualinga a grandi dans la zone de Sarayaku, au cœur de l’Amazonie équatorienne. Le gouvernement de l’Équateur permet à des sociétés pétrolières de s’implanter dans la région, au grand dam de la communauté kichwa à laquelle appartient Helena. À ses yeux, le seul maintien du mode de vie de son peuple constitue une forme de résistance. Dans le conflit autour des ressources naturelles, elle a d’ailleurs observé de nombreux actes de contestation, sur le terrain et devant les tribunaux. En plus de participer à des initiatives de sauvegarde écologique, elle publie sur son compte Instagram des photos d’autres défenseurs de l’environnement.

De passage à Madrid pour le dernier sommet sur le climat, elle exprimait dans ces termes son attachement intime à la cause écologique : «Il s’agit de chez moi. Il s’agit de mon peuple. Il s’agit de ma famille. Nous avons une relation de proximité avec la nature. Nous vivons de la nature et nous vivons avec la nature. Et c’est quelque chose qui est très important pour nous.»

 

  1. Timoci Naulusala, Fidji

Les iles Fidji, dans l’océan Pacifique, figurent parmi les pays les plus vulnérables face à la montée du niveau des mers. Timoci Naulusala, aujourd’hui âgé de 14 ans, en sait quelque chose. Début 2016, le cyclone Winston a dévasté son village. Consterné par l’inaction de la communauté internationale, le jeune garçon a décidé de témoigner. Après avoir remporté un concours d’art oratoire, il a prononcé un discours émouvant lors de la Conférence de Bonn de 2017 sur les changements climatiques. Timoci est devenu l’un des principaux porte-paroles de son pays sur la question.

Il vient de se rendre à New York, à l’occasion du Sommet de la jeunesse pour le climat, pour livrer son message : «Nous ne nous en sommes toujours pas remis. Pour celles et ceux d’entre nous qui vivons dans d’autres nations [que les pays du Nord], nous sommes déjà en train de voir, de subir et de vivre les conséquences d’une planète réchauffée. Je ne suis pas seul.»

 

  1. Makasa Looking Horse, Canada

Parmi ces militantes et militants rassemblés à New York au mois de septembre dernier, il y avait Makasa Looking Horse, résidente de l’Ontario et étudiante en études autochtones à l’Université McMaster. Elle est membre des Six Nations de la rivière Grand qui, elles, mènent plusieurs luttes pour leur autonomie territoriale, plus précisément en matière de racisme environnemental. L’un de ces conflits oppose les Six nations à la société Nestlé. La multinationale suisse exploite à l’excès les réserves d’eau souterraine alors que nombre de ménages de la communauté autochtone ne disposent pas d’eau potable.

Avant le sommet jeunesse, Makasa Looking Horse a coordonné des manifestations publiques pour dénoncer cette situation : «Nous protestons contre Nestlé qui vole l’eau sous nos pieds. Nestlé devrait avoir peur des Six Nations. Nous voulons que la multinationale sache quel est notre point de vue et qu’elle doit cesser de prendre notre eau. Tous nos enseignements nous disent de prendre soin de l’eau pour les générations futures.» (The Brantford Expositor, 25 novembre 2018)

Vous cherchez une résolution pour 2020 plus facile à tenir que l’exercice quotidien ou un régime draconien? Ma suggestion : s’informer régulièrement des perspectives issues des communautés et pays marginalisés. Nous avons à notre disposition les moyens de le faire et, chez les jeunes que je viens de citer, l’énergie et l’optimisme sont porteurs d’espoir pour l’avenir.