La décision anticipée par de nombreux analystes place l’institution canadienne en opposition avec la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine, qui a laissé entendre mardi que d’autre hausses de taux pourraient être annoncées afin de lutter contre l’inflation persistante aux pays.

Compte tenu de la “faible croissance attendue dans les prochains trimestres”, la Banque du Canada estime que “les pressions sur les marchés” devraient s’alléger et à terme continuer de faire baisser l’inflation, mais elle reste prête à relever son taux si besoin.

En janvier, elle s’attendait à une croissance du produit intérieur brut (PIB) d’environ 1 % en 2023 et 2 % en 2024.

Ce dernier a fortement ralenti au quatrième trimestre en terminant l’année stable, bien en deçà des attentes des analystes, après avoir enregistré cinq hausses consécutives.

Malgré un marché du travail “très tendu”, la banque centrale avance dans un communiqué que sa “politique monétaire restrictive continue de peser sur les dépenses des ménages” et ralentit la demande intérieure et étrangère, suggérant un ralentissement de l’inflation sur le long terme.

Elle s’attend notamment à ce que l’inflation “descende pour avoisiner 3 % au milieu de l’année”, toujours au-dessus de son objectif de 2 %.

Le taux d’inflation atteignait 5,9 % au Canada en janvier.

Début février, le gouverneur de la Banque du Canada Tiff Macklem avait estimé que “la politique monétaire fonctionne” et que l’institution prenait un “virage” dans sa lutte contre l’inflation.

La dernière augmentation d’un quart de point réalisée en janvier était la plus petite réalisée depuis le mois de mars, alors que la banque centrale ne cessait d’augmenter son taux depuis janvier 2022. Ce mois-là, il était fixé à 0,25 %.

Le taux actuel est le plus haut enregistré depuis 2007.

“La Banque du Canada a laissé la porte ouverte à une augmentation des taux d’intérêt si les choses ne se déroulent pas comme prévu”, note toutefois Royce Mendes, analyste financier à la banque Desjardins.

Mais compte tenu de la “formulation relativement neutre de la déclaration”, il ajoute que les marchés ont baissé leurs attentes quant à de nouvelles augmentations à venir.

Enfin, la banque centrale canadienne souligne les perspectives de croissance et d’inflation plus élevées à court terme aux Etats-Unis et en Europe, ainsi que des risques de hausse des prix des produits de base liés à la reprise de l’économie chinoise et à la guerre en Ukraine.

Ces facteurs ont contribué au resserrement des conditions financières mondiales et à l’appréciation du dollar américain, estime l’institution.

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