Plusieurs chercheurs et politiciens qui s’intéressent à l’éducation sonnent l’alarme depuis quelques semaines en ce qui concerne les retards académiques et sociaux vécus par nos enfants depuis le début de la COVID-19.
Par Simon LAPLANTE
On propose d’accélérer les apprentissages, redéfinir les curricula, revoir les priorités, bref imposer un sentiment d’urgence face aux déficits que nos enfants auraient, semble-t-il, accumulés depuis les deux dernières années.
Cette notion que l’éducation des enfants cesse parce qu’ils ne sont pas à l’école et que leur santé mentale est sévèrement affectée me semble alarmiste. Il ne faut pas oublier que la famille est la première école et que la majorité de nos parents ont continué à éduquer leurs enfants à la maison. Ce n’est peut-être pas le curriculum scolaire, mais apprendre à cuisiner, à faire le ménage, le lavage, à suivre une routine, à lire pour le plaisir de lire voilà autant d’apprentissages valides et nécessaires.
Ce n’est pas la première fois dans l’histoire de l’humanité que l’éducation des enfants est perturbée par des évènements naturels ou sociaux. Il est évident que ces évènements créent beaucoup de stress et traumatismes. Nombreux sont les parents qui ont perdu un emploi, un salaire, bref une sécurité.
L’isolement nécessaire n’a pas permis aux enfants de développer certaines pratiques sociales, a nui à leur santé mentale et à leurs apprentissages. Mais la résilience de nos familles et enfants ne doit pas être minimisée.
Je propose que de plutôt s’énerver et chambarder le système scolaire, il serait sage de ralentir le tempo et de retourner à une certaine routine qui préconise le calme et la confiance.
Nos éducateurs sont très conscients des retards académiques et sociaux que leurs étudiants démontrent depuis le retour en classe. Ils savent que les niveaux de littératie et de numéracie ont été affectés. Ils savent aussi comment adapter le curriculum et travailler étroitement avec le personnel de support et les parents pour combler ces lacunes.
Nos éducateurs doivent aussi s’assurer que les bases académiques, que les normes sociales soient réintroduites et pratiquées chaque jour pour justement contrecarrer les effets néfastes de l’isolement social causé par la COVID-19.
Ce qui est encore plus important est que la vie scolaire avec les sports, les assemblées, les camps, les arts, bref tout ce qui fait d’une école une école doit être une priorité pour tous les acteurs scolaires.
Notre gouvernement doit absolument donner à nos éducateurs les ressources financières nécessaires à des interventions ciblées. Nous avons déjà de nombreuses données sur nos étudiants et communautés scolaires : niveaux de lecture, de numéracie, taux d’absentéisme, taux d’obtention de diplôme, taux de chômage et de pauvreté, etc. Nos instances scolaires ont aussi noté les conséquences de la COVID-19 sur les apprentissages et la santé mentale de nos enfants. On ne doit pas ignorer ces données, car elles permettront d’ajuster les interventions et de mettre en place des supports appropriés aux attentes et besoins de chaque communauté scolaire.
Loin de moi l’idée minimiser les effets de la pandémie sur nos enfants, les parents et nos familles. Mais le retour à l’école doit promouvoir une normalisation des attentes et des routines. Le gouvernement du Manitoba doit travailler étroitement avec l’ensemble des acteurs scolaires pour établir les priorités et donner les ressources nécessaires à nos communautés scolaires dans le contexte post-COVID.
Pointer du doigt les plans de redressement, proposer un chambardement des curricula et vouloir rattraper le temps perdu en une année, voilà une perte de temps réel. Nombreux sont nos enfants qui vivent des difficultés académiques, mentales et sociales depuis leur retour à l’école. Il faudra bien plus qu’une année scolaire pour soigner ces déficits. En attendant, faisons confiance à nos éducateurs, normalisons les journées scolaires et surtout assurons-nous de créer une école où la joie de vivre et d’apprendre retrouve sa place quotidienne.