En date du 5 février 2023, le gouvernement du Canada estimait à 158 277, le nombre de réfugiés ukrainiens sur son territoire. 

Tous ont fui un pays ravagé par la guerre, tout comme les grands-parents de Mark Myrowich 105 ans plus tôt. « Eux aussi sont arrivés d’Ukraine, raconte leur petit-fils. J’imagine à peine les difficultés auxquelles ils ont dû faire face. Alors quand la guerre en Ukraine a commencé, j’ai voulu aider. » 

Par ses origines, Mark Myrowich s’est senti particulièrement concerné par cette nouvelle vague migratoire forcée provenant de l’est de l’Europe. 

Alors il s’est mis au travail : « J’ai commencé par passer beaucoup de temps sur les réseaux sociaux, à répondre aux questions des Ukrainiens qui comptaient venir ici. » Forcément, on s’interroge sur la férocité de l’hiver, où vais-je mettre mes enfants à l’école? Mais aussi, est-ce que je vais trouver du travail? 

Accueillir les réfugiés

Justement, ça tombe bien, Mark Myrowich est propriétaire de deux usines de fabrication dans la région environnante à Winnipeg et les bras commençaient à manquer. 

« J’ai donc fini par leur proposer de travailler pour moi. » L’homme d’affaires s’est alors débrouillé pour trouver une famille ayant la capacité d’héberger les nouveaux arrivants et leur famille temporairement. Sur les 12 employés de son usine, à présent, 10 d’entre eux sont ukrainiens. Très vite, les deux usines ont accueilli un nombre similaire de réfugiés. « Il y’avait beaucoup de roulement d’effectifs dans mes usines et j’avais beaucoup de mal à embaucher. Je voulais aider ces réfugiés, mais en réalité, ce sont eux qui m’ont aidé. » Et le winnipégois n’hésite pas à mettre la main à la poche. À tel point que certains Ukrainiens se sont même montrés suspicieux à son égard. 

Visiblement amusé, l’entrepreneur raconte : « Je suis entré en contact avec un père de famille en transit en Espagne. Sa fille souffre d’une maladie et son histoire m’a beaucoup touché alors je lui ai offert un travail et lui ai proposé de payer pour ses billets d’avion. Il m’a alors demandé si j’étais croyant. Il pensait que je souhaitais l’enrôler dans une secte. (rires) » 

Une nouvelle aventure 

Alors que la liste des demandeurs d’asile continuait de s’agrandir, Mark Myrowich quant à lui, a vite été à court de place pour les aider. Il a donc décidé de s’y prendre autrement. 

« Je continuais de recevoir des CV et je les distribuais à des amis ou d’autres entreprises qui avaient elles aussi du mal à recruter. » 

Au fil d’une conversation avec l’un de ces nouveaux arrivants, Mark Myrowich apprend que ce dernier est web designer. Il lui propose alors de créer un site Internet et de monter une agence de recrutement, uniquement pour les réfugiés ukrainiens. Myrowich Staffing Agency est née le 29 septembre 2022. « Nous avons décidé d’utiliser mon nom de famille, car nous nous sommes dit que les réfugiés feraient plus facilement confiance à quelqu’un qui porte un nom ukrainien. » 

Âgée de trois mois seule-ment, l’agence est parvenue à trouver du travail à une centaine de réfugiés environ et ses employés, tous Ukrainiens bien sûr, travaillent sur près de 1 300 dossiers. « Notre mission dorénavant, c’est d’identifier les compétences des gens qui nous envoient leur CV et les mettre en relation avec les employeurs qui font appel à nous. » Pour information, les postes pour lesquels l’agence a eu le plus de demandes concernaient soit le domaine de la restauration, où bien ce sont des soudeurs qui étaient recherchés. 

Des émotions

Cette nouvelle aventure entrepreneuriale, couplée aux personnes qu’il a rencontrées, a apporté beaucoup à Marc Myrowich sur le plan personnel. D’ailleurs, ses yeux se mouillent légèrement lorsqu’il se remémore son repas de Noël, durant lequel il a reçu un message de la part d’une des femmes qu’il a eu l’occasion d’aider : « Elle m’a remercié en me disant que son mari venait de recevoir son premier chèque ici au Manitoba. Cela m’a particulièrement touché, car elle m’avait confié qu’en Ukraine, c’était eux qui apportaient leur aide aux autres. » 

En tout cas, le petit-fils d’immigrés, n’est pas là d’oublier l’année qui s’est écoulée et les gens qu’il a rencontrés, qu’ils soient encore au Manitoba ou pas. « Je leur souhaite à tous le meilleur. Je suis vraiment heureux de faire partie de leur vie. »