Malgré qu’ils aient été frappés par la pandémie de la COVID-19 à différents moments au cours de l’hiver, plusieurs pays, provinces, territoires et États semblent s’être concertés pour entamer à peu près en même temps le «déconfinement», ce néologisme qui s’est propagé dans l’espace francophone aussi vite que la maladie.

 

Par Marc POIRIER – Francopresse

 

C’est le cas des nombreuses provinces et territoires canadiens. En l’espace d’une semaine, le déconfinement s’est répandu dans presque tout le pays. Le 23 avril, la Saskatchewan a été la première province à annoncer son plan de réouverture après 36 jours de confinement. Le lendemain, le Nouveau Brunswick en faisait autant.

L’Atlantique rouvre tranquillement

Au moment de l’annonce du déconfinement, le Nouveau-Brunswick n’avait alors pas eu de nouveau cas depuis une semaine, et un seul depuis 10 jours. Sur les 118 cas dépistés au total, seulement 11 étaient actifs et quatre étaient hospitalisés. En date du 6 mai, un nouveau cas a été confirmé et toutes les personnes infectées sont rétablies.

Parmi les premières mesures de déconfinement, le Nouveau-Brunswick a permis aux membres d’une « unité familiale » d’en fréquenter une autre, mais seulement une : ces deux « bulles » sont mutuellement exclusives. La population peut aussi, depuis le 24 avril, jouer au golf, pêcher et chasser, et se promener dans les parcs publics et sur les plages. Les services religieux en plein air sont également autorisés. Le gouvernement a annoncé du même souffle qu’aucun grand rassemblement, comme les festivals et les concerts, ne seront permis d’ici la fin 2020, « sous réserve de modification ».

Terre-Neuve-et-Labrador a poursuivi sur cette même lancée le 30 avril, avec la même permission de fréquentation de deux ménages ou deux « unités familiales ». Il faudra toutefois attendre jusqu’au 11 mai pour de nouvelles mesures d’assouplissements, dont des rassemblements permis jusqu’à 10 personnes et la tenue de funérailles, d’enterrements et de mariages avec au maximum 10 personnes. Ce sera alors aussi le feu vert pour la pêche à la ligne, la chasse, les terrains de golf et les parcs municipaux. D’autres commerces et services seront aussi alors permis : comptables, avocats, finances, centres de jardinages, aménagement paysager et chenil, pour ne nommer que ceux-là.

Le lendemain, 1er mai, d’autres provinces ont emboité le pas en entrouvrant la porte du déconfinement.

L’Île-du-Prince-Édouard permet depuis cette date que des rassemblements de cinq personnes au maximum puissent avoir lieu à l’extérieur. Les chirurgies non urgentes sont permises, de même que les activités récréatives en plein air, ainsi que la construction routière. On peut aussi consulter physiothérapeutes, optométristes, opticiens, chiropraticiens ou naturopathes.

L’Ile a été l’un des endroits les plus épargnés au pays. Le dernier cas remonte au 28 avril et aucun cas n’avait été confirmé pendant une semaine avant cette date. Seulement deux des 27 cas dépistés depuis le début de la pandémie sont encore actifs.

De son côté, la Nouvelle-Écosse a aussi rouvert le 1er mai ses parcs municipaux et provinciaux, mais pas les terrains de jeu ni les plages. Les centres de jardinage, les pépinières ont ouvert leurs portes ; la pêche sportive, le bateau de plaisance et la voile sont permis.

Le 4 mai choisi par plusieurs pour entrouvrir la porte

L’Alberta y est allée graduellement avec l’ouverture des parcs et des terres publiques le 1er mai, suivie le lendemain par les terrains de golf. Depuis le lundi 4 mai, on ramène les chirurgies non urgentes et on autorise les services de santé comme les dentistes et les physiothérapeutes.

C’est à peu près la même chose en Saskatchewan depuis lundi, avec en ajout la libre circulation des bateaux de plaisance. Les rassemblements de plus de 10 personnes sont toujours interdits.

Le Manitoba suit la même tendance avec le retour de plusieurs services de santé depuis le 4 mai. La province permet aussi l’ouverture des restaurants, mais seulement pour les terrasses. Elle va cependant plus loin en levant l’interdit sur les salons de coiffure, les musées, les bibliothèques, les camps de jours, les terrains de jeu, les terrains de camping et les terrains de golf.

L’Ontario a aussi choisi le 4 mai pour assouplir certaines restrictions : ouverture de certains commerces de jardinage, chantiers de construction, lave-autos et concessionnaires automobiles sur rendez-vous. La province a cumulé près de 18 000 cas depuis le début de la pandémie, et 1 300 décès. Sur les cas actifs, près de 1 000 sont hospitalisés, et 220 d’entre eux sont aux soins intensifs. Le lundi 4 mai, il y avait 370 nouveaux cas, soit 2,1 % de moins que la veille. Mais depuis une semaine, le nombre de guérisons dépasse les nouveaux cas.

C’est aussi le 4 mai que les choses ont commencé à bouger au Québec, sauf pour la grande région de Montréal, foyer de la pandémie dans la province. À l’extérieur de cette région, les commerces ayant une porte ouvrant sur la rue peuvent accueillir à nouveau des clients. Les centres commerciaux restent fermés.

Le même plan pour la région de Montréal se mettra en branle le 18 mai, soit une semaine plus tard que ce qui avait été annoncé la semaine dernière. À cette même date, partout dans la province, les entreprises manufacturières pourront reprendre leurs activités avec un nombre limité d’employés.

Le Québec demeure l’endroit au Canada où la pandémie fait le plus rage, avec plus de 32 600 cas et 2 280 décès. L’ile de Montréal compte plus de la moitié des cas et environ les deux tiers des morts.

Le déconfinement attendra dans le Nord

La seule province qui va à contrecourant est la Colombie-Britannique, où est survenu le premier décès canadien en lien avec la COVID-19, le 8 mars dernier. Le gouvernement affirme qu’un plan de déconfinement est en préparation et que des restrictions seront levées graduellement, mais pas avant deux semaines.

Dans les trois territoires, c’est également le statuquo. Le Yukon, qui compte 11 cas, dit préparer un plan, mais aucune date de début de déconfinement n’est annoncée. Aux Territoires du Nord-Ouest, où il y a 5 cas, on affirme qu’il faudra attendre à la fin mai.

Enfin, le Nunavut a cru avoir dépisté son premier et seul cas la semaine dernière, mais il s’agissait d’un faux positif. Le territoire a décidé que les restrictions demeureront en place tant et aussi longtemps qu’il n’y aura pas de cas actifs et que ses voisins, territoires ou provinces, n’enregistreront pas de diminutions significatives de leur propre nombre de cas.

Les provinces et les territoires ont ceci en commun : ils décideront eux-mêmes du rythme et de la façon d’emprunter cette route qui mène à une sortie de crise, en espérant éviter une résurgence du virus et de ses ravages.