La compagnie Voyageurs Houseboats propose des séjours en bateaux sur les eaux de la rivière Winnipeg. Il s’agit d’une entreprise familiale, mise à l’épreuve par la pandémie.

Par Vincent ERARIO – collaboration spéciale

« Une chambre d’hôtel sur la rivière Winnipeg ». C’est avec ces mots que Jérémy Faure, initiateur et co-propriétaire de Voyageurs Houseboats, décrit les bateaux de sa compagnie. Jusqu’au 30 septembre, Voyageurs Houseboats mettra en effet à la location des bateaux-maisons, avec lesquels il sera possible de remonter la Rivière de Winnipeg en partant de Pinawa : « Les séjours ont une durée minimum de deux nuits et une durée maximum de sept nuits. Quatre personnes maximums pourront embarquer. »

Une fois à bord, les passagers auront carte blanche assure Jérémy : « Il y aura quatre canoës-kayaks. Les gens qui veulent explorer et remonter les berges pourront le faire. Les gens qui préféreront être isolés pourront l’être également. » Quatre points d’ancrage sur la rivière seront proposés, sur une distance totale de neuf kilomètres.

Arrivé à Pinawa il y a huit ans, Jérémy Faure avait l’idée d’un projet touristique depuis un certain moment : « Je travaille dans le tourisme depuis dix ans. Cela fait trois ou quatre ans que j’avais développé plusieurs idées de business. Je voulais être indépendant et travailler à mon compte. »

Indépendant, Jérémy Faure ne l’est pas tout à fait, puisque son père, Pierre Faure, est le copropriétaire de Voyageurs Houseboats. Leur complémentarité s’est vérifiée. « Jérémy s’est beaucoup occupé des études de marché, moi j’étais moins à l’aise en anglais que lui, je me suis donc occupé de la partie pratique de la construction, comme celle du dock de la marina », commente Pierre Faure.

Le projet a dû surmonter un certain nombre de contraintes. Il lui fallait tout d’abord avoir l’assentiment du Parc provincial du Whiteshell. « La condition était que le parc soit favorable, raconte Pierre Faure, avant d’évoquer la rigueur du cahier des charges qu’ils ont dû respecter.

« Venant de France, on connaît la complexité des réglementations françaises. Là, on a appris à connaître celle du Manitoba. Il y a tellement de problèmes au Manitoba, les algues, les moules zébrés, les espèces invasives que l’on comprend les précautions du parc. »

Le parc de Whiteshell, a non seulement répondu positivement au projet de Jérémy et Pierre Faure, mais il les a aussi soutenus. « On a un support constant », témoigne Jérémy Faure. Pierre Faure signale un autre soutien important : « Le Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba (CDEM) nous a aidés dès le départ. On a eu un support exceptionnel et il a été un excellent intermédiaire pour convaincre de la viabilité du projet. »

La pandémie, une barrière supplémentaire

Des soutiens d’autant plus bienvenus, que la réalisation du projet s’est heurtée aux conséquences de la pandémie. « La pandémie a posé beaucoup de difficultés sur différentes facettes. Elle a ralenti le développement du projet. Au niveau des démarches administratives, nous devions laisser quatre à cinq messages pour avoir des réponses », explique Jérémy Faure. La construction des bateaux a également été toute une épreuve, d’une part en raison de la pénurie d’aluminium et de l’augmentation du prix du bois. D’autre part, parce que Jérémy et Pierre Faure n’ont pas trouvé de constructeur au Manitoba et sont allés au Québec.

D’autres problèmes ont suivi. « La manufacture avec qui l’on s’est mis en partenariat a rencontré un problème de personnel. Il y a une grosse pénurie de main-d’œuvre au Québec. Mon père et moi avons dû aller pendant trois semaines au Québec pour finir le bateau », confie Jérémy Faure. Une mésaventure qui fait aujourd’hui la force de Jérémy et Pierre Faure. « On a appris pleins de choses et l’on connaît les bateaux de fond en comble », se félicite Pierre Faure.

Histoire et nature

Le nom Voyageurs Houseboats et le logo de la compagnie ne doivent rien au hasard. « C’est la rivière des voyageurs, c’est la rivière Winnipeg qui faisait partie des grandes voies de la traite de fourrure, de Thunder Bay à Fort Gibraltar, d’où le nom de notre compagnie, précise Pierre Faure. 

« La personne qui a dessiné notre logo est la même que pour le Festival du Voyageur. On voulait que certains motifs soient représentés comme la ceinture fléchée ou les pagaies. »   

Les voyageurs et la nature seront d’ailleurs les fils rouges des séjours en bateau. Jérémy Faure, qui a été coordinateur interprète pour Via Rail Canada et pour le Marais Oak Hammock, assure que des tours d’une demi-journée seront proposés : « Ça me tient à cœur de montrer la richesse du point de vue de la faune et du point de l’histoire, en abordant la vie des voyageurs et les campements des autochtones. »

Les différents forfaits et les réservations sont accessibles sur le site internet de la compagnie.