Selon la Mesure de faible revenu de la famille de recensement après impôt, près d’un million d’enfants (999 110) vivent en situation de pauvreté. Il s’agit tout de même de 314 290 enfants pauvres de moins qu’en 2019.

Le présent rapport, utilisant les données des déclarants de 2020 – les plus récentes disponibles – révèle que le taux de pauvreté infantile a également baissé à 13,5 % par rapport à 17,7 % l’année précédente. Il s’agit de la plus importante réduction annuelle depuis la promesse du gouvernement fédéral en 1989 d’éliminer la pauvreté infantile.

« Ce résultat est attribuable en grande partie aux prestations temporaires de la pandémie », analyse le rapport. Avant de rappeler : « Ces prestations ont toutes été retirées de sorte que le progrès réalisé risque de s’effriter. »

Leila Sarangi, directrice nationale de Campagne 2000 et coautrice du rapport, va dans le même sens. « La leçon ici est indéniable. Les transferts gouvernementaux versés en espèces aux familles peuvent réduire, voire éliminer la pauvreté financière, et le faire très rapidement ».

Le rapport avertit aussi que « sans les prestations temporaires de la pandémie, 1,5 million d’enfants auraient vécu en situation de pauvreté. »

« C’est tout à fait inacceptable d’avoir un taux de pauvreté infantile aussi haut dans un pays aussi riche que le Canada. La grande majorité des enfants pauvres sont des enfants autochtones, particulièrement des enfants qui vivent dans des conditions de tiers-monde. »

Niki Ashton, députée de la circonscription de Churchill—Keewatinook Aski

Des difficultés au nord du Manitoba

Si ces résultats démontrent un progrès, plusieurs provinces et territoires tirent encore de l’arrière sur ce sujet. C’est le cas du Manitoba. Même si la province enregistre une diminution de 7,7 points, en 2020, c’est 20,7 % des enfants manitobains qui grandissaient dans la pauvreté. Le Manitoba accusait aussi le deuxième taux de pauvreté le plus élevé pour les enfants âgés de moins de six ans avec 24 %.

Dans le nord de la province, la circonscription de Churchill—Keewatinook Aski a un des taux de pauvreté infantile les plus élevés du pays avec 39,2 %. Niki Ashton est membre du Nouveau Parti démocratique et députée de la circonscription de Churchill—Keewatinook Aski. « C’est tout à fait inacceptable d’avoir un taux de pauvreté infantile aussi haut dans un pays aussi riche que le Canada. La grande majorité des enfants pauvres sont des enfants autochtones, particulièrement des enfants qui vivent dans des conditions de tiers-monde. »

La députée a également remarqué que les prestations temporaires liées à la pandémie ont aidé beaucoup de monde, notamment les résidents de sa circonscription. « Le message est clair : il faut continuer avec un tel soutien. Même si la crise de la pandémie est passée, nous avons toujours une crise de pauvreté. »

Niki Ashton
Niki Ashton, députée de la circonscription de Churchill—Keewatinook Aski. (photo : compte Twitter officiel)

Le ministre des Affaires du Nord Dan Vandal salue les progrès déjà effectués et rappelle l’importance de travailler avec tous les niveaux de gouvernement. « Notre gouvernement continue d’investir dans des soutiens importants qui contribuent à rendre la vie plus abordable pour les familles et les enfants partout au Canada. Cela comprend la Prestation canadienne pour enfants qui a aidé à sortir plus d’un million d’enfants de la pauvreté depuis 2015, la nouvelle Prestation dentaire canadienne et l’expansion des services de garde à 10 $ par jour pour que les familles aient accès à des places de qualité et abordables. Nous travaillons avec tous les paliers de gouvernement, les communautés autochtones et d’autres partenaires pour prendre des mesures concrètes contre la pauvreté des enfants. Au cours des sept dernières années, nous avons fait des progrès pour réduire la pauvreté infantile dans tout le pays, mais nous savons qu’elle reste disproportionnée dans certaines régions rurales et éloignées du pays pour les enfants des Premières nations, des Inuits et des Métis, ainsi que pour les familles racialisées et immigrantes. »

D’autres investissements à faire

Niki Ashton appelle aussi à d’autres investissements, notamment dans le logement abordable et souhaite un meilleur partage des richesses avec les communautés autochtones et du nord. « Les conditions de logement chez nous peuvent être très mauvaises. Les communautés autochtones vivent une crise du logement. Donc, les solutions sont claires : le soutien économique, l’aide au logement et la reconnaissance que la pauvreté infantile, c’est la pauvreté des femmes et des communautés. On a le pouvoir de faire bouger les choses. »

Dan Vandal
Dan Vandal, ministre des Affaires du Nord et député de la circonscription Saint-Boniface-Saint-Vital. (photo : Archives La Liberté)

Sur le front des investissements, le député Vandal de la circonscription Saint-Boniface—Saint-Vital sait tout le travail qu’il reste à faire. L’homme politique met aussi en avant l’une des dernières actions concrètes pour aider les familles et les enfants. « Aujourd’hui, nous avons lancé un projet pilote qui créera 1 670 nouvelles places en garderie dans les collectivités rurales et les Premières nations de la province, de Melita à la nation crie de Norway House, dans le Nord du Manitoba. Nous allons poursuivre ce travail important et rendre la vie plus abordable pour les familles, les enfants et tous les Canadiens. »

Pour information, le présent rapport mesure la pauvreté en utilisant la Mesure de faible revenu de la famille de recensement après impôt (MFRFR-ApI), qui correspond à 50 % du revenu médian d’une famille d’une taille donnée. Dans le détail, pour un parent seul avec un enfant, le revenu annuel estimé est de 33 907 $, pour un parent seul avec deux enfants ou un couple avec un enfant, le seuil est à 41 528 $.

Le rapport indique également que la MFRFR est une « mesure relative de la pauvreté qui surveille les variations au chapitre des conditions de vie et compare les conditions de vie des personnes et des familles à faible revenu à celles du reste de la société. »