Photo : Gracieuseté Amélie Tétrault

 

Amélie Tétrault, en 9e année au Collège Louis-Riel, a remporté début mars la première édition jeunesse du Combat national des livres. Quand la passion pour les arts et l’art de convaincre font la différence.

Par Laëtitia KERMARREC

Pour cette première édition du Combat des livres jeunesse organisée dans le cadre de l’émission radio-canadienne Plus on est de fous, plus on lit!, cinq jeunes lecteurs âgés de 14 à 16 ans ont défendu des livres qui ont marqué leur adolescence. (1)

Amélie Tétrault a choisi le roman Camille de Patrick Isabelle.

« Ce livre, je l’ai lu une première fois il y a deux ans et une deuxième fois l’an passé. Je l’ai relu juste avant le combat pour mieux le défendre. Les participants devaient d’abord résumer le livre choisi, et expliquer ce qui leur a le plus plu dans l’histoire.

« Puis on devait défendre notre livre face aux concurrents. Ma stratégie à moi n’a pas été de rabaisser les livres des autres, mais plutôt de montrer pourquoi celui que j’avais choisi était le meilleur, et pourquoi il m’avait tant marqué. »

Dans Camille, l’écrivain creuse le thème de la violence. Son personnage principal est victime d’intimidation.

« Camille est témoin des violences conjugales de ses parents. Ça a vraiment été difficile de faire face à ce thème, mais je pense que c’est important, parce que c’est un sujet tabou chez les adolescents. La relation entre une victime et un abuseur est difficile à concevoir de l’extérieur.

« Là, à travers les yeux de Camille, on comprend qu’il y a toujours un amour qui persiste entre la victime et l’abuseur, même si, bien sûr, la relation est malsaine.

« Mais Camille est très forte, très courageuse, malgré les hauts et les bas qu’elle peut vivre. Et puis un jour, elle disparaît, on ne sait pas pourquoi… Cette part de mystère peut facilement plaire aux lecteurs, et c’était mon cas. »

Ce qui lui a inspiré ce choix de livre, c’est la pandémie. « On voit apparaître une augmentation de la violence conjugale en ces temps de COVID-19, parce que les familles sont obligées de rester ensemble. La thématique est, je pense, cruciale et plus facilement abordable en ce moment pour cette raison.

« Ce qui m’a plu aussi est le style d’écriture, parce que l’auteur offre deux perspectives très bien tissées ensemble : une à la troisième personne du singulier, qui permet de connaître la famille de Camille, et surtout son cousin. Et puis il y a l’emploi de la première personne du singulier qui permet de se mettre vraiment dans les souliers de Camille. »

À l’annonce de sa victoire, Amélie Tétrault était très heureuse. « J’étais vraiment fière d’avoir réussi à défendre mon livre et faire découvrir ce joyau aux auditeurs. Je suis reconnaissante envers l’auteur, Patrick Isabelle, de m’avoir inspirée. Une autre fierté est celle d’avoir pu mettre ma province en valeur, et l’Ouest canadien en général. Car on a tendance à oublier la francophonie de cette partie du Canada, surtout dans la perspective québécoise. »

| Convictions féministes

Consciente que son expérience lui a apporté « une certaine notoriété », elle n’hésite pas à prendre date : « Si on essayait de me joindre pour un autre combat ou une autre émission, je participerais encore avec ferveur. »

C’est qu’Amélie Tétrault est faite comme ça : elle aime analyser les romans qu’elle lit. Ce qui tombe bien, puisqu’elle a gagné 250 $ à dépenser en librairie. « C’est très bien comme prix, parce que si on m’avait donné de l’argent comptant, je n’aurais peut-être pas acheté de livres. Là, ça va me permettre d’explorer encore plus la littérature.

« En dehors de mon goût pour l’analyse, je milite beau-coup pour le féminisme. J’écris à ce sujet sur les réseaux sociaux et dans mes chroniques dans La Liberté depuis mes 12 ans. Recevoir l’aide du rédacteur en chef associé Bernard Bocquel m’a permis d’améliorer mon écriture, d’être plus reconnue pour mes convictions féministes et d’améliorer mon sens analytique quand j’écris sur des films, de la musique ou des livres. »

Tout naturellement, Amélie Tétrault envisage d’aller à l’université et d’y étudier la littérature, peut-être en études féministes et de genre. Pour se détendre, elle aime aussi écrire et chanter des chansons, et pratiquer la natation.

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(1) Daphnée vient de Moncton et a choisi L’albatros et la mésange de Dominique Demers; Élie vient de Val d’Or et a choisi J’avais tout prévu sauf les bélugas d’Andrée Poulin; Anaïs vient de Rigaud et a choisi Coeur de slush de Sarah-Maude Beauchesne; Pierre vient de Calgary et a choisi Hush! Hush! de Michel Noël.

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La réaction de l’animatrice Marie-Louise Arsenault

Amélie Tétrault écoute assez souvent l’émission qui a organisé le Combat des livres jeunesse, Plus on est de fous, plus on lit! quand elle part en balade en auto avec sa famille, par exemple. « J’avais déjà vu dans d’autres émissions la deuxième juge, Catherine Trudeau, et lu deux livres du juge Simon Boulerice. »

L’animatrice de l’émission, Marie-Louise Arsenault, n’est pas restée indifférente face au plaidoyer d’Amélie Tétrault. « La fougue, la passion et le sens de l’argumentaire d’Amélie ont fait d’elle une combattante remarquable. Nos juges ont été impressionnés par son éloquence et par son grand talent de communicatrice. »