FRANCOPRESSE – L’augmentation des cibles en immigration et l’injection substantielle de fonds gouvernementaux se trouvent au cœur du deuxième Livre blanc sur la francophonie économique. Le Réseau de développement économique et d’employabilité (RDÉE Canada), qui signe le document, propose un plan de cinq ans qui mise notamment sur la création de programmes spécifiques en immigration et en développement économique francophone.

Mélanie Tremblay — Francopresse

Cette seconde édition du Livre blanc est présentée dans un contexte économique transformé depuis la première mouture déposée en 2016, observe Jean-François Parent, gestionnaire de la recherche et de l’analyse des politiques gouvernementales au RDÉE Canada. « En 2016, on était dans un esprit de croissance. Maintenant, on est en reprise », explique-t-il.

Selon le document, cette reprise économique francophone doit passer par l’augmentation des cibles en immigration pour au moins stabiliser le poids démographique des francophones en contexte minoritaire.

Pour ce faire, l’organisme réclame une meilleure collaboration entre les ministères impliqués. Il dénonce au passage le projet de loi C-13 qui «ne prévoit toutefois pas de coordination pangouvernementale dans la mise en œuvre de la Loi» et qui devrait comprendre «un meilleur contrôle des langues officielles auprès des entreprises de compétences fédérales et un bilinguisme accru des hauts fonctionnaires canadiens».

Des fonds nécessaires pour les francophones

Le Livre blanc appelle également à une injection substantielle de fonds fédéraux dans la relance économique.

« La communauté francophone ne peut pas rester dans un statuquo. On est en période de réduction des effectifs, il faut renverser la vapeur et ça passe par une injection de capitaux, par un investissement dans la francophonie et ça nécessite un Plan d’action bonifié », affirme Jean-François Parent qui insiste sur le fait que les secteurs privé, communautaire et gouvernemental doivent collaborer pour atteindre l’objectif.

Pour la sénatrice indépendante Lucie Moncion, qui a présenté le lancement du Livre blanc avec le RDÉE Canada le 8 février, l’appui gouvernemental existe, mais les ressources financières sont nécessaires pour permettre la croissance économique francophone.

« On s’entend que la francophonie est à part du système anglophone qui n’a pas les mêmes préoccupations et n’a pas besoin du même support financier que les communautés où il y a des francophones. Quand on travaille dans un gouvernement qui est majoritairement anglophone, il y a une certaine compréhension, mais ce n’est pas aussi grand que ce qu’on voudrait voir », assure-t-elle.

Portrait démographique désuet

L’accès à des données démographiques mises à jour à partir du recensement de 2021 deviendra le point de départ à la création de projets économique pour les communautés francophones, selon Jean-François Parent. Ces données sont nécessaires « pour mieux comprendre les besoins dans les communautés. Une fois que ces besoins vont être compris, on va se pencher sur la suite des choses. »

En attendant des données démographiques mises à jour, le Livre blanc cible tout de même l’immigration et l’intégration des immigrants francophones pour améliorer le sort des communautés qui font face à la pénurie de main-d’œuvre.

« Pour s’attaquer aux questions de main-d’œuvre, il faudra un parcours distinct d’immigration francophone, principalement l’immigration économique séparée des initiatives comme Entrée express. C’est une volonté qui est partagée par la FCFA. Ça nous prend un outil adapté aux besoins des communautés francophones qui est différent du parcours entrepris par l’immigration anglophone », précise-t-il.

En plus de l’immigration, le Livre blanc cible six pôles d’intervention, dont la petite enfance, la main-d’œuvre et l’employabilité et le tourisme francophone.

« C’est un secteur d’activités auquel on n’a pas toujours le réflexe de penser, précise Jean-François Parent. Pour les communautés francophones, c’est quelque chose d’extrêmement valorisant et qui permet de les distinguer », ajoute-t-il.

Le RDÉE demande notamment au gouvernement d’évoquer « clairement le bilinguisme officiel du Canada au cœur de sa stratégie canadienne en matière de tourisme » et une injection de 10 millions de dollars dans des projets de valorisation, de développement, d’expansion et de relance dans le secteur du tourisme.

Le RDÉE lance un appel à la responsabilisation de tous les secteurs et propose une feuille de route sur cinq ans pour réaliser les 23 recommandations de son Livre blanc.