À l’initiative de l’Association des groupes en arts visuels francophones (AGAVF), les galeries d’art francophones en milieu minoritaire ont désormais leur propre magazine culturel : la RevueFR. Retour sur la création et la conception de ce magazine unique en son genre.

Par Jonathan SEMAH

En comptant le choix des artistes à mettre en avant, le choix des photos, la rédaction, la mise en page ou encore l’impression, c’est un an de travail qu’il a fallu aux équipes de l’AGAVF pour produire le premier numéro de la RevueFR. 

Lou-Anne Bourdeau, directrice par intérim de la Maison des artistes visuels francophones à Winnipeg et vice-présidente du conseil d’administration de l’AGAVF depuis deux ans, rappelle les origines de ce projet. 

« En temps normal, nous faisons beaucoup de rencontres en personne, mais évidemment avec la pandémie, c’était devenu pratiquement impossible. Alors on s’est demandé ce qu’on pouvait faire pour continuer à servir les artistes. Et c’est là qu’est venue l’idée de ce magazine qui est une vitrine pour les artistes francophones partout au Canada. On vise évidemment une diffusion canadienne, mais aussi internationale. C’est vraiment une carte de visite de ce qui se fait présentement en art francophone au Canada. »

Textes poétiques, photos, entrevues ou encore présentation d’artistes remplissent les 100 pages de ce magazine culturel. Lise Beaudry a fait partie du comité de rédaction de cette publication et a eu aussi le rôle de coordonnatrice. Elle parle de son implication et du choix des artistes à mettre en valeur. 

Lise Beaudry. (photo : Gracieuseté)

« Nous étions cinq personnes dans ce comité de rédaction et nous avons travaillé sous la direction artistique de Stefan St-Laurent. Il a fallu d’abord identifier les artistes à travers le pays. On faisait beaucoup de rencontres, on avait un important fichier Google Docs. On y mettait des images, des noms et l’on en discutait. À partir de cette longue liste, on a commencé à affiner pour avoir une présélection. »

Sur la forme, la discussion fut longue, mais les artistes choisis devaient également répondre à certains critères. « On voulait déjà une représentation équitable des régions du pays. Puis on a beaucoup travaillé à chercher de jeunes artistes ou des artistes peu connus. On voulait aussi mettre la diversité en avant. Une diversité de régions bien sûr, de pratiques, mais aussi culturelle. Donc à tous les niveaux on s’est questionné sur le choix des artistes à travers ces critères-là », détaille Lise Beaudry. Au final, plus d’une vingtaine d’artistes sont présentés dans la RevueFR. 

| Des images qui voyagent

Inspirée par les magazines d’art, la RevueFR a beaucoup appuyé sur le visuel pour rendre hommage aux images, tableaux ou photos. Selon Lise Beaudry, « c’était important pour nous de faire un format qui voyage assez bien pour pouvoir le distribuer. L’impression et la qualité de l’image étaient essentielles, il fallait en faire aussi un objet artistique à part entière. On veut vraiment que les gens fassent un waouh en l’ouvrant! »

Et la RevueFR a en effet bien voyagé. Début juin a eu lieu le lancement manitobain lors d’un vernissage à la Maison des artistes visuels francophones. 

Lou-Anne Bourdeau. (photo : Marta Guerrero)

« La présentation à Winnipeg a été faite en présence des artistes Annie France Noël et Dominique Rey qui font partie de la Revue. En général, je pense que c’est une grande fierté pour les artistes d’être dans ce magazine, car ça leur permet de rejoindre de nouveaux publics. Le magazine a été envoyé dans des centres d’artistes, des musées ou encore chez des commissaires ce qui ouvre des portes », ajoute Lou-Anne Bourdeau.

Le magazine est gratuit et à ce jour, même si l’envie existe, il n’y a pas de nouvelle édition de la RevueFR en préparation. RevueFR, première du nom, a demandé beaucoup de temps et d’argent aux équipes qui ont travaillé dessus. Lise Beaudry précise cet aspect de la production. 

« Durant la pandémie, une partie du budget de l’AGAVF n’a pas été utilisé pour certains évènements prévus en présentiel. Cet argent a donc été réaménagé pour faire la revue. Le reste du financement vient du Conseil des arts du Canada, du Conseil des arts de l’Ontario et de Patrimoine Canada. Pour l’instant, il n’y a pas de plan pour une prochaine édition, mais c’est à voir, car l’accueil a été très bon. »