Il y a quelques semaines, l’athlète originaire du Manitoba, Mélanie DesAutels, remportait le Marathon de Montréal en 2 heures et 53 minutes. Une victoire significative pour la coureuse qui prépare déjà de nouvelles compétitions. 

Par Jonathan SEMAH

Après une participation au prestigieux Marathon de Boston en avril, puis une victoire au Marathon de Longueuil en mai, c’est à la fin septembre que Mélanie DesAutels, 30 ans, s’est imposée à l’épreuve de Montréal. La sportive commence doucement à réaliser. « Je redescends tranquillement sur terre. La semaine qui a suivi la course a été complètement folle. Je dois jongler entre mon travail actuel, mon quotidien et les dizaines de sollicitations que j’ai eues. Ça a été des moments très occupés. Je commence à décompresser. » 

Celle qui a repris le chemin des classes achève ses études de génie civil à l’Université de Sherbrooke au Québec est aussi présentement en stage à temps plein dans une firme de génie-conseil. Pour s’entraîner et participer aux courses, elle a d’ailleurs eu le soutien important de ses collègues. « Ça ne fait que quelques semaines que je travaille avec eux et pourtant ma boîte de courriels a été inondée de messages. Ça m’a vraiment fait chaud au coeur. Quand j’ai franchi la ligne d’arrivée, je n’ai pas réalisé l’ampleur de ce qui s’était passé et de ce qui allait se passer. » 

Dans une course qu’elle a menée de bout en bout, Mélanie DesAutels pressent que cette importante victoire marquera un tournant dans sa vie que ce soit personnel ou professionnel. « J’espère qu’il y aura un avant et un après. J’espère que ce sera le début de quelque chose qui pourrait me mener à jumeler passion et métier. J’ai mis du temps à trouver ma voie alors je suis assez optimiste par rapport aux débouchés d’un tel résultat. Je vais continuer à m’entraîner fort et voir où tout ça va mener. Je crois que c’est la meilleure stratégie à prendre. » 

| Première expérience au Manitoba 

Tout est allé plutôt vite pour Mélanie DesAutels. La passion pour la course à pied vient sûrement de son père qui a couru trois marathons dans sa jeunesse. C’est en 2012 au Manitoba qu’elle participe à son premier marathon. « Dans ce temps-là, je m’entraînais de façon amateur. Je n’avais pas vraiment de technique, je m’entraînais toujours au même rythme sans faire d’intervalle, sans volume. » 

Dans ces conditions, entre 2012 et 2018, Mélanie DesAutels ne progressait pas beaucoup. De son aveu, ses temps étaient « ordinaires ». À cette époque Mélanie DesAutels court le marathon en quatre heures environ. Mais c’est en 2019 qu’elle décide de prendre les choses en main. « Je me suis dit après cette longue période sans de bons résultats : Bon, il y a vraiment quelque chose que je ne fais pas bien. Alors, j’ai engagé un coach privé. Et c’est encore lui aujourd’hui qui encadre et structure mes entraînements en prévision de mes compétitions. » 

Ce changement a rapidement porté ses fruits. L’athlète a fait des temps remarquables, en frôlant la barre des 2 heures et 50 minutes. Puis, dès qu’elle a pu courir des compétitions importantes, quand les restrictions sanitaires le permettaient, Mélanie DesAutels a tout de suite senti que son niveau avait augmenté. Elle a d’ailleurs réussi en 2021, grâce à ses résultats, à se qualifier pour participer au célèbre Marathon de Boston. (1) 

La marathonienne qui réside au Québec veut désormais continuer sa progression et va se concentrer sur la saison de cross-country pour les prochaines courses. Elle espère ensuite participer au Marathon de New York en 2023. Quant aux Jeux olympiques de Paris en 2024, Mélanie DesAutels devra baisser son temps en dessous de 2 h 45 si elle veut se qualifier. 

« Pour l’instant, ce qui compte, c’est m’améliorer. Ma technique de course n’est pas parfaite. J’ai hâte de voir ce que les prochaines années me réservent. On s’entend aussi, lors de la course de Montréal, il n’y avait pas de Kenyanes ou d’Éthiopiennes (2) au départ. Je suis consciente de ça et je sais qu’il y a un peu de chance dans ma victoire. Cette fois-là, j’étais la plus rapide, mais rien ne peut me dire que ce sera moi une prochaine fois. » 

(1) En 2022, chez les femmes de 18 à 34, il fallait faire un temps en dessous de 3h30 pour se qualifier pour le Marathon de Boston.

(2) Les meilleures marathoniennes du monde sont généralement kényanes ou éthiopiennes. Les dernières courses importantes comme le Marthon de New York 2021, Paris 2022 ou Boston 2022 ont été gagnées par Peres Jepchirchir (Kenya) et Judith Jeptum (Kenya). Aussi, le record du monde du marathon chez les femmes est détenu par la Kényane Brigid Kosgei. En 2019, elle a terminé le Marathon de Chicago créditée en 2 h 14 min 4 s.