L’utilisation de substances illicites est un problème plus grand qu’on ne le pense chez les jeunes adultes. Une méconnaissance de la réalité qui s’explique par le fait que le stigma contre ça est encore trop important. On doit combattre et diminuer ce stigma avec plus de ressources et plus d’ouverture à la discussion.

Par Melody CHEN et Makenzy MASSE du Collège Jeanne-Sauvé

(Cet article fait partie du programme GÉNÉRATION Z. Depuis 2010, GÉNÉRATION Z offre une expérience authentique du métier de journaliste en presse écrite et en vidéo à des élèves du secondaire de la Division scolaire Louis-Riel, pour qui le français est une deuxième langue. Afin de les encourager, prenez le temps de lire leurs articles, visionner leurs vidéos, et leur écrire un commentaire à [email protected].)

Avez-vous déjà entendu parler des étudiants dans la communauté ayant des dépendances? L’âge moyen auquel un adolescent au Canada commence à consommer des drogues est de 15,7 ans. C’est donc un problème commun dans les écoles.

Malgré tous les programmes disant aux élèves de ne pas commencer, beaucoup commencent quand même, c’est pourquoi il est important que les écoles offrent des ressources à ces élèves pour les garder sains et saufs.

Il y a beaucoup de ressources pour la réduction des méfaits dans la ville, par exemple le Manitoba Harm Reduction Network. Cependant, ces endroits peuvent être difficiles d’accès pour les adolescents.

Offrir des ressources

Il est donc vraiment important d’offrir ces ressources et des cliniciens dans les écoles. De telles ressources peuvent inclure des tests de fentanyl, des aiguilles propres, ou encore la chance de parler à des conseillers sans avoir peur d’avoir des ennuis juridiques ou avec ses parents. Jusqu’à présent, il y a eu peu ou pas de soutien pour les élèves ayant ces dépendances.

Nous avons demandé à un élève du Collège Jeanne-Sauvé sous couvert d’anonymat ce qu’il pensait de la disponibilité des ressources en réduction des méfaits dans les écoles de la Division scolaire Louis Riel :

« Je pense que c’est une bonne chose parce que cela aide les étudiants. Ça permet de pouvoir parler de ce genre de choses, ça crée un espace sûr. Sinon, les étudiants iront simplement ailleurs pour se faire des choses nuisibles. Mais je n’ai pas entendu d’enseignants parler des dépendances ou aider des étudiants à ce sujet dans l’école. »

Nous avons également parlé à Jennifer Girardin, travailleuse sociale à la Division scolaire Louis-Riel, pour savoir si la Division dispose de suffisamment de ressources pour ses élèves.

« Les cliniciens scolaires sont très occupés parce qu’il y a beaucoup de besoins dans nos écoles, en particulier nos écoles secondaires. C’est pourquoi il y a deux travailleurs sociaux pour chaque école secondaire. Nous pourrions tous les deux être ici toute la semaine à temps plein, nous ne serions probablement toujours pas en mesure de soutenir tous les enfants qui en auraient besoin. »

Quand et comment intervenir?

Il est difficile de savoir quand intervenir dans les habitudes de quelqu’un. Voici des signes qui pourraient indiquer qu’un jeune est tombé dans la consommation de drogues illicites : un changement de comportement, d’appétit, d’amis, ou d’apparence.

Jennifer Girardin dit que quand des questions se posent sur les habitudes de quelqu’un, il est important de s’informer sur l’état de sa santé mentale. En effet, il est difficile de voir quand une dépendance commence, mais c’est souvent très lié à la santé mentale.

Comparé à la population générale, les personnes ayant une pauvre santé mentale ont deux fois plus de chances de développer une dépendance à des substances illicites, et au moins 20 % des personnes avec des troubles de santé mentale abusent déjà de substances illicites.

Avec cette statistique, on voit bien à quel point ce problème est commun. On a déjà mentionné certaines ressources, mais comment peut-on aider de façon plus personnelle?

Être patient

C’est important d’être patient et d’essayer de notre mieux d’être à l’écoute. Il faut aussi encourager les personnes aux prises avec des dépendances à aller consulter des professionnels, parce que les ressources professionnelles sont l’option la plus utile et importante.

Cependant, le groupe d’âge le plus susceptible d’avoir des addictions est les 15-24 ans. De façon réaliste, les ressources payantes ou nécessitant du transport pour les atteindre peuvent donc être difficiles d’accès pour ces jeunes.

Et même quand ils trouvent le moyen d’y avoir accès, la liste d’attente pour obtenir une évaluation était en 2019-2020 au Manitoba de 12,1 semaines.

C’est pourquoi c’est si important d’avoir de l’aide disponible directement dans les écoles pour les étudiants. Et en attendant d’avoir ces ressources, il existe des ressources gratuites comme les groupes Alcooliques Anonymes et Narcotiques Anonymes, ou encore les numéros de téléphone 24/7 comme Jeunesse j’écoute et Espace mieux-être Canada.

Non au stigma

En plus d’améliorer l’accès aux services de soutien, en particulier pour les jeunes, il est tout aussi important de travailler à effacer le stigma entourant les problèmes de dépendances.

Souvent, lorsque nous voyons des adolescents ou des adultes avec une dépendance, nous avons tout de suite en tête des stéréotypes sur cette personne. Cette stigmatisation et ces préjugés à l’encontre des usagers peuvent se présenter de différentes manières : des relations tendues avec les membres de la famille et de la société, des préjugés dans le système médical, etc.

Ceci peut rendre la démarche de demander de l’aide plus difficile pour les gens concernés parce qu’ils craignent d’être jugés, d’avoir des démêlés avec la justice, ou d’être expulsés par des membres de leur famille.

Pourtant, il est important de se rappeler que la dépendance n’est pas un choix. Nous pouvons mettre fin à la stigmatisation en sensibilisant davantage dans les écoles, en ne définissant pas les gens par leurs dépendances, en n’utilisant pas d’argot péjoratif, et en faisant preuve d’empathie plutôt que de juger.