Le juge Theodor Bock a entendu ce 6 janvier à la Cour provinciale du Manitoba la demande de remise en liberté sous caution du magnat canadien de la mode, Peter Nygard.

 

Par Camille HARPER

 

  Le juge Theodor Brock.
Crédit : Tadens Mpwene

Après avoir entendu les avocats de l’accusé dont les faits allégués n’ont pas encore été prouvés en cour, Jay Prober et Richard Wolson, ainsi que le procureur de la Couronne Scott Farlinger, l’honorable Theodor Bock a pris la décision d’ajourner le procès de demande de remise en liberté sous caution.

Celui-ci aura lieu lors d’une audience spéciale avec témoins les 19 et 20 janvier prochains à la Cour provinciale du Manitoba à Winnipeg.

Arrêté le 14 décembre 2020 à Winnipeg selon la Loi sur l’extradition, Peter Nygard fait face à neuf chefs d’accusation aux États-Unis par le tribunal du District sud de New York. Il est notamment accusé de trafic sexuel de personnes mineures et conspiration de trafic sexuel, conspiration de racket, et transport à des fins de prostitution.

Incarcéré au centre correctionnel d’Headingley, il a déposé une demande de remise en liberté sous caution le 31 décembre 2020. Ses avocats Jay Prober et Richard Wolson ont fait valoir devant le juge Brock le caractère dangereux d’une incarcération prolongée pour la santé de leur client, âgé de 79 ans, alors que la COVID-19 est partout présente dans la province et dans l’institution carcérale.

Richard Wolson : « Il est clair que mon client est un candidat de choix pour attraper la COVID-19. Et s’il l’attrapait, à 79 ans, cela le tuerait probablement. » Jay Prober a renchéri : « Plus il reste en détention, plus grands sont les risques. »

Richard Wolson a également souligné l’impact négatif des mesures de distanciation sociale. « Il est extrêmement difficile de préparer la défense d’un client en détention préventive quand on ne peut pas aller le rencontrer en personne. »

Par ailleurs, Jay Prober a mentionné au juge que l’extradition de Peter Nygard ne serait a priori pas faisable avant le 12 février 2021, selon les délais établis par les statuts et règlements américains. « Si mon client doit attendre jusqu’à février pour être mis en liberté sous caution, c’est scandaleux, a-t-il déclaré. D’autant plus que son arrestation a généré beaucoup de tapage médiatique qui le mettent à haut risque. »

Pour sa part, le procureur de la Couronne Scott Farlinger, qui recevait encore des États-Unis des éléments d’information importants dans ce dossier,  a demandé au juge un ajournement de la décision de quelques jours afin de préparer une audience spéciale avec appel de témoins à la barre.

Il a par ailleurs rappelé au juge l’historique d’ « outrages au tribunal, interférence avec la justice ou encore non-comparution devant le tribunal » de Peter Nygard, ce qui « soulève des inquiétudes évidentes dans le cas d’une libération sous caution ».

Sensible aux dangers particuliers causés par la pandémie de COVID-19 sur la santé de l’accusé, ainsi que sa situation à haut risque du fait de l’intérêt médiatique considérable pour cette affaire, le juge Brock a estimé qu’une audience spéciale était nécessaire mais qu’elle devait avoir lieu le plus vite possible. 

La cour siègera de nouveau les 19 et 20 janvier pour juger la demande de remise en liberté sous caution de Peter Nygard.