Un an après le lancement d’ateliers de français destinés aux sportifs de haut niveau, la Fondation pour la langue française siffle l’arrêt du jeu. Fin de la partie.

 

Par André Magny (Francopresse)

 

Francopresse vous en avait parlé en novembre 2018. La création d’ateliers de français spécialement conçus pour les sportifs devait permettre de rapprocher en 2019 ceux-ci de leurs admirateurs francophones. Malgré plusieurs appels de la Fondation lancés au sein du monde du sport, tant du côté des équipes professionnelles que des différentes fédérations sportives, il n’y a que l’Impact de Montréal et Judo Canada qui se sont montrés intéressés.

Charles-André Marchand était l’un des responsables de ces cours. Selon celui-ci, « le travail mené auprès des joueurs de l’Impact de Montréal, équipe de soccer de la Major League Soccer, et des athlètes de Judo Canada a été fructueux et répondait à une demande. » Il raconte qu’il a eu jusqu’à huit joueurs de soccer. Un peu moins du côté judokas. Malheureusement, l’expérience ne sera pas renouvelée en 2020.

Selon Lan Anh Vuong, directrice du développement des affaires et opérations pour la Fondation pour la langue française, celle-ci mènera plutôt cette année, au Québec, « un nouveau projet auprès des entreprises sans comité de francisation ».

 

Les vraies raisons

Au-delà de ce changement de cap, il y a aussi d’autres raisons sous-jacentes à cette prise de décision de la part de la nouvelle direction de la Fondation. Les conflits d’horaire entre les entrainements et les ateliers en seraient une. « Il est vrai que les horaires ont été un problème, notamment lors des compétitions », mentionne Mme Vuong.
Deuxième raison. Avec une seule rencontre par semaine et sans compter la gratuité des ateliers, n’est-ce pas plutôt une question de motivation? « Je crois que c’est la réalité dans le cas de bien des programmes » mettant le français à l’avant-plan commentera laconiquement le numéro deux de la Fondation.

Le directeur des communications de l’Impact de Montréal, Patrick Vallée, tout en reconnaissant la qualité des ateliers proposés, avoue que « ce sont les plus motivés », qui se sont rendus au bout. En fait, sur les huit joueurs au départ, seul le milieu de terrain Ken Krolicki — qui ne fait plus partie de l’équipe — a suivi l’ensemble des cours. Il y a bien eu l’Albertain Shamit Shome, qui s’était inscrit, mais son français était trop bon! Résultat, il a abandonné après une ou deux séances.

En fait, il faut se tourner vers le sport amateur et plus particulièrement le tatami pour avoir des résultats plus concluants. Avec Judo Canada, ce sont trois femmes judokas, Ontariennes unilingues, qui ont relevé le défi avec l’entraineur Sacha Mehmedovic.

« C’était important pour moi d’apprendre le français. J’entraine des judokas qui sont aussi francophones », dit-il dans un français plus que correct. C’est une question de confiance qui doit se créer entre les deux parties, raconte celui qui a fui l’ex-Yougoslavie en 1993 pour Toronto. Entraineur d’une dizaine d’athlètes, lui aussi a trouvé difficile de conjuguer le 90 minutes de son cours avec son horaire. Il ne regrette toutefois pas son engagement. En fait, la seule chose qu’il regrette, c’est que les francophones sont prompts à parler rapidement en anglais avec lui!