Lauréate du Prix national d’excellence RBC – Artiste émergent.e, la dramaturge franco-manitobaine, Marie-Ève Fontaine, dévoile les perspectives de son projet en cours, Giant Mine qui se révèle d’une conscience citoyenne et de sensibilisation aux défis environnementaux.
Par Raphaël BOUTROY
(article mis à jour avec les précisions apportées par la troupe 2359.)
Originaire de Winnipeg, Marie-Ève fait partie de la scène de théâtre francophone depuis plusieurs années. Avec le prix de 10 000 $ qu’elle a reçu par la Fondation RBC, elle s’engage dans un projet alliant théâtre et écologie, nommé Giant Mine, pour mettre la lumière sur les problèmes environnementaux de l’heure au Canada.
Le projet Giant Mine est une mise en lumière de certains problèmes écologiques contemporains. « Giant Mine est située près du Grand lac des Esclaves dans les Territoires du Nord-Ouest, c’est le deuxième site le plus contaminé au Canada. » La taille de la mine contribue au danger environnemental qui se révèle. Une ancienne mine d’or, Giant Mine a produit comme déchet de la poudre de trioxyde d’arsenic, une substance toxique.
« La poudre de trioxyde d’arsenic a été enterrée dans d’énormes trous creusés dans ce qui était à l’époque du pergélisol, en tout il y a environ 237 000 tonnes de poudre, assez pour empoisonner la terre entière trois fois. »
Sensibilisée à cette véritable bombe à retardement, Marie-Ève Fontaine s’est renseignée davantage. « Une fois qu’un site minier ne devient plus rentable, il est vendu d’une grande compagnie à une plus petite et ainsi de suite jusqu’à ce qu’une compagnie doive déclarer faillite. C’est alors que la responsabilité retombe sur le gouvernement. »
Marie-Ève Fontaine veut écrire une pièce qui relève aussi du documentaire, expliquant les enjeux environnementaux de Giant Mine.
« Je veux inviter les gens à réfléchir à leur impact sur l’environnement, mais surtout sortir de l’idée que c’est par des gestes individuels que la condition de l’environnement va s’améliorer. Il faut absolument que les grandes compagnies et le gouvernement s’ajoutent à la partie. »
Pour ce qui est du site de Giant Mine, avec la fonte du pergélisol, l’eau du lac voisin pourrait entrer en contact avec la poudre de trioxyde d’arsenic, empoisonnant par conséquent l’écosystème de la région.
Marie-Ève Fontaine explique : « Il y a des dispositifs en place pour contrer la fonte du pergélisol, le gouvernement fédéral compte installer un système de réfrigération qui protègera le sol autour des dépôts de poudre de trioxyde d’arsenic. »
Ce projet sans doute coûteux implique aussi un autre défi, ce n’est pas une solution durable au problème, il faudra continuer à réparer et alimenter l’infrastructure de réfrigération perpétuellement.
« Ce n’est pas juste un problème d’aujourd’hui, c’est un problème pour toujours. C’est notre responsabilité en tant qu’humains de rectifier ou au moins minimiser les dommages qu’on a causés à l’environnement. »
La remise du Prix national RBC – Artiste émergente de l’année de la fondation de l’Association des théâtres francophones du Canada reconnaît les talents de Marie-Ève Fontaine comme artiste francophone dans le monde du théâtre. En fournissant une somme d’argent conséquente, son projet gagnera en envergure.
« Ce prix est une occasion de faire énormément avancer mon projet. Être reconnue sur le plan national avec ce prix aide à la crédibilité de mon projet, ça ouvre des portes pour plus de soutien et de coproductions. Bien entendu, les 10 000 $ permettront de financer des acteurs, de la recherche et des déplacements. »
Le projet sera présenté par la troupe de théâtre de Marie-Ève Fontaine et Guillaume Saindon, 2359. Cette troupe, 2359, implique qu’il est minuit moins une : « La dernière occasion pour agir, une signification qui se porte bien aux sujets documentaires comme Giant Mine », explique-t-elle.
Avant de fonder la troupe 2359, Marie-Ève Fontaine qui a grandi au Manitoba a découvert le théâtre dans les écoles de la Division scolaire franco-manitobaine.
« Ma mère, Natalie Labossière, aime le théâtre et m’a encouragée à en faire. D’abord lors du Festival théâtre jeunesse, ensuite au secondaire, c’est alors que j’ai décidé de poursuivre mes études de théâtre à l’Université d’Ottawa. »
Après avoir joué plu-sieurs rôles dans diverses productions, Marie-Ève Fontaine est maintenant prête à se lancer pleinement dans sont projet de Giant Mine.
On trouve des mines de tailles variables partout au Canada, Giant Mine n’est pas le seul site qui risque de polluer la terre. Marie-Ève Fontaine est consciente de ceci et elle a trouvé du soutien parmi plusieurs communautés au Canada.
« J’ai recueilli beaucoup de témoignages au sujet des mines, je pense aussi passer du temps dans des villes minières comme Sudbury lors du développement de ce projet. »