La banque centrale du Canada a annoncé mercredi une sixième hausse de son taux directeur à 3,75 % (+0,5 point), et a estimé que de nouvelles hausses étaient à prévoir pour contrer l’inflation galopante.
© Agence France-Presse
“Étant donné que l’inflation et les attentes d’inflation sont élevées, et que des pressions continues s’exercent sur la demande dans l’économie, le Conseil de direction s’attend à ce que le taux directeur doive encore augmenter”, écrit la Banque du Canada dans un communiqué.
Moins importante que prévu, cette nouvelle augmentation devrait aider à ramener le taux d’inflation à 2% d’ici fin 2024, estime l’institution qui ajoute que les effets de ces hausses successives “deviennent apparents dans les secteurs de l’économie qui sont sensibles aux taux d’intérêt”.
La banque fait notamment référence au “recul marqué” de l’activité sur le marché du logement ainsi qu’aux dépenses des ménages et des entreprises qui “sont en train de se modérer”.
L’inflation a ralenti de 0,1 point à 6,9 % sur un an en septembre après avoir atteint un sommet de 8,1 % en juin.
Malgré cette baisse largement due à la chute des prix de l’essence, la Banque du Canada reconnaît que “les pressions sur les prix restent généralisées”. Elle ajoute que “les attentes d’inflation à court terme demeurent élevées, ce qui accroît le risque que la forte inflation s’enracine”.
La Banque du Canada tente depuis des mois maintenant de ramener l’inflation annuelle proche de sa cible qui est établie à 2 %.
La banque centrale avait augmenté son taux directeur d’un demi-point en avril et en juin, avant de le relever d’un point de pourcentage en juillet, de 75 points de base en septembre et de 50 points mercredi.
Si l’on tient compte d’une légère hausse de 25 points de base en mars par rapport à un niveau historiquement bas, le coût total des prêts a jusqu’à présent augmenté de 3,75 points de pourcentage cette année.
Plusieurs économistes ont récemment fait savoir qu’ils s’attendaient à une contraction de l’activité économique l’année prochaine, lorsque la plupart des consommateurs et des entreprises adapteront probablement leurs dépenses aux taux.
Associé à des prix élevés, un ralentissement de l’activité économique pourrait conduire à la stagflation, qui n’a pas été observée au Canada depuis les années 1970.
La Banque du Canada “s’attend à ce que la croissance stagne jusqu’à la fin de cette année et durant la première moitié de 2023”. Elle prévoit notamment un ralentissement de la croissance du PIB, qui devrait passer de 3,25 % cette année à un peu moins de 1% l’année prochaine et à 2% en 2024.
A Ottawa, les partis d’opposition ont récemment critiqué les hausses de taux, estimant qu’elles aggravaient les difficultés des Canadiens concernant le coût de la vie.
Mardi, la ministre des Finances Chrystia Freeland, tout en reconnaissant ces préoccupations, a défendu l’indépendance de la banque centrale.
“Je comprends très, très bien les difficultés aujourd’hui pour les Canadiens et Canadiennes avec le coût de la vie, avec l’inflation, et je comprends aussi que les taux d’intérêt sont difficiles”, a-t-elle déclaré aux journalistes, tout en promettant une aide ciblée pour ceux qui en ont le plus besoin.
La fixation du nouveau taux directeur est prévue le 7 décembre.
maw/eb