FRANCOPRESSE – Le soir du 24 décembre, il n’y a pas que les yeux des enfants qui scruteront le ciel dans l’espoir d’apercevoir le point rouge d’un des rennes tirant le traineau du père Noël. L’équipe de NORAD gardera aussi un œil sur le père Noël.

Marc Poirier – Francopresse

Depuis 67 ans, le Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord, mieux connu sous l’acronyme NORAD, est sur la piste du père Noël afin de nourrir le rêve et l’imaginaire des enfants.

Cette année encore, le NORAD affecte plusieurs membres de ses effectifs canadiens et américains à cette mission toute spéciale. L’opération s’est mise en branle le 1er décembre et culminera à la veille de Noël.

Le capitaine Maxime Cliche, officier des affaires publiques pour la région canadienne du NORAD et responsable des relations avec les médias, livre à Francopresse les dessous de cette opération baptisée « Sur la piste du père Noël ».

Le capitaine Maxime Cliche
Le capitaine Maxime Cliche, officier des affaires publiques pour la région canadienne du NORAD. (Photo : Région canadienne du NORAD)

Comment toute cette aventure a-t-elle commencé pour le NORAD?

Ça a commencé en 1955. À l’époque, la chaine de grands magasins Sears a fait paraitre une annonce avec un numéro de téléphone pour appeler le père Noël. Dans l’annonce publiée dans un journal local, il y avait une erreur. On a inversé les deux derniers chiffres. Ce numéro était celui du Centre des opérations du NORAD [à l’époque, il s’agissait du CONAD, centre créé en 1958].

Un enfant a appelé ce numéro et le colonel Harry Shoup a répondu. L’enfant lui a demandé des informations sur le père Noël. Le colonel a joué le jeu et lui a dit : « Je suis le père Noël! »

Le problème, c’est que le colonel a eu plusieurs autres appels d’enfants [qui avaient vu cette publicité] par la suite. Le colonel, ce soir-là, a demandé à un des officiers présents de répondre et de se faire passer pour le père Noël. On ne savait pas trop pourquoi les enfants appelaient le Centre des opérations.

Après coup, l’équipe du NORAD a pensé que c’était une très bonne idée. C’est là qu’est née la mission NORAD – Sur la piste du père Noël.

Comment cette opération a-t-elle évolué?

C’est sûr que ça s’est développé au cours des années. Maintenant, on fait nos vidéos à saveur canadienne qui seront mises en ligne à compter de la mi-décembre et, le 24 au soir, on peut suivre le père Noël dans sa course à travers le monde. On a une ligne pour les enfants : 1-877-446-6723. Lorsqu’ils appellent à ce numéro-là, ils parlent à des bénévoles du NORAD qui peuvent répondre aux questions des enfants, leur dire où le père Noël est rendu, dans combien de temps il va être chez eux. Les bénévoles regardent la carte et peuvent donner une estimation à l’enfant.

Il y a deux ans, on avait 1500 bénévoles qui répondaient aux courriels et au téléphone. Pendant la journée, on leur fournit des mises à jour pour leur dire où est le père Noël afin qu’on donne la même information, peu importe le bénévole.

Le centre d’appels se trouve-t-il au Canada?

Le centre d’appels est aux États-Unis. Ils ont plus de personnel et c’est beaucoup plus simple d’avoir un seul centre d’appels. Mais il y a des gens qui parlent français là-bas ; on a plusieurs de nos membres canadiens du NORAD qui sont là-bas.

Et d’où proviennent les appels?

Bien, en fait, c’est très très surprenant. Des fois, on reçoit des demandes de médias européens qui veulent savoir ce qu’est la piste du père Noël.

Parfois, on est déployés en opération dans d’autres pays, par exemple en Allemagne, et lorsqu’on dit qu’on travaille pour le NORAD, on nous dit : «NORAD, la piste du père Noël?»

Ça commence à 4 h le matin du 24 décembre et généralement, ça se termine tard en fin de soirée, quand le père Noël a fait le tour du monde.

Est-ce qu’il arrive que le père Noël soit en difficulté et qu’il ait besoin d’aide?

C’est pour ça que nous, le 24 décembre, si on parle de la région canadienne du NORAD, à la 22e Escadre à North Bay (Ontario), on a des gens qui travaillent sur des radars. Donc, une fois que le père Noël entre dans l’espace aérien canadien, on le détecte, puis il y a des CF-18 qui décollent de Cold Lake en Alberta – on peut les voir sur des vidéos – qui vont escorter le père Noël pour s’assurer que tout est bien.

Par exemple, si le père Noël échappe un cadeau de son traineau, les CF-18 peuvent le détecter. On informe le père Noël et il peut aller le chercher. C’est notre mission, cette soirée-là.

Vous surveillez aussi les conditions météorologiques?

Tout à fait. Les conditions météorologiques, mais il ne faut pas oublier que, bien qu’on soit le 24 décembre, le père Noël n’est pas tout seul dans le ciel. Donc nous, avec la 22e Escadre, avec les radars, on est capables de voir tout le trafic aérien canadien. C’est d’ailleurs quelque chose qu’on fait 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Donc, on est capables de dire au père Noël : « Oh, attention, il y a beaucoup d’avions dans ce coin-ci, peut-être mieux de prendre une autre route. » Donc, avec notre aide, le père Noël est capable de circuler à travers le Canada d’une façon sécuritaire.

Mais avec la technologie de Noël, c’est lui qui fait la majorité du travail. Son traineau est propulsé avec la magie de Noël. On est capable d’aller aussi vite que lui, mais, technologiquement, on n’est pas rendu aussi performant que lui. Mais on en est à notre 67e édition. C’est une machine qui est bien huilée.

Les propos ont été réorganisés pour des raisons de longueur et de cohérence.