Pratiquement six mois après avoir soulevé la 108e Coupe Grey, les Blue Bombers de Winnipeg remettent leur titre en jeu alors qu’une nouvelle saison est sur le point de commencer. Shayne Gauthier, l’un des joueurs francophones de l’équipe, partage son parcours au club et explique comment il s’est préparé pour sa sixième année dans l’équipe.

Par Jonathan Semah

 

« Tous les gars sont prêts à aller au travail! » D’emblée, Shayne Gauthier, au club depuis 2016, se veut rassurant auprès de tous les partisans et suiveurs des Blue Bombers.

Après un premier match de présaison et avant le début officiel le 10 juin face à Ottawa, l’équipe a surtout travaillé sur l’aspect physique pour être prête pour ce rendez-vous. « On a fait majoritairement de la course sur le terrain, de l’entraînement en salle et des jeux de football. On n’est pas encore en phase de performance, mais le volume puis l’intensité vont augmenter au fur et à mesure des jours. »

Si les joueurs ne sont pas encore tout à fait dans une partie soutenue de leur préparation, le reste de l’année, surtout en temps de compétition, ces sportifs de haut niveau s’imposent une certaine rigueur. « C’est propre à chaque individu. Chacun est responsable de son entraînement ou sa nutrition. Évidemment, nous avons accès à des nutritionnistes si l’on en a besoin. Tout ce qui peut aider à performer est le bienvenu », explique Shayne Gauthier.

Et pour améliorer ses performances, il n’y a rien de mieux que de jouer et affronter des adversaires. Après une première défaire contre les Elks d’Edmonton le 27 mai (30-20), les Blue Bombers vont se mesurer aux Roughriders de la Saskatchewan ce 31 mai dans cette phase de présaison. « Il y a déjà une certaine forme de compétition, mais ces jeux servent surtout d’opportunité pour les nouveaux joueurs de montrer ce qu’ils peuvent faire. Pour les entraîneurs, ces oppositions hors-concours sont importantes pour voir la progression de ces joueurs. »

Un champion attendu

Les Blue Bombers ont en effet un certain statut à défendre. Double champion en titre de la Coupe Grey, l’équipe se bonifie chaque année et doit être au niveau des attentes. Shayne Gauthier a pu observer ces changements au fil des années.

« Il y a un grand leadership qui s’est amélioré depuis que je suis arrivé. On est rendu à un point où beaucoup de gens aiment ce qu’on fait ici. Ça nous donne envie de rester dans l’équipe. On a créé quelque chose de fort et l’on a du succès. L’objectif est maintenant de maintenir ce haut niveau de performance.

« C’est vraiment le fun de jouer à Winnipeg. Le stade est tout le temps rempli et les partisans nous encouragent fort. Ça met beaucoup de pression à nos adversaires qui ont besoin de faire beaucoup d’ajustements sans se parler, car le son est trop fort. Personnellement, c’est la plus grosse ambiance que j’ai vécue dans n’importe quel stade. C’est pour ce genre d’ambiance qu’on joue et ça nous donne beaucoup d’énergie. »

Mais avant de venir à Winnipeg et découvrir cette chaude ambiance, Shayne Gauthier, 30 ans, ne connaissait pas grand-chose du Manitoba. « Je savais seulement que Winnipeg était la capitale du Manitoba! Mais évidemment avec le temps j’ai appris et maintenant j’ai vraiment adopté cette province. Mais mes premières années étaient stressantes. Les -45 ̊C par exemple, ce n’est pas le fun (rires). Puis, je n’étais pas parfaitement bilingue, loin de là. Ça m’a bien pris deux, trois ans pour être à l’aise en anglais. »

La question de la langue est par ailleurs fondamentale pour Shayne Gauthier. Le linebacker (secondeur) des Bue Bombers vient de Dolbeau-Mistassini au Québec, une ville d’environ 14 000 résidents.

« Je ne perdrai jamais mon français, je l’ai très profond en moi. Dans ma petite ville d’origine, on ne parle pas anglais. Je suis fier d’être francophone et dans l’idéal, il faudrait que tout le monde soit bilingue.

« D’ailleurs, à travers d’autres joueurs francophones qui étaient là quand je suis arrivé en 2016, j’ai découvert l’existence de la communauté francophone de la ville. J’ai visité Saint- Boniface, je suis allé Centre culturel franco-manitobain et j’étais cette année au Festival du Voyageur. J’essaie de rester connecté avec ces racines-là. »