Bien que timide de parler d’elle-même, Zoong Nguyen Sie-Mah mène une vie trépidante. Après avoir immigré au Canada à l’âge de 15 ans, elle a vécu dans les provinces canadiennes du Québec, de l’Ontario et de l’Alberta ainsi qu’aux États-Unis, en Arabie Saoudite et elle en passe! C’est tout de même à Calgary, où son mari et elle ont posé leurs valises en 2005, qu’elle a entamé sa deuxième carrière, creusant un peu plus loin dans le domaine artistique. 

 

Par Mélodie CHAREST – Le Franco (Alberta)

 

« J’ai soif de tout! Je vois la beauté partout! » s’enthousiasme Zoong, dont les œuvres peuvent être consultées sur son site Web. Cette beauté, elle la nourrit aujourd’hui avec voracité en peignant des natures mortes, des portraits ou des scènes de vie quotidienne. 

D’origine vietnamienne, l’artiste raconte ses souvenirs d’enfance et la manière dont son besoin de créer s’est épanoui : « Durant mon enfance, durant la guerre, tout était supprimé. Il y avait des morts et des tanks. L’art était là, mais personne n’avait le temps ou le budget. On ne consommait pas beaucoup l’art. » 

« Maintenant, j’ai tout pour me remplir. Je suis comme un vase! » ajoute Zoong.

Son parcours artistique n’a pas pour autant été de tout repos : « Les arts ne sont pas quelque chose de trop encouragé pour les immigrants. Les artistes sont toujours ceux qui ont le plus faim et mes parents m’ont découragée de faire ça. » 

Maintenant que la carrière de son conjoint est plus établie et que ses enfants sont plus grands, elle a décidé de lancer sa carrière d’artiste-peintre avec Levon, son chien qu’elle a nommé assistant. 

Une «deuxième carrière» d’artiste

Le mari de Zoong est programmeur, un métier qui a amené le couple et leurs deux filles à déménager fréquemment, et ce, aux quatre coins du globe. Zoong indique qu’au fil des déplacements, elle a transporté avec elle un intérêt et un amour pour les arts qu’elle qualifie d’« innés ». 

C’est lors de leur passage à Huntsville, dans l’État américain de l’Alabama, que Zoong a décidé de suivre un cours de graphisme. Elle évalue que cela a marqué la première étape de sa carrière artistique professionnelle. 

Puis à Calgary, en 2005, la graphiste a décidé de troquer la souris et l’écran d’ordinateur pour le chevalet et les pinceaux. Ainsi a commencé sa « deuxième carrière d’artiste ».  

Elle juge cette deuxième carrière plus sociale que la précédente et s’en réjouit. Depuis qu’elle a commencé à peindre, Zoong a rejoint quelques groupes d’artistes en Alberta, comme le chapitre local de la Fédération des artistes canadiens (FCA), l’Alberta Society of Artists (ASA) ou encore le Leighton Art Centre.

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Communiquer par les pinceaux, mais aussi par la langue de Molière

Zoong parle avec amour des moments passés à peindre côte à côte avec d’autres artistes qu’elle a rencontrés au fil des ans, notamment des artistes francophones : « Je connais beaucoup d’artistes francophones. Ça fait du bien! » indique celle qui a grandi au Québec. 

Son amour pour le français et la francophonie ne font aucun doute. Elle se rappelle ses années passées à Brossard, en banlieue de Montréal, ainsi que ses études collégiales au Cégep de Saint-Laurent et ses études en bizness à l’Université Concordia. 

« J’ai grandi dans un milieu francophone au Québec, on n’oublie pas ses sources», affirme l’artiste. Zoong précise également qu’elle parle toujours sa langue maternelle, le vietnamien, mais qu’elle considère le français comme étant «presque ma langue maternelle ». 

La vitalité de la communauté franco-albertaine l’a d’ailleurs particulièrement touchée lorsqu’elle est arrivée à Calgary : « Pendant mes déménagements, je ne connaissais pas du tout les francophones. Où j’étais, il n’y avait pas de francophones qui formaient une communauté. Rendue en Alberta, oh là là! C’était une joie de voir une communauté si organisée, une communauté si forte », se remémore-t-elle.

Une jeune carrière haute en couleur 

Le curriculum vitae de Zoong est assez étoffé. Dès 2007, elle a exposé ses œuvres, avec d’autres artistes, au Centre d’arts visuels de l’Alberta (CAVA), dans la capitale albertaine. 

Après s’être taillé une place dans la communauté artistique en participant à d’innombrables projets et expositions dans la province, elle a remporté une bourse d’expérimentation de l’organisme Calgary Arts Development en aout 2017 et une bourse du Regroupement artistique francophone de l’Alberta (RAFA) en décembre 2020 pour améliorer la publicisation de ses œuvres.

L’importance des arts et de la force tranquille de communication dans les œuvres sont incontestables pour Zoong : « Des fois, les gens sont occupés dans le traintrain de leur vie, puis ils voient une œuvre d’art et ça les touche, parce que ça dit exactement ce qu’ils pensent, sans qu’ils en soient conscients. L’artiste a su toucher leurs états d’âme à ce moment-là ». 

Zoong Nguyen Sie-Mah participe actuellement au projet « International Avenue BRZ » de la ville de Calgary. Toujours en cours de construction, il regroupe onze artistes pour l’élaboration de cinq installations tout au long de la 17e avenue sud-est à Calgary.