À l’occasion du mois de l’histoire des Noirs qui a lieu, chaque année, en février et de la deuxième édition de l’évènement Noir et fier, Wilgis Agossa organise un concours de slam. Le thème est le métissage et tout le monde est invité à proposer un texte d’ici le 15 janvier.

Par Jonathan SEMAH

En 2022, pour la première de Noir et fier, Wilgis Agossa, l’organisateur, présentait au Théâtre Cercle Molière (TCM) une exposition mêlant photos, vidéos, balados et contenus éducatifs.

Cette année, en plus de cette exposition qui sera de retour dès le 5 février, l’artiste a voulu proposer un élément supplémentaire : un concours de slam. Jusqu’au 15 janvier, il est donc possible d’envoyer un texte avec la chance de gagner de nombreux prix et de le présenter le 28 février au TCM lors de la soirée slam. « Tous les textes seront lus par un comité formé pour l’occasion. Et je pense que les 10 meilleurs seront présentés à cette soirée. » (1)

Wilgis Agossa revient sur ce projet et donne plus de détails sur comment il a eu cette idée. « Depuis la première l’année dernière, l’envie a toujours été de faire grandir l’évènement en y ajoutant des éléments. Quand on parle de culture noire, c’est une culture très poétique, avec beaucoup de richesses dans le langage. Puis la tradition orale est aussi un élément omniprésent. En pensant à tout ça, ça a fait comme un déclic. Je me suis alors dit que ça serait vraiment génial que les gens puissent laisser libre cours à leur créativité à travers des textes. »

| S’exprimer

Le slam est ensuite venu tout aussi naturellement. C’est un genre dont Wilgis Agossa se sent proche et pour lequel il faut travailler ses textes de manière habile. « C’est un art poétique et musical qui se rapproche beaucoup du rap. Et l’on sait que le rap a été un canal par lequel plusieurs personnes noires se sont exprimées. Parfois de façon violente. Mais ça reste un genre musical qui permet de faire sortir aux gens librement toute la frustration qu’ils peuvent avoir en eux. »

Wilgis Agossa est aussi très sensible à l’usage des mots qui peuvent blesser, mais aussi guérir. « Mettre des mots sur les maux de notre société est vraiment important, et le slam permet ça. C’est quelque chose qui revient dans certaines discussions que j’ai eu avec des personnes métissées. Elles se sentent mal, car ce n’est pas le terme qui leur est rattaché au Manitoba. On parlera de personnes “mulâtres”, un terme très péjoratif qui ne se comprend pas. Tant que les autres ne savent pas ce qui peut blesser ou être mal inter-prété, ils continueront à faire des erreurs. L’idée principale reste donc la sensibilisation pour qu’on puisse avancer ensemble comme une communauté. »

| Un thème fédérateur

Au sujet des textes attendus, le coordonnateur du projet a donc mis un thème en avant : le métissage. Ce thème n’a pas été choisi au hasard et a été le fruit de discussions et de rencontres.

« Après la première édition, j’ai beaucoup réfléchi. J’ai beaucoup d’amis qui vivent dans des couples mixtes, mes propres enfants sont des enfants métissés. Il y a donc eu réflexion : Quelle place ont ces personnes dans le Noir et fier? Jusqu’à quel point peuvent-elles se réclamer de la culture noire? Mais pour moi, c’est essentiel d’être le plus ouvert possible et d’inclure le plus grand nombre. Le mois des Noirs existe depuis longtemps et il y a encore des défis liés aux Noirs à travers la planète. Mais est-ce seulement aux Noirs de régler ces défis? Je ne pense pas. Donc plus il y a du monde sensibilisé et qui se joint au mouvement de façon positive et pacifique, plus on pourra avancer ensemble. »

| Un lien à créer

Wilgis Agossa va même plus loin sur le métissage. Avec ce thème il y voit un bon moyen de créer du lien entre les gens. « Métissage, c’est aussi tisser. Tisser des relations et se mettre ensemble pour un bien commun. Donc tout au long du mois, nous allons développer ce sujet. À travers, le slam, l’exposition et encore d’autres choses. »

Pour le reste des critères, il n’y a aucune restriction. Le texte peut être court ou long et peu importe sa culture, son identité ou sa couleur de peau, tout le monde est invité à proposer un texte. « J’encourage tout le monde à participer. On veut s’ouvrir au maximum et ne pas être juste fermé sur une identité. »

Outre le TCM, ce projet est porté par près d’une dizaine de partenaires : le Musée canadien pour les droits de la personne, le RIF Manitoba, l’Accueil francophone, la SFM, la DSFM, le CDEM, Pluri-elles et La Liberté.

(1) Vous pouvez envoyer vos textes à cette adresse courriel : [email protected]