Du 13 décembre au 13 mars, le Musée canadien pour les droits de la personne (MCDP) accueillera le violon Hecht. Un instrument de musique, mais aussi la relique d’une époque sombre, qui a traversé les générations grâce à une belle histoire d’amitié.
Par Hugo BEAUCAMP
D’abord en vedette lors d’un concert du Winnipeg Symphony Orchestra le 3 décembre, le violon Hecht ira ensuite prendre ses quartiers dans la galerie Examiner l’Holocauste du Musée canadien pour les droits de la personne.
L’histoire qui accompagne ce violon est évidemment terrible, mais elle est aussi saisissante. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Helena Visser, qui vit à Amsterdam, se lie d’amitié avec sa voisine Fanny Hecht, fraîchement arrivée aux Pays-Bas après avoir fui l’Allemagne Nazi. Les deux jeunes femmes s’amusent même parfois à jouer de la musique ensemble. Alors que la pince allemande se referme sur l’Europe, Fanny Hecht, craignant que la Gestapo ne la rattrape, fait alors promettre à Helena Visser de récupérer son violon si elle venait à être envoyée à l’Est.
Par malheur, Fanny Hecht et son mari meurent en 1943 dans le camp d’Auschwitz. Ernst, leur fils, est mort la même année dans le camp d’extermination de Sobibór. Quant à son frère, Fritz, il perdra la vie deux ans plus tard dans le camp de concentration de Monowitz-Buna. De son côté, Helena Visser réussira à tenir parole.
La famille Visser finira par s’installer au Canada et par la même occasion, le violon de Fanny Hecht lui aussi traversera l’Atlantique. Près de 74 ans après avoir cherché sans relâche des parents encore en vie de Fanny Hecht, l’arrière-petite-fille d’Helena Visser : Janet Warkentin-Bosse entend parler à la télévision de l’initiative Violins of Hope.
La collection Violins of Hope voit le jour sous l’impulsion du luthier et ancien musicien d’origine polonaise : Amnon Weinstein. Ce dernier collectionne et restaure les violons, violoncelles ayant appartenu aux victimes de la Shoah. Une fois réparés, les violons sont confiés à de grands musiciens pour permettre aux instruments « de raconter leur histoire. »
Les descendants d’Helena Visser se rendent alors en Israël pour remettre l’instrument à Amnon Weinstein qui lui donne alors une nouvelle voix.
Aujourd’hui, ces violons transcendent un peu leur condition d’instrument de musique, ils sont autant de souvenirs de vies qui ont été écourtés par la barbarie.