Camille Langlade

Pour Brigitte Kropielnicki, directrice générale du Conseil scolaire du Nord-Ouest de l’Alberta, cette entente reste très avantageuse pour les parents. « Au lieu de payer 950 $ [par mois], ils payent autour de 500 $. C’est la moitié des frais. C’est très bien pour les parents, ça leur donne une chance de placer leur argent ailleurs, surtout une famille qui a plus d’un enfant. »

Le Conseil scolaire gère trois écoles francophones dans le Nord-Ouest de la province, dont une garderie à l’école Nouvelle Frontière à Grande Prairie, depuis 2019. « Avant qu’on ouvre nos portes à Grande Prairie, il n’y avait aucun service de garde en français », rappelle la directrice.

Depuis la mise en place de l’accord fédéral-provincial, le service de garde est plein. « Des familles avaient retiré leurs enfants, surtout pendant la pandémie, car elles n’avaient plus les moyens de payer. Un parent demeurait à la maison. »

La directrice générale explique que « depuis que l’entente est entrée [en vigueur,] il y a des familles qui sont revenues aux services de garde et les parents sont retournés au travail. Cela aide la communauté de Grande Prairie qui en général a besoin d’employés dans tous les secteurs. Ça fait boule de neige positivement. »

Le Centre scolaire du Nord-Ouest explore actuellement la possibilité d’ouvrir une garderie à l’École des Quatre-Vents à Peace River.

L’Accord entre le Canada et l’Alberta sur l’apprentissage et la garde des jeunes enfants prévoit un investissement de 3,8 milliards de dollars entre 2021 et 2026, « ce qui permettra de créer jusqu’à 68 700 nouvelles places en garderie agréée », rapporte le ministère des Services à l’enfance de la province.

« Ce travail comprendra des initiatives ciblées visant à créer des places pour les familles issues de populations diverses et mal desservies, y compris, mais sans s’y limiter, les familles francophones. »

Mais les listes d’attente des garderies ne raccourcissent pas. Selon une étude de la Fédération des parents francophones de l’Alberta (FPFA) et du Conseil de développement économique de l’Alberta (CDEA) présentée le 13 février 2023, il manque de places dans les services de garde francophones de plusieurs zones, y compris à Calgary et à Edmonton.

Déserts de services francophones

« Plusieurs quartiers de [Calgary et Edmonton] ne comptent aucune place en garderie à temps plein alors qu’un nombre important de francophones y demeurent. Selon nous, il est possible d’agir en y créant un site de garderie aussitôt que possible », peut-on lire dans le rapport.

« On a dévoilé que pour six enfants francophones en Alberta, il y a moins d’une place en service de garde. On est extrêmement mal desservis », alerte Mireille Péloquin, directrice générale de la FPFA.

« Il y a des quartiers en Alberta qui sont bien servis, puis il y en a même où on dit qu’il existe des services, mais ce n’est quand même pas adéquat. Il n’y a pas suffisamment de places. » Cela pousse certaines familles à se tourner vers des services anglophones, déplore-t-elle.

Avec ce genre d’étude, la FPFA espère constituer une base de données qui pourrait être utile au gouvernement dans ses futures prises de décisions : « C’est le message qu’on est en train de passer au gouvernement provincial, de leur dire : si vous allez financer, si vous recevez des demandes pour des francophones, voici où sont nos besoins », déclare Mireille Péloquin.

De bons rapports avec le ministère

Selon elle, il faudrait apporter des modifications à l’entente fédérale-provinciale. Pour cette raison, la FPFA essaie de travailler avec le gouvernement albertain. « On croit que si on n’exprime pas c’est quoi nos besoins, c’est difficile pour eux de deviner. On a quand même de bons contacts avec les administrateurs du côté du ministère. »

Car malgré le coup de pouce financier des services de garde à 10 $ par jour, les francophones se trouvent toujours lésés en Alberta : « Il y a beaucoup de déplacements pour un parent qui veut avoir accès à un service de garde en français, remarque Mireille Péloquin. Ça demande des ressources supplémentaires. Tandis que pour un anglophone, c’est plus accessible. »

Même si les frais des services de garde sont les mêmes pour les parents des deux communautés linguistiques, « la subvention va beaucoup plus loin pour la majorité, parce que c’est à côté de chez eux. Pour le francophone qui a la même subvention, mais qui doit traverser la ville, à la fin de la journée, la subvention est moins importante », conclut la directrice générale de la FPFA.