Le centre de santé communautaire Main Street Project (MSP) a, pour la cinquième année consécutive, relancé le projet Socktober (1).

Jeu de mots entre le mot anglais sock qui signifie bas et le mois d’octobre. L’objectif de l’organisme à but non lucratif est donc clair : récolter des paires de bas. Mais aussi tout autre vêtement qui pourrait aider les personnes en situation d’itinérance dans une période qui marque le début des mois les plus froids.

Par Jonathan SEMAH

Même si le mois d’octobre touche à sa fin, le besoin en bas, gants, ou autres vêtements contre le froid reste très important alors que les mois d’hiver s’en viennent. L’année dernière, Main Street Project avait récolté 29 000 paires de bas grâce à la générosité des Winnipégois.es. Cette année, l’objectif est de passer la barre des 30 000.

Mitch Bourbonnière, travailleur social qui aide plusieurs organismes et associations qui viennent en aide aux plus démunis, pointe l’importance de donner, spécifiquement ce genre d’éléments. « Cet appel du MSP pour des bas, des mitaines, des gants, des chaussures ou des bottes répond à grand un besoin.

« En effet, il y a toujours une demande pour des vêtements qui couvrent les pieds et les mains. Ces parties du corps deviennent souvent froides et humides sans les bonnes protections. C’est ce qui manque la plupart du temps aux sans-abri. Le jeu de mots Socktober est une façon amusante de faire prendre conscience qu’il y a des gens dehors, qu’ils luttent et qu’ils ont besoin de nous, et faire une action aussi simple que donner des bas. Tout le monde peut y participer. »

Du 21 au 22 avril 2021, End Homelessness Winnipeg réa-lisait un recensement pour connaître l’état des lieux de la situation. Dans ce document l’organisme à but non-lucratif comptait 1127 personnes en situation d’itinérance.

370 d’entre eux n’utilisaient pas les refuges d’urgence, les espaces sécuritaires ou les logements de transition, mais restaient dans des endroits comme les parcs, les abribus, les entrées ou les terrains vagues. En ce qui concerne les utilisateurs de refuge d’urgence, l’organisme détaillait que près de la moitié (46 %) étaient âgés de 25 à 49 ans, et se disait inquiet de constater que 4 % étaient des enfants à charge de moins de 18 ans.

Outre les personnes sans-abri, Main Street Project détaille les personnes qui peuvent avoir besoin de bas : « ceux et celles qui sont placés et qui n’ont rien aux pieds, des membres de la communauté des refuges qui ont besoin d’une nouvelle paire de bas secs ou des personnes vivant dans des logements de transition. »

Mitch Bourbonnière rappelle aussi que tant que les bas sont propres et en bon état, c’est utile. « On prend même les chaussettes dépareillées! »

Mitch Bourbonnière accompagné de plusieurs bénévoles et d’employés de l’organisme Downtown Community Safety Partnership, tous viennent en aide aux personnes dans le besoin. (photo : Marta Guerrero)

| Éviter des problèmes de santé

Au-delà d’avoir des vêtements secs et propres pour une dignité, il existe un enjeu sanitaire qui se joue derrière ce genre de dons. MSP rappelle que les personnes en situation d’itinérance risquent de développer de graves problèmes de santé aux pieds, notamment des infections, des ulcères, des ongles incarnés et des lésions nerveuses dues au diabète.

Mitch Bourbonnière précise même qu’il y a des risques d’amputation dus à des maladies qui avaient d’ailleurs déjà été remarquées pendant la Première et la Seconde guerre mondiale. « Pendant ces conflits, les soldats étaient dans des tranchées. Ces fossés étaient mouillés, boueux, froids et humides. Ils étaient dedans toute la journée, tous les jours.

« Dans ce genre de situations, ils pouvaient attraper une maladie qu’on appelle Le pied des tranchées. C’est une maladie que certains de nos sans-abri ont connue. C’est une infection qui évolue rapidement vers une nécrose irréversible au niveau des pieds.

« Ce n’est pas bon d’avoir des infections aux pieds parce que beaucoup de gens sont diabétiques et ils peuvent perdre leurs orteils ou leurs pieds très facilement sans vêtements protecteurs secs. »

Le bénévole explique aussi que même si cette initiative a été lancée par Main Street Project, beaucoup d’autres organismes peuvent profiter des dons de vêtements. Il pense à Mama Bear Clan, Bear Clan ou encore Ogijiita Pimatiswin Kinamatwin. « En plus des bas, d’autres choses sont utiles comme : les tuques, les parkas, les pantalons de ski, des bottes, couvertures ou même des sacs de couchage. Tout ce qui peut servir à ce que des gens aient chaud une fois dehors. »

Le récipiendaire de l’Ordre du Manitoba 2020 invite donc tous les Winnipégois.es à se montrer une nouvelle fois généreux et solidaires. « Ce n’est pas grand-chose, ça ne coûte pas cher. Vous pouvez aller à Dollarama et acheter quelques paires de bas. Si tout le monde le fait, nous en aurions plus qu’assez. C’est aussi l’occasion de faire un tri dans vos armoires et de donner des vêtements dont vous ne vous servez plus.

« Lorsque vous êtes dehors, que vous avez froid, que vous vous sentez seul et que vous êtes mouillé, avoir des vêtements propres et secs, c’est un sentiment merveilleux. Et, c’est aussi un geste qui montre que nous nous soucions des gens. »

(1) Sur son site web, l’organisme propose toute une liste de lieux où vous pouvez déposer vos paires de bas.