FRANCOPRESSE – La francophonie canadienne a besoin de repères, surtout après la pandémie. Voilà le constat qui a ouvert Le Sommet national sur la francophonie économique en situation minoritaire du RDÉE Canada, le 28 septembre. À partir de ce constat, le Sommet sert de réflexion commune et d’échange de pratiques exemplaires pour raviver la flamme des organismes et de l’entrepreneuriat économiques.

Inès Lombardo – Francopresse

Jean-François Parent, gestionnaire de la recherche et de l’analyse des politiques gouvernementales au Réseau de développement économique et d’employabilité (RDÉE Canada) l’a concédé d’emblée : le portrait économique de la francophonie minoritaire n’a « jamais été aussi complexe ».

Pour y remédier, le RDÉE réfléchit à trois aspects stratégiques :

  • L’état de santé des entreprises francophones en contexte minoritaire au Canada depuis la pandémie ;
  • L’identification des défis des entreprises francophones en situation minoritaire ;
  • Établir le portrait de la situation des entreprises francophones pour les six premiers mois de 2022. 

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Jean-François Parent, gestionnaire de la recherche et de l’analyse des politiques gouvernementales au RDÉE Canada. (Photo : Inès Lombardo – Francopresse)

Qu’est-ce que l’entrepreneuriat francophone en contexte minoritaire?

Pour le définir, le RDÉE Canada se fonde sur les considérations de Statistique Canada pour retenir la définition suivante : « Les entreprises des minorités de langues officielles (MLO) sont définies comme étant celles dont au moins 50 % de la propriété est détenue par des personnes dont la première langue officielle parlée est celle de la MLO de la province ou du territoire où l’entreprise est située ».

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Des « défis interreliés » qui alourdissent les entreprises

Avant de se lancer dans la réflexion du Sommet, le RDÉE a dû faire un bilan de la situation. Son étude lui permet d’affirmer que les entreprises et les entrepreneurs en contexte minoritaire francophone ont une « multiplicité de défis interreliés », qui les freinent dans leur travail. « Et cette complexité n’a pas diminué, au contraire! » a lancé Jean-François Parent.

La diminution du poids démographique des francophones, associée à un manque de main-d’œuvre au pays n’a pas aidé. « Ceci à une incidence directe sur la clientèle possible de plusieurs organisations et entreprises, et influe sur les services directs offerts en français en contexte minoritaire. Les services aux entreprises pourraient se voir affectés au cours des prochaines années », a analysé Jean-François Parent.

L’étude souligne aussi que le manque de bassin d’acquéreurs francophones d’entreprises est faible comparativement aux anglophones. À cela s’ajoutent la stigmatisation du français et le fait que près de 50 % des entreprises francophones en contexte minoritaire se trouvent en Ontario.

Amorcer une réflexion « tous ensemble »

Amy Desjardins, analyste à l’Agence de promotion économique du Canada atlantique (APECA), voit ce sommet comme « une réflexion d’ensemble. Je suis là pour recueillir des perspectives des différents entrepreneurs du Canada, pour alimenter notre travail en général. »

L’un des problèmes de fonds identifiés dans l’étude concerne le recrutement de la main-d’œuvre. Pour contrer la pénurie, le RDÉE suggère de développer des « mécanismes renforcés ou des programmes spécialisés de type seconde carrière pour s’attaquer aux problèmes systémiques en matière de recrutement de la main-d’œuvre ».

Une « meilleure mise en relation » entre les entrepreneurs et les sources potentielles de financement de démarrage ainsi que l’amélioration du commerce interprovincial, en comblant les manquements dans les chaines d’approvisionnements et la logistique du transport de biens et services » font partie des pistes de réflexion.

« J’espère que nous allons profiter de ces deux jours pour échanger et réfléchir ensemble sur ces sujets », a lancé Jean-François Parent.

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Jean-François Parent précise que l’étude du RDÉE Canada n’avait pas été réalisée avec la lentille de l’analyse comparative entre les sexes plus (ACS+).

L’ACS+ est une méthode d’analyse qui permet d’évaluer les effets éventuels de politiques, de programmes, de services et d’autres initiatives sur divers ensembles de personnes parce qu’elle tient compte du sexe, du genre et d’autres facteurs identitaires (comme l’âge, la culture, la langue, la scolarité, l’orientation sexuelle, le handicap et la religion).