Depuis maintenant plusieurs semaines, les employés du centre d’apprentissage et de garde Les Tournesols sont en grève pour faire valoir leurs conditions de travail. Les négociations se poursuivent pour trouver une nouvelle entente. 

Par Ophélie DOIREAU

Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté

Après de nouvelles négociations le vendredi 14 octobre, les employés du centre d’apprentissage et de garde Les Tournesols n’ont pas trouvé d’accord avec leur employeur. Miranda Lawrence, représentante syndicale au Manitoba Government and General Employees’ Union (MGEU), constate que « l’employeur a fait un pas en avant sur les bénéfices sociaux. Mais ce n’est pas suffisant. À un point, on se demande si un accord va pouvoir être possible. 

« Si une grève dépasse les 60 jours alors les employés et les employeurs vont devoir passer par l’arbitrage pour régler la situation. En attendant, les employés ne sont pas payés. Même si le MGEU aide un peu, ce n’est pas la même chose. Une grande partie des employés sont des immigrants qui se retrouvent dans une situation précaire. Mais c’est nécessaire pour leurs conditions d’emploi. » De nouvelles négociations devaient avoir lieu le lundi 17 octobre au soir, à l’heure de passer sous presse. 

Ce n’est pas la première fois que le centre d’apprentissage et de garde Les Tournesols connaît des turbulences au niveau de ses conditions de travail. En avril 2018, une entente collective de trois ans avait été conclue avec des augmentations salariales et des meilleurs avantages sociaux. 

Une entente qui devait donc être renouvelée en 2021. Miranda Lawrence qui est à l’origine de l’entente de 2018 et qui assiste Marc Payette, représentant syndical au Manitoba Government and General Employees’ Union (MGEU) dans les négociations actuellement, donne davantage de contexte à cette grève qui a commencé le 26 septembre dernier. « Dans la volonté de renouveler une entente avec les employés, l’employeur est arrivé à la table des négociations avec beaucoup de coupures surtout sur les vacances, les jours de deuils et les jours de maladie. 

« Pourtant lorsqu’on travaille avec la petite enfance, il faut avoir des jours de maladie. Avec la COVID-19, les employés doivent parfois rester à la maison dans l’attente d’un résultat. L’employeur souhaite couper les jours de 12 à six par année, ce serait des jours non cumulatifs. » 

| Et l’inflation en plus 

Mêlant cette nouvelle à l’inflation générale au pays, les employés ont donc pris l’initiative de faire entendre leur voix au travers d’une grève. Ce sont 20 employés qui sont en charge de près de 150 enfants. Miranda Lawrence comprend que la situation est inconfortable pour tous. « Avec quelques discussions entre le CA et le comité de négociation qui est composé de trois éducatrices avec Marc et moi, on a presque réussi à s’entendre au niveau des salaires. Le gouvernement du Manitoba a versé de l’argent pour permettre l’augmentation. 

« Pour les aides en jeune enfance, le salaire minimum est de 13,50 $/h soit le salaire minimum de la province. Pour les éducatrices diplômées de niveau II, le salaire minimum est désormais compris entre 20 $/h et 23 $/h au lieu de commencer à 17 $/h. 

« Évidemment, on comprend que la situation a affecté beaucoup de familles. Pour nous, c’est vraiment la dernière étape, on ne veut pas en arriver-là. Mais il faut pouvoir offrir des conditions décentes aux personnes qui s’occupent des enfants. » 

| Des salaires sous la moyenne 

En 2021, d’après des recherches fournies par la Manitoba Child Care Association, les salaires moyens se chiffraient à 33,43 $/h (directrice) ; 23,64 $/h (directrice adjointe) ; 19,53 $/h (éducatrice diplômée de niveau un et deux) ; 13,56 $/h (éducatrice non diplômée). 

La Manitoba Child Care Association recommande un salaire annuel moyen de 47 500 $ à 57 700 $ pour une éducatrice en jeune enfance de niveau deux et trois. 

C’est avant tout une question d’argent de la part de l’employeur. Si le gouvernement manitobain a versé des sommes pour les salaires, aucune aide n’a pas été fournie pour les avantages sociaux comme le souligne Miranda Lawrence. 

« L’employeur indique qu’il n’est pas possible d’améliorer les avantages sociaux. Nous espérons que l’employeur va négocier de bonne foi. Nous voulons qu’il revienne sur ses positions en particulier sur les jours maladie. 

« C’est une discussion sur le budget. Les employés n’ont pas confiance dans ce qu’annonce le CA, il donne l’impression qu’il n’y a pas d’argent alors que c’est faux. 

« Le CA est composé de parents d’enfants, ce sont des bénévoles qui n’ont pas forcément beaucoup d’expérience avec les négociations. Il faut dire qu’il y a très peu de compromis de leur part. » 

À l’heure de passer sous presse, La Liberté n’avait toujours pas réussi à rejoindre le président du CA, Brian Simister.