En mai 2022, l’inflation canadienne a atteint des niveaux inconnus depuis janvier 1983. À cette époque-là, le taux d’inflation se chiffrait à 8,2 %, comparativement à 7,7 % en mai 2022.

Par Raymond CLÉMENT

Le taux d’inflation annuel manitobain pour mai 2022 se situait à 8,7 %, au 4e rang canadien après l’Île-du-Prince-Édouard (11,1 %), la Nouvelle-Écosse et le Nouveau- Brunswick (8,8 %).

Comme voilà presque 30 ans, ce sont surtout les énergies fossiles qui alimentent les hausses. En 1981, le prix du mazout avait augmenté de 35,9 % par rapport à l’année précédente. En mai 2022, le mazout a enregistré une hausse de 95,1 % par rapport à 2021. Économiquement parlant, c’est énorme car les énergies fossiles impactent fortement un ensemble de secteurs, qui vont du logement, en passant par le transport et l’alimentation.

Atténuer l’impact de l’inflation : le rôle restreint des gouvernements

Des voix proposent un allègement des taxes sur l’essence. Certes, les taxes canadiennes (fédérale et provinciale) sur l’essence avoisinent 30 cents/ litre. Mais la hausse des prix de l’essence est principalement due à une hausse mondiale du prix du baril. Celui-ci se situait à 109,34 $US/ baril en mai – une hausse de 67 % par rapport à mai 2021.

D’ailleurs alléger les taxes n’est pas la meilleure idée puisque cette solution stimulerait la demande, ce qui mécaniquement ferait grimper davantage les prix. En revanche, il vaut la peine de souligner le comportement des consommateurs canadiens.

Atténuer l’impact de l’inflation : la part des consommateurs

Depuis la crise financière de 2008, la demande pour des voitures a diminué en faveur d’une demande accrue pour des camionnettes qui consomment 10,5 litres/100 km, comparativement aux 7,9 litres/100 km en moyenne pour une voiture. Entre 2009 et 2019, le stock de camions a augmenté de 135 %, celui des voitures de seulement 15 %.

Ceci précisé, quel que soit le type de véhicule, il est toujours bon de réduire notre vitesse et vérifier que les pneus soient bien gonflés. Faire du covoiturage et limiter les déplacements non- essentiels relèvent aussi du gros bon sens. Voilà autant de gestes pour réduire la consommation d’essence.

Atténuer l’impact de l’inflation : le rôle limité de la Banque du Canada

La Banque centrale canadienne a quelques outils pour influencer l’économie. Mais ceux- ci s’appliquent surtout du côté de la demande, comme on l’a vu pendant la pandémie. Or le problème inflationniste provient du côté de l’offre. Une situation qui exige une approche de nature fiscale. Exemple : au lieu de réduire les taxes, les autorités compétentes pourraient diminuer les tarifs sur les transports en commun.

La Banque du Canada n’a pas le bon outil pour freiner rapidement l’inflation parce que le phénomène est alimenté par la hausse du prix de pétrole, qui est basé sur le marché mondial. De fait, tous les prix des matières premières et des denrées sont établis sur les marchés mondiaux. Il faut donc attendre patiemment que les marchés se rééquilibrent. Arrêter la guerre contre l’Ukraine serait un grand pas dans ce sens.

Si la Banque centrale va de l’avant avec des hausses des taux d’intérêt au cours des prochains mois, l’inflation ne devrait guère diminuer pour autant. Cette politique risquerait plutôt d’augmenter le potentiel d’une récession, synonyme de taux de chômage à la hausse.

Pour ceux qui en auraient encore la mémoire, la politique monétaire restrictive des années 1980 du grand argentier américain Paul Volcker, qui avait entraîné des taux d’intérêt approchant 20 %, n’est en tout cas franchement pas souhaitable.