Une anthologie pour la paix est disponible depuis le 11 mai 2022, en version électronique. Il y a des bombes qui tombent sur Kyiv, le titre de ce livre, est constitué de différentes productions de près de 35 artistes, auteurs, photographes ou encore vidéastes à travers le monde. Le but : récolter des fonds pour l’Ukraine, pays en guerre depuis le mois de février 2022.

Par Jonathan SEMAH

Lors de la cérémonie d’ouverture du Festival de Cannes, le 17 mai 2022, Volodymyr Zelensky, le président de l’Ukraine, était apparu sur l’écran du Palais des Festivals pour appeler le monde du cinéma à garder la guerre dans tous les esprits. Face à la guerre, « il nous faut un nouveau Chaplin qui prouvera que le cinéma n’est pas muet », avait-il lancé.

Avec cette sortie, Volodymyr Zelensky voulait aussi dire que le cinéma, et plus généralement la culture, avait une voix à porter dans ce conflit.

Sans aucun lien direct avec ce message du président ukrainien, mais malgré tout d’accord avec cette idée, le natif de la Nouvelle-Écosse, Thibault Jacquot-Paratte, pour la partie littérature, et la photographe française Charlotte Lakits pour les arts visuels, ont dirigé cette anthologie.

« Au lendemain de l’invasion, ce fut un choc. Je ne pensais pas que les choses auraient escaladé aussi vite. On devait faire quelque chose. Comme on voulait être très efficace, aucune maison d’édition ne pouvait nous suivre dans les délais souhaités. On s’est dit qu’il fallait alors faire quelque chose nous-mêmes. J’en ai parlé à Charlotte avec qui on avait des projets communs et puis elle était déjà allée en Ukraine plusieurs fois, notamment pour y tourner un film. L’idée n’était pas encore claire à ce moment- là, mais elle m’a directement répondu : Mon Dieu, c’est parfait! Je voulais faire quelque chose, mais je ne savais pas quoi! », détaille Thibault Jacquot-Paratte.

Après quelques jours de réflexion, le projet s’est précisé : un livre pour générer des fonds pour la cause ukrainienne. Il fallait ensuite se lancer dans la production. « On ne voulait pas juste un bunch de réflexions pseudo philosophiques sur l’Ukraine alors qu’on n’est pas tous des experts géopolitiques de la question. Donc on voulait des textes et des photos qui, d’une façon ou d’une autre, se rapportent à la justice, célèbrent la vie ou l’idéal de la paix », explique Thibault Jacquot- Paratte.

| Les artistes manitobains ont répondu présents

Au final, cette anthologie est longue de presque 140 pages et disponible gratuitement en ligne (1). Parmi la longue liste d’artistes présents, qui ont travaillé bénévolement pour le livre, cinq auteurs franco- manitobains ont pu proposer des textes. Simone Chaput et Éric Plamondon en font partie (2).

Par faute de temps, l’auteure n’a pas pu composer un texte original, mais a proposé une nouvelle extraite de De la truite dans l’eau glacée de Gabrielle Roy, publiée originellement dans Sillons – Hommage à Gabrielle Roy aux Éditions du blé en 2009.

« Je suis très fière d’avoir eu la chance de participer à ce projet-là. C’est une initiative exceptionnelle. On envisage toutes sortes de choses quand on a l’Ukraine en tête, mais personnellement je voulais avoir une pensée pour les réfugiés qui doivent prendre leurs affaires et partir. Gabrielle Roy parle beaucoup dans ses œuvres de ses étudiants. Et dans ce texte que j’ai choisi, elle parle de l’une de ses élèves qui a le mal du pays à cause de nombreux déménagements qu’elle a dû faire. J’y ai alors vu un lien indirect avec ce qu’il se passe en Ukraine », précise Simone Chaput.

Éric Plamondon. (photo : Archives La Liberté)

De son côté, Éric Plamondon, artiste multidisciplinaire, a lui aussi pu apporter sa pierre à l’édifice. Il a écrit un texte intitulé Orlando. L’artiste franco-manitobain ne connaissait pas les deux personnes à l’origine de ce projet, mais a répondu sans hésitation à cette invitation faite aux auteurs francophones du Manitoba.

« Mon texte est plus sur les injustices. Je parle de la fusillade qu’il y a eu dans un bar queer à Orlando. Je trouve l’anthologie très belle, les photos et les mots ont vraiment un impact. L’art qui m’intéresse est celui qui est au service de la société et des communautés. Il est important d’être un reflet de ce qui se pense et de ce qui doit être dit. Les artistes doivent mettre encore plus de lumière sur ce genre d’évènement. »

En plus de ce texte disponible en téléchargement, il est donc possible de faire des dons. L’Unicef, la Croix- Rouge, Blue & Yellow, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés ou encore l’Ambassade d’Ukraine en France sont autant d’organismes mis en avant par les créateurs de l’anthologie. Les fonds aideront entre autres à envoyer des kits de survie, à soutenir les actions des volontaires et à fournir de l’aide humanitaire.

(1) Pour découvrir l’anthologie et faire un don. 

(2) Les autres auteurs franco-manitobains sont Amber O’Reilly, Marc Beaudry et Laurent Poliquin.