Solita Desrosiers et Dan Hall ont saisi l’occasion, au travers d’une course, de sensibiliser au sujet des pensionnats autochtones. Photo : Rémi Chevalier

Cent soixante kilomètres en 30 heures et 45 minutes : voici la performance de Dan Hall. Ce passionné de courses ultra s’est lancé le défi de courir en hommage aux enfants morts dans les pensionnats autochtones.

 

Par Ophélie DOIREAU

 

C’est avec le soutien de sa femme, Solita Desrosiers, que Dan Hall a pu réaliser cet exploit.

« Je cours depuis l‘âge de 14 ans. Mais c’est vraiment en 2016 que j’ai commencé les courses ultra. Ce sont des courses qui sont plus longues que des marathons.

« Durant la fin de semaine du 10 au 11 juillet, je devais courir en Alberta pour la Sinister 7 Ultra. Avec la pandémie, j’ai juste préféré rester au Manitoba. Mais je voulais tout de même me lancer un défi. Après tout, je m’étais entraîné dans cette optique de courir 100 milles. »

Solita Desrosiers ajoute : « Dan court souvent pour des causes qui lui tiennent à coeur. Cette année, il a décidé de courir en mémoire des enfants morts dans les pensionnats autochtones. »

Dan Hall est enseignant à la Division scolaire Seven Oaks. Par déformation professionnelle, il souhaitait que cette course soit plus qu’une simple course.

« Au-delà de courir pour ces enfants, je voulais aussi que les personnes prennent le temps d’avoir un moment de réflexion sur les nouvelles qu’on a pu lire dernièrement au sujet des pensionnats autochtones.

« Je sais que certaines personnes ont pris le temps de s’informer, de comprendre les enjeux derrière la réconciliation. Mais il y a encore une partie de la population qui doit prendre conscience de ce qui s’est passé.

« Pendant la course, j’ai partagé à l’aide de vidéos les sept enseignements sacrés : l’humilité, l’honnêteté, le respect, le courage, la sagesse, la vérité et l’amour. »

« Pour moi, ces sept enseignements méritent toute notre attention. Ce sont des valeurs que tous devraient connaître et appliquer pour sauver notre planète.

|Chemin St-Paul

« Nous, comme descendants d’Européens, on doit être des alliés, on doit réfléchir à nos privilèges et jouer notre rôle dans la réconciliation. »

Si le fait de courir 160 kilo-mètres en moins de 31 heures peut paraître impressionnant, ce n’est rien comparé à l’objectif initial de Dan Hall. « Je voulais courir 100 milles en 24 heures. Mais j’ai dû revoir mes plans parce que la fin de semaine du 10 au 11 juillet était vraiment très chaude. J’ai dû ralentir mon rythme pour ne pas être malade.

« Je suis parti à 7 h du matin samedi, et je suis arrivé dimanche à La Fourche vers 12 h. Pour mon parcours, j’ai suivi le Crow Wing Trail (Chemin St-Paul). J’ai commencé à Ridgeville, en passant par Senkiw, Saint-Malo, Saint-Pierre-Jolys, Otterburne, Niverville, Saint-Adolphe, l’Université du Manitoba et La Fourche.

« Durant ma course, il y avait des personnes qui me rejoignaient à certains points pour m’encourager, faire quelques kilomètres avec moi. C’étaient vraiment de bons moments. »

Sa femme et lui forment depuis sept ans une vraie équipe, comme le souligne Solita Desrosiers. « Au bout de sept ans, on connaît bien son partenaire, alors je sais quand il a besoin de manger, quand il a besoin de boire. Je ne pourrais pas expliquer comment, mais je le sais.

« On avait établi des points de rencontre pour que je puisse préparer les repas en avance, pour qu’il n’ait pas à s’arrêter trop longtemps. Sa plus grande pause a été de 20 minutes à Saint-Pierre-Jolys. »

Le mental de Dan Hall a été déterminant dans cette course. « Avec la chaleur, mon corps chauffait rapidement, alors il fallait que je pense à m’arrêter pour le refroidir.

« J’aurais très bien pu repousser la course à une autre date. Mais je n’en avais pas envie. Pour moi, c’étaient ces dates-là et pas d’autres.

« Comme Solita l’a si bien dit, je cours pour des causes qui me tiennent à coeur. J’espère vraiment avoir donné une occasion aux gens de s’engager dans des discussions sur la réconciliation. »