Pendant 15 jours, musique, danse, théâtre et cirque vont mettre à lhonneur la culture canadienne et insulaire, notamment à travers une sélection dartistes francophones. Il s’agit d’une occasion de mettre en lumière les valeurs communes entre les pratiques sportives et artistiques.

Marine Ernoult

Plus de 150 artistes, 40 concerts, 20 scènes de spectacle ; le volet culturel des Jeux d’hiver du Canada promet d’être riche. La manifestation, appelée Festival de l’illumination, démarre le 19 février, pour deux semaines de festivités.

Au rendez-vous : de la musique bien sûr, mais aussi de la danse, du théâtre, des arts du cirque et des arts visuels. Des démonstrations culinaires et d’artisanat seront également proposées au public.

« Les Jeux ont une longue tradition artistique », souligne Tanya Gallant, directrice des cérémonies et de la culture au sein de la Société hôtesse des Jeux du Canada.

L’objectif affiché? Faire rayonner la culture pancanadienne, mais aussi celle de la province hôte, l’Île-du-Prince-Édouard, et ce dans les deux langues officielles. « On veut que la communauté insulaire se sente partie prenante, que son esprit soit reflété », observe la responsable.

Une vingtaine dartistes francophones

Les artistes à l’affiche ont été sélectionnés à l’issue d’un long processus de consultation. La société organisatrice des Jeux a notamment réalisé des sondages auprès des athlètes et des membres de la communauté culturelle de l’ile afin de connaitre leurs attentes et leurs gouts musicaux. « On veut que tout le monde ait du fun », sourit Tanya Gallant.

Résultat : parmi les artistes choisis, une vingtaine sont francophones et plus de 75 sont originaires de l’Île-du-Prince-Édouard. Pour le reste, ils viennent de toutes les grandes régions du pays, du Nord aux Prairies en passant par les Maritimes.

La programmation musicale, éclectique, met en lumière de jeunes talents comme les Prince-Édouardiens Fraser McCallum et Jonny Ray Arsenault.

« C’est très excitant de partager un morceau de culture insulaire avec des personnes de partout au Canada. On va pouvoir faire briller notre communauté d’artistes, on est comme une petite famille ici », témoigne Fraser McCallum. L’auteur-compositeur-interprète, aux inspirations folks rocks, se produit en solo, ainsi qu’avec son groupe Racoon Bandit.

Quelques têtes d’affiche vont également donner le la pendant ces 15 jours de festivités, comme Serena Ryder, Tom Jackson, les Hôtesses d’Hilaire ou encore Lennie Gallant.

« Le hockey représente une grande partie de ma vie, alors c’est spécial pour moi de jouer devant tant d’athlètes… C’est un honneur, car c’est rare d’avoir un évènement d’une si grande ampleur à l’ile », se réjouit Lennie Gallant.

« Amener lart partout »

Le musicien, originaire de l’Île-du-Prince-Édouard, présente son spectacle, Searching for Abegweit, au Centre des arts de la Confédération. Il se produira également à deux reprises avec Sirène et Matelot, le duo qu’il forme avec l’Acadienne Patricia Richard.

Au-delà des concerts, trois expositions en lien avec le sport sont ouvertes au public. À Charlottetown, le Centre des arts de la Confédération en consacre une aux athlètes autochtones, noirs et de couleur de l’Île-du-Prince-Édouard. Une série de photos et de dessins interrogent sur la place que ces personnes minorisées occupent dans le sport. Toujours dans la capitale provinciale, le théâtre The Guild présente les planches d’une bande dessinée sur le sport réalisée par de jeunes insulaires. À Summerside, le centre culturel Eptek met lui à l’honneur le travail d’enfants, scolarisés de la maternelle à la sixième année. Des poèmes et des œuvres d’art, reflétant l’esprit des Jeux, sont affichés.

Si la majorité des évènements ont lieu à Charlottetown et Summerside, certaines activités sont délocalisées dans des communautés plus rurales. « On veut amener l’art partout, attirer le plus de monde possible », insiste Tanya Gallant. L’objectif est d’attirer les habitués des arts dans les lieux sportifs et vice-versa.

Prouesse et adrénaline

« Cette dimension est essentielle, car elle permet de se faire se rencontrer des publics différents, analyse Christine Dallaire, professeure en sciences de l’activité physique à l’Université d’Ottawa. D’un côté, les Jeux attirent des gens qui ne s’intéressent pas au sport, de l’autre, ils démocratisent la culture auprès des jeunes sportifs. »

L’universitaire estime qu’en associant sport et culture, les Jeux du Canada en révèlent les valeurs communes, comme la « recherche de l’excellence », le « développement des talents » et la « diversité ».

« Je pense qu’il y a quelque chose de semblable dans l’intensité des sentiments ressentis par un artiste sur scène et un athlète sur la glace ou dans un gym, abonde Patricia Richard. On accomplit une sorte de prouesse à chaque fois, il y a une espèce d’adrénaline, ça nous stimule et nous touche énormément, au plus profond de notre corps. »

Un sentiment que partage Fraser McCallum. Le trentenaire évoque ainsi le « bien-être » provoqué par le sport et la musique : « Les deux nous poussent à être meilleurs, à faire entendre notre voix, à faire preuve de leadeurship, de persévérance et de rigueur. »