Le Réseau en immigration francophone du Manitoba (RIF MB) et l’Accueil francophone dévoilent leur livre blanc en matière d’immigration francophone au Manitoba. Nouvelle cible d’immigration, actions à prendre et enjeux actuels en sont au coeur.

Par Ophélie DOIREAU

Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté

10 %, c’est la cible que se fixent le RIF MB et l’Accueil francophone pour permettre à la francophonie manitobaine de maintenir son poids démographique d’ici 2036. C’est en tout cas ce qu’on peut retrouver dans leur livre blanc en matière d’immigration francophone au Manitoba. Salwa Meddri, gestionnaire du RIF MB détaille : « En plus d’un aperçu historique de l’immigration francophone au Manitoba, on offre une perspective sur l’avenir. Pour ce faire, il nous a fallu repenser la cible en matière d’immigration.

« On l’a vu au niveau national, le gouvernement vise 4,4 % alors que la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) souhaite une cible réparatrice de 20 % d’ici 2036.

« On s’est prêté au même exercice pour le Manitoba. On estime que pour maintenir le poids démographique, on tablerait un 10 % d’ici 2036. Si on veut parler d’augmentation, on doit passer à 14 % d’ici 2036. C’est une cible suggérée. On tend une main aux différentes instances gouvernementales pour la collaboration et le partenariat. On veut les accompagner pour mieux identifier les besoins communautaires surtout quand vient le temps d’octroyer du financement. »

| Intégration économique, sociale et culturelle

Pour rappel, la Province avait établi en 2006, une cible de 7 % en matière d’immigration francophone, cible qui n’a jamais été atteinte. Bintou Sacko, directrice de l’Accueil francophone complète sa collègue au sujet des enjeux présents dans leur livre blanc. « Il y a des choses qui sont discutées à l’intérieur du livre qui touchent des actions concrètes pour réfléchir à cette immigration. On parle de l’intégration professionnelle et économique avec la reconnaissance des diplômes. On parle aussi d’intégration sociale et culturelle. Nous sommes dans une communauté où il y a un brassage culturel qui se fait sentir. On discute aussi santé et logement. »

| Un écosystème en évolution

L’enjeu de l’intégration professionnelle et économique prend tout son sens lorsque l’on voit des immigrants francophones qui sont médecins, ingénieurs ou encore enseignants qui doivent faire valoir leur diplôme auprès de leur Ordre professionnel, non sans mal parfois. Certains doivent recommencer des études pour pouvoir exercer leur métier. Salwa Meddri confirme. « C’est absolument un point que l’on aborde. On doit reconsidérer les bassins de francophones. Le ministère d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada vient d’octroyer des fonds à la FCFA pour constituer une délégation d’intervenants communautaires pour représenter les communautés francophones en situation minoritaire à Destination Canada. C’est un pas dans la bonne direction.

« On souhaite travailler de concert avec le Fédéral, notamment sur le Plan d’Action Fédéral-Provincial-Territorial visant à accroître l’immigration francophone à l’extérieur du Québec qui n’a pas vu le jour en termes de mise en oeuvre. Il est temps de le dépoussiérer pour voir quelles actions on peut mettre en place. »

Si ce livre blanc est pensé maintenant par le RIF MB et l’Accueil francophone, c’est que pour Bintou Sacko le temps était venu. « Il y a eu beaucoup de travail abattu ces dernières années. Il y a 17 ans, j’ai participé à la première concertation sur l’immigration francophone. Il faut désormais discuter de notre avenir, de nous projeter pour une nouvelle conversation sur l’immigration francophone.

| De la revendication politique

« L’écosystème est en train de changer, il y a des nouveaux joueurs. Au début de l’immigration, en 2003, lorsqu’on parlait de stratégie de l’immigration francophone, il y avait seulement l’Accueil francophone, Pluri-elles et l’Amicale de la francophonie multiculturelle du Manitoba. Le CDEM intervenait ponctuellement dans certains dossiers.

« Aujourd’hui, le RIF MB comporte plus d’une vingtaine d’acteurs qui veulent prendre leur part dans le dossier de l’immigration francophone. »

Le livre blanc a forcément demandé un certain montant de travail comme le souligne Salwa Meddri. « C’est un travail de longue haleine. Nous avons mené des consultations avec les parties prenantes, les partenaires et des nouveaux arrivants. On travaille sur ce livre blanc depuis plus d’un an. Nous voulions un produit représentatif des enjeux et des attentes.

« Nos communautés francophones sont devenues plus matures. Nous pouvons être en charge de nous-mêmes en identifiant nos priorités. La Société de la francophonie manitobaine a été un leader dans ce dossier. Ils ont mis sur pied l’Accueil francophone. D’autres intervenants viennent pour bonifier l’immigration francophone. On veut se donner une orientation communautaire pour une vision commune. Avec de la mobilisation, on peut vraiment arriver à faire la différence concrète et réelle pour les personnes qui veulent s’installer au Manitoba. »

La Société de la francophonie manitobaine sera en charge d’aller faire de la revendication politique avec ce livre blanc en main. Bien que le RIF MB et l’Accueil francophone seront présents en coulisses pour continuer de mobiliser les acteurs dans ce dossier.