L’auteure-compositrice et interprète Kelly Bado a sorti son premier album cet automne, intitulé Hey Terre (1). Plongée dans les inspirations de l’artiste, qui ont évolué depuis son dernier EP, Entre Deux, lancé en 2016.

Par Laëtitia KERMARREC

Petit descriptif d’abord.« Hey Terre comporte huit chansons dont le thème est l’amour en général, mais dans ses différentes facettes. Par exemple, la première chanson, qui a donné son nom à l’album, parle de l’amour de la Terre et de l’environnement. Et de l’unité que l’on doit former, en tant qu’habitants de la Terre. »

Après l’amour à l’échelle de la planète, Kelly Bado a puisé ses inspirations dans la famille. « Il y a aussi une chanson appelée Dans tes yeux, où je parle de ma mère (Colette Bado) et de ce qu’elle m’a appris. Sa façon de voir les choses est toujours positive, sans jugement. Et elle soutient les gens dans le besoin.

« Une autre chanson encore parle de l’amour dans un couple. Mon mari Jeremy m’inspire beaucoup. À savoir comment les gens, ensemble, arrivent à surmonter les aléas de la vie.»

Par rapport à son EP Entre deux, Kelly Bado fait remarquer que les thèmes abordés dans Hey Terre sont similaires, mais plus développés. « Dans mon premier EP, j’introduisais surtout qui je suis et d’où je viens. Je parlais aussi de la mélancolie car, en tant que nouvelle immigrante, j’avais mes difficultés émotionnelles. Et une ou deux chansons parlaient d’amour. Le second album est plus poussé. »

En ce qui concerne son style de musique, l’Ivoirienne d’origine souligne le parti pris pop. « C’est du pop avec des sonorités africaines, parce qu’il y a beaucoup de percussions dans l’album comme le d’jembe (Afrique de l’Ouest) ou le udu (Nigeria). On a aussi fait appel à un musicien de kora (Mali), Mamoutou Dembélé, du Québec.

« J’aurais aimé introduire encore d’autres instruments traditionnels africains dans mes chansons, comme le balafon (Afrique de l’Ouest). Mais ce n’est pas possible de trouver des musiciens au Manitoba. Il faut aller les chercher au Québec, et on connecte moins avec la chanson lorsque les enregistrements du chant et de la musique sont faits séparément. On perd la dynamique de groupe. Mais je suis quand même contente du résultat avec le kora. » (voir encadré)

Son album, la chanteuse a commencé à le composer il y a déjà un moment. « II n’y a pas vraiment un jour où je me pose pour écrire des chansons. Les idées me viennent ici et là. Certaines datent d’il y a deux ans. L’année dernière, j’ai vraiment approfondi l’écriture de l’album. La dernière chanson, Nouveau départ, je l’ai composée cette année. »

Si l’inspiration doit suivre son chemin, la crise sanitaire présente des défis d’un autre ordre. « Il y a eu beaucoup de changements de dates de lancement de l’album à cause de la pandémie. On avait commencé à l’enregistrer l’an dernier, puis on a dû arrêter avec le confinement. Ce n’était pas vraiment mauvais en soi, ça m’a permis de retravailler les paroles et de demander du feedback. »

Une autre facette de l’amour qui habite Kelly Bado est celle qu’elle entretient avec la musique depuis toute jeune. « On ne peut pas se passer de musique, c’est essentiel! Moi j’ai toujours aimé chanter, depuis que je suis petite. Ça ne s’arrêtera pas. »

C’est d’ailleurs sa mélancolie de nouvelle immigrante, arrivée pour ses études en administration des affaires en décembre 2007, qui l’avait poussée à la composition.

« L’écriture de chansons s’est développée pour moi au Canada. Je voulais encourager les gens dans la même situation que moi, les emmener en voyage dans leur pays… »

Son envie de partage reste toutefois tributaire de la modernité. « Avant on avait une considération plus haute de la musique, parce qu’il n’y avait pas internet. C’était la radio ou la télévision. On ne pouvait pas avoir la musique comme on l’a maintenant. Dorénavant, les gens ne ressentent plus nécessairement le manque. En plus le marché est très compétitif. Les artistes doivent travailler très fort pour se faire connaître. »

Le concert du lancement devait avoir lieu le 30 octobre au centre culturel du West End. Les commanditaires étaient le Winnipeg Jazz Festival et le Conseil National des arts d’Ottawa.

« Au lieu, le concert a été diffusé en Facebook live stream sur les pages Facebook de ces sponsors et sur la page de l’artiste. Pour l’album, les autres appuis financiers viennent du Gouvernement du Canada à travers Musicaction et Musique et Film Manitoba.


(1) L’album Hey Terre est disponible sur toutes les plateformes de vente et le site web de l’artiste kellybado.com.