Ce mercredi, à l’ouverture de la cinquième session de la 42e législature, Anita Neville, la nouvelle lieutenante-gouverneure, a prononcé son premier discours du Trône.

Par Jonathan SEMAH

Le discours du Trône présente la vision d’avenir et les priorités du gouvernement pour l’année à venir. “Ce discours du Trône est une feuille de route vers un avenir plus prospère, en construisant une province où son gouvernement contribue à rendre les communautés plus sûres, plus saines et plus fortes et ses citoyens et communautés plus compétitifs”, a déclaré Heather Stefanson, dans un communiqué de presse.

Heather Stefanson, première ministre du Manitoba. (Photo : Ophélie Doireau)

Plusieurs sujets ont marqué ce discours. Sécurité, économie et santé ont notamment les sujets les plus mis en avant. Selon Félix Mathieu, professeur adjoint en sciences politiques à l’Université de Winnipeg, le choix de ces thèmes démontre que le gouvernement progressiste-conservateur se prépare déjà pour les élections provinciales de 2023 au Manitoba. “On se rabat sur des thématiques plus consensuelles, plus dans la tradition progressiste-conservatrice de la province. Les enjeux de la sécurité, la lutte contre l’inflation, l’aide aux familles, c’est certain qu’il y a plusieurs éléments qui donnent l’impression d’un message pré-électoral. Par exemple, l’idée de donner un chèque de 450 $ aux familles de deux enfants, c’est une manière de s’assurer que les citoyens aient une image positive du parti au pouvoir lorsque viendra le temps des prochaines élections.”

Outre cette mesure économique, le gouvernement provincial a longuement insisté dans ce discours sur la question de la sécurité. Il a été le premier point développé sous le chapitre Aider à rendre nos collectivités plus sûres. D’ailleurs, à ce propos, le gouvernement manitobain avait fait il y a quelques jours plusieurs annonces financières importantes au sujet de la sécurité, de l’itinérance et des refuges pour les personnes sans-abri.

Félix Mathieu y voit une manière d’insister sur des sujets très discutés récemment. “Lorsqu’on a parlé du taux de criminalité et à quel point il faut s’y attaquer, l’accent a beaucoup été mis sur l’importance de s’appuyer sur les partenaires communautaires de la ville de Winnipeg notamment. Ça fait partie des points sur lesquels on a beaucoup insisté pendant la campagne municipale. Je crois que c’est une manière pour le gouvernement de surfer sur des idées qui ont été populaires.”

Félix Mathieu, professeur adjoint à l’Université de Winnipeg en sciences politiques. (photo : Marta Guerrero)

Les soins de santé est l’un des autres sujets du moment qui a été évoqué durant le discours du Trône. Une mesure annoncée a retenu l’attention de Félix Mathieu. “Il y a eu l’idée de réduire les temps d’attente mais c’est une promesse que tous les politiciens et les gouvernements font. Mais ici la modalité privilégiée par le gouvernement Stefanson, c’est d’ouvrir la porte un peu plus grande aux partenariats avec les milieux privés. C’est sur ce point que les distinctions entre les partis progressiste-conservateur et Nouveau Parti démocratique (NPD) notamment, vont se faire le plus ressentir en réaction à ce discours du Trône-là.” 

En effet, les réactions n’ont pas attendu. À ce sujet, le NPD du Manitoba, par l’intermédiaire de son chef Wab Kinew, a émis un désaccord sur cette question. “La privatisation des soins de santé est une erreur. Elle créera une situation au Manitoba où les soins que vous recevrez sont déterminés non pas par vos besoins, mais par votre compte bancaire”, pouvait-on lire sur les médias sociaux du parti. 

Enfin, alors que le précédent discours du Trône de Heather Stefanson misait sur la réconciliation avec les peuples autochtones, on y retrouve très peu de mentions dans celui-ci. Le sujet n’arrive qu’en septième et dernière partie et ne bénéficie pas d’un développement plus long comme les autres chapitres. “C’est ce qui m’a le plus marqué”, annonce Félix Mathieu. “Le dossier de la réconciliation ne fait qu’être énoncé et on ne revient pas sur le Plan d’action. J’essaie d’expliquer ça par le fait que l’an dernier, madame Stefanson voulait se détacher de l’héritage de Brian Pallister, qui avait été plutôt maladroit par rapport au dossier de la réconciliation. Madame Stefanson a voulu marqué des points mais ça n’a pas fonctionné dans les intentions de vote. Le parti continue d’être loin du NPD, plus proche de ces thématiques-là, dans les circonscriptions urbaines de Winnipeg, là où on retrouve le plus de sièges. Et comme ça n’a pas marché, on continue d’évoquer l’idée de manière timide mais ce n’est plus au cœur du discours gouvernemental.”