La Fondation Sobey pour les arts et le Musée des Beaux-Arts du Canada ont dévoilé la liste des 25 nominé.es pour Le Prix Sobey pour les arts. Anna Binta Diallo, artiste visuelle franco-manitobaine, fait partie de ces 25 noms. Cette distinction arrive à un moment important de sa carrière.

Par Matthieu Cazalets – Collaboration spéciale

La nomination pour le Prix Sobey a une saveur toute particulière pour Anna Binta Diallo : « C’est drôle parce que je me rappelle quand j’étais jeune artiste il y a 10 ans de ça, j’habitais à Montréal, je suis allée voir une des expositions du Prix Sobey au Musée d’art contemporain. Et je me souviens que j’avais vu les cinq finalistes et leurs expositions. J’étais comme : Wouah, c’est tellement impressionnant. Puis je me suis dit : j’aimerais un jour pouvoir avoir assez d’œuvres pour postuler pour un prix comme ça. »

L’artiste se dit « surprise, fière, heureuse et comblée ». Dans une compétition très relevée, qui reçoit des candidatures de tout le pays, elle a su tirer son épingle du jeu, et se dit très touchée d’être entourée d’artistes qu’elle admire : « J’admire beaucoup les artistes à l’est. Ça fait du bien d’être entourée d’autres artistes aussi, de mes pairs. »

Prévenue quelques jours à l’avance par l’organisation, elle a dû contenir sa joie, pour une courte durée seule- ment : « J’ai dû garder ça pour moi-même pour une semaine. » Un autre suspens commence maintenant, celui de savoir qui seront les cinq finalistes. Le résultat sera dévoilé au cours du printemps/ été, puis on apprendra l’identité de la gagnante ou du gagnant, lors d’une soirée de gala en automne prochain.

Pour poser sa candidature, Anna Binta Diallo a dû passer par plusieurs étapes : « On nous a demandé de travailler avec quelqu’un du milieu des arts. Ça peut être comme un commissaire, quelqu’un qui travaille dans une galerie, qui peut t’écrire une lettre de soutien. Et puis, tu envoies aussi ton dossier d’exposition, ton portfolio récent. »

| Un long parcours

Le Prix Sobey intervient à un tournant dans la carrière de l’artiste, qui s’autorise à jeter un petit coup de rétroviseur dans sa carrière et réfléchit à son futur : « Je suis en train de terminer comme un cycle qui était très occupé avec beaucoup d’expositions, beaucoup de projets qui s’enchaînent. Peut- être que ça va ralentir un peu. Depuis que j’ai fini mon bac, il y a plus de 15 ans déjà, j’ai toujours continué de travailler sur ma carrière artistique. C’est quelque chose que je vais travailler au courant de ma vie, sans savoir vraiment c’est quoi le trajet. »

Car si ce prix vise aussi à révéler des artistes émergents aux yeux des amateurs d’art canadiens, le CV d’Anna Binta Diallo est lui déjà bien rempli. Elle a déjà exposé à travers le Canada et le monde. C’est pourquoi elle voit plusieurs significations au mot émergent : « Il y a des gens qui ne connaissaient pas ta pratique, ta carrière, donc tu émerges un peu, parce que c’est un prix national. Tu peux découvrir de nouveaux artistes. Émergent c’est peut- être un mot qui peut dire plusieurs choses à plusieurs personnes. »

| Après deux ans de pandémie

Chaque artiste sélectionné parmi les 25 finalistes recevra 10 000 $ de la part de la fondation. Une information que l’artiste ne connaissait pas au moment de se présenter : « J’étais surprise, parce que j’avais pas vraiment remarqué quand j’ai fait la demande, que même la longue liste recevait quelque chose. » L’argent est loin d’être le moteur de l’art d’Anna Binta Diallo. Elle voit surtout cela comme un coup de pouce pour les artistes : « C’est certain que c’est pour supporter, soutenir ta poursuite de ta carrière, de faire d’autres projets. C’est une belle reconnaissance. »

Surtout que le Prix Sobey 2022 intervient avec deux années de pandémie difficiles pour les artistes : « Après deux années de pandémie, je pense que c’était difficile pour plusieurs artistes d’être inspirés, d’être motivés à faire des choses quand tout était fermé. Moi j’ai beaucoup exposé quand tout était fermé et beaucoup de mes expositions étaient fermées, et je me disais : j’ai fait tout ce travail-là, est ce que les gens vont même le voir? » Il y avait un peu ça. Donc ça fait du bien de savoir que les gens ont quand même remarqué ces efforts-là.

Anna Binta Diallo se sent déjà privilégiée d’être nominée, et veut adresser plusieurs remerciements : « La seule chose, c’était juste remercier le Musée des Beaux-Arts du Canada pour offrir ce prix parce que je pense que c’est quand même quelque chose d’excitant pour les artistes visuels, partout au pays. Je pense que c’est un bon moment pour faire reconnaître un peu le talent qu’il y a partout. Au-delà de ça, c’est une belle reconnaissance pour notre travail. »

« C’est quand même excitant de voir les différentes pratiques qu’ils ont. Et ce n’est pas juste de la peinture, juste de la sculpture, c’est comme un peu de tout. »