Le festival Thin Air est de retour en format hybride du 20 septembre au 18 octobre 2022. Sous l’impulsion de Sébastien Gaillard, le festival développe son volet francophone, Livres en fête, avec onze artistes venus d’un peu partout.
Par Ophélie DOIREAU
C’avec une totale carte blanche que les organisateurs du Thin Air Festival ont approché Sébastien Gaillard pour qu’il se charge du volet francophone de l’évènement. « J’ai adoré avoir cette totale liberté dans l’organisation. Le festival existe depuis plus de 25 ans et depuis quelques années, les organisateurs accordent de la place aux auteurs francophones.
« Avec la COVID-19, nous avons préféré un format hybride puisque nous n’étions pas sûrs avec les déplacements hors province. »
Un élan salué par Sébastien Gaillard qui voit l’intérêt pour la littérature francophone se développer. « Si ça prend de plus en plus de place c’est que les gens demandent. Un tel évènement donne de la place aux auteurs et est bénéfique pour le Manitoba.
« Avec mon expérience dans la littérature et dans le monde culturel en général, j’ai pu faire des liens, créer des contacts. Je fais partie de l’Association des auteur.e.s du Manitoba français, et avec Bertrand Nayet, on s’occupe de l’activité La plume et le pinceau qui a lieu le 24 septembre.
« La plume et le pinceau c’est une activité d’improvisation qui combine dessins et mots, cette activité existe depuis 18 ans et elle a du succès! »
C’est donc tout un panel d’artistes que Sébastien Gaillard est allé chercher pour développer ce volet francophone : Livres en fête.
Certains noms ont parti-culièrement résonné chez le passionné de littérature. « J’avais le droit d’inviter 10 auteurs. Bon au final, il y en a 11 avec deux traducteurs. Dans la construction de la program-mation, il fallait tout de même respecter des impératifs surtout en termes de représentations. Il fallait des auteurs de l’Ouest, du Manitoba et ensuite j’étais assez libre dans la francophonie mondiale.
« Au niveau du Québec, il y a l’oeuvre de Kévin Lambert, Querelle de Roberval, publié aux Éditions Héliotrope. L’idée était de le jumeler avec son traducteur Donald Winkler. La traduction en anglais de Querelle de Roberval vient de sortir.
| Des découvertes
« De l’Ontario, on a invité Marie-Josée Martin qui vient de publier aux Éditions Prise de parole, le premier tome d’une trilogie L’Ordre et la Doctrine, Après Massāla. C’est un livre d’anticipation sur l’écologie et le langage. C’est une plume redoutable.
« On trouvera également Jean D’Amérique qui est un écrivain-poète haïtien, il a édité six ouvrages qui sont tous primés. C’est la première fois qu’il est invité au Canada pour parler de son oeuvre.
« On va retrouver aussi Caroline Laurent, originaire de l’Ile Maurice avec son oeuvre Rivage de la Colère, publié par Les Escales. Il vient d’être traduit en anglais par Jeffrey Zuckerman. C’est un traducteur qui est sourd alors travailler avec lui prend une autre dimension. On est en train de voir comment s’organiser pour l’entrevue avec lui.
« Faire venir des traducteurs permet aussi de voir la littérature sous un nouvel oeil. Sans traducteur nous n’aurions pas pu lire des grands classiques, on voit leurs méthodes de travail. C’est fascinant. »
Du côté local, quelques auteurs manitobains seront de la partie aussi, Sébastien Gaillard poursuit. « Laurent Poliquin est à l’honneur puisque son livre Le petit bruit du poème a été publié récemment par les Éditions du Blé. Suzanne Kennelly également. Monique Larouche sera présente avec son livre Les Dames de la Paix publié aux Éditions Charlevoix.
« De l’Ouest, il est possible de retrouver Lyne Gareau qui va animer un atelier d’écriture le dimanche 25 septembre à 14 h. Il y a Joëlle Préfontaine de l’Alberta qui vient de publier Récolte aux Éditions du Blé. Katrine Deniset qui vient de publier récemment Je m’en vais.
« Par rapport à toute la culture autochtone, il sera possible de voir le poète-cinéaste innu Nanameshkueu, porte-parole de la jeunesse innue. Il a fait une douzaine de courts-métrages accompagnés d’une narration poétique écrite et dite par lui. Il y a trois courts-métrages disponibles et une rencontre avec lui est prévue le 21 septembre. »
Pour Sébastien Gaillard ce sont par des évènements pareils que la passion pour la littérature peut se transmettre. « Le but de la littérature c’est pour ouvrir notre esprit sur le monde. C’est important de mettre en avant la littérature. Lire permet de développer un esprit critique. Le festival est pour les adultes. C’est un léger regret puisque c’est important que les enfants s’intéressent à la littérature. Mais si les adultes montrent déjà cet intérêt pour les livres, les enfants suivront le pas. Thin Air a déjà organisé l’année passé son premier festival pour la jeunesse et la petite enfance. »