Né à Gatineau au Québec, c’est en majeure partie dans la capitale manitobaine qu’André Lewis a construit sa longue carrière. Il a d’abord rejoint la division professionnelle du Ballet Royal de Winnipeg (RWB) en tant que danseur en 1975. Il a été promu au rang de soliste en 1982 et a pris sa retraite de la danse en 1990. « André Lewis a été la force motrice derrière des oeuvres innovantes et des classiques. Il a demandé à de nouveaux chorégraphes et à des chorégraphes expérimentés des oeuvres originales, tout en maintenant une identité canadienne distincte », peut-on lire sur le site du RWB. 

Alors que la compagnie winnipégoise a acté son départ il y a quelques semaines, André Lewis admet avoir reçu beaucoup de messages de sympathie. « Il y a eu beaucoup de réactions, beaucoup de messages de félicitations qui soulignaient ma bonne carrière », souligne-t-il humblement. 

Pour se donner du temps de trouver une nouvelle direction, le RWB a par ailleurs annoncé qu’André Lewis ne quittera ses fonctions qu’au printemps 2025. En effet, la compagnie de danse cherche en fait deux personnes : une personne à la direction artistique et une personne pour le poste de directeur général. Un processus de transition va donc se mettre en place petit à petit. Processus pour lequel André Lewis aura une place. « En partie, je pense que oui. Je ne sais pas encore comment les gens du conseil d’administration veulent faire, mais, oui, je pense que j’aurai une voix. Mais, pour finir, ce ne sera pas à moi de faire les choix. » 

Étudiant, danseur et responsable, André Lewis a tout connu au RWB. Même le pire avec la COVID-19 qui a arrêté les spectacles. Pour les derniers mois qu’il lui reste à faire, André Lewis souhaite rattraper le temps perdu à cause de la pandémie. « Ça a été certainement une des périodes les plus dures. Ç’a été très difficile pour toutes les organisations artistiques. Mon espoir était de sortir de ça et maintenant d’avancer pour proposer de beaux spectacles. » 

Image moderne 

Au cours de sa longue carrière, André Lewis a vu l’image du ballet se démocratiser et devenir plus populaire. Le ballet évolue notamment dans un cadre plus sportif présentement. « L’image est devenue plus athlétique qu’à une époque plus ancienne. C’est quelque chose d’important pour les hommes et les femmes d’avoir une bonne tension athlétique. » 

Autre élément important à propos du ballet est les préjugés que pouvaient renvoyer cette pratique. Souvent catégorisée comme étant une discipline féminine, les jeunes garçons pouvaient se sentir jugés en faisant de la danse. André Lewis avait d’ailleurs vécu cette situation, et l’avait décrite lors d’une entrevue réalisée par La Liberté à l’été 2022. « Je me faisais beaucoup taquiner puisque j’étais un garçon et je faisais du ballet. Alors j’ai décidé de faire de la gymnastique à la place », expliquait-il. 

Sur ce point, André Lewis indique que les choses ont largement évolué de nos jours. Selon lui, les jeunes garçons peuvent être plus à l’aise. « C’est beaucoup moins vu comme une discipline féminine. Ça l’était quand j’étais jeune, mais les mentalités ont évolué maintenant. » 

De manière générale, André Lewis, Ordre du Manitoba 2022, souhaite rappeler que le ballet est ouvert à tous et à toutes. Tout en ajoutant que de grandes carrières nationales et internationales sont possibles à qui ose se lancer. « Aux jeunes danseurs et danseuses, je leur dis : si vous avez le désir de le faire, faites-le et allez-y à fond. C’est une carrière magnifique, j’ai adoré mes années en tant que danseur de ballet. D’un point de vue physique, théâtral et émotionnel, c’est quelque chose de fort. » 

Pas de retraite prévue 

C’est d’ailleurs le travail quotidien avec les danseurs et danseuses qui va manquer le plus à André Lewis après son départ. « Être dans le studio, les regarder et les aider, c’est vraiment ce qui me plaît le plus! » 

Alors qu’il sera âgé de 70 ans en 2025, André Lewis l’assure : la retraite, ce n’est pas pour maintenant! Ce n’est que la fin de sa collaboration avec le RWB. Il a plusieurs autres projets en tête pour l’avenir. « Je ne suis pas très intéressé à rester à la maison et ne rien faire. Je pense peut-être à l’humanitaire, mais je n’ai pas encore d’idée fixe. J’espère aussi avoir l’occasion de voyager et faire des choses dans d’autres communautés. »