Par Michel COMTE

Face à la hausse du coût de la vie, la ministre des Finances Chrystia Freeland a également annoncé une aide ciblée aux plus démunis, qui bénéficiera à 11 millions de ménages canadiens et la mise en place d’un nouveau plan de soins dentaires pour près de 9 millions de Canadiens non assurés.

Le gouvernement de Justin Trudeau a prévu d’importants crédits d’impôts de 15 à 30 % pour plusieurs secteurs énergétiques allant de l’énergie marémotrice au nucléaire mais aussi celui de l’extraction de minéraux essentiels aux batteries électriques.

Les mesures annoncées s’appuient également sur des crédits d’impôt et des investissements antérieurs dans des projets d'”économie propre”, tels que la production d’hydrogène à partir de sources renouvelables.

Le monde est en train de vivre “la transformation économique la plus importante depuis la révolution industrielle”, a déclaré Mme Freeland en faisant allusion à la lutte contre le changement climatique.

“Aujourd’hui et dans les années à venir, le Canada doit saisir ce moment historique – cette occasion remarquable qui s’offre à nous – ou nous serons laissés pour compte alors que les démocraties du monde entier construisent l’économie propre du XXIe siècle”, a-t-elle ajouté lors de la présentation de son budget devant le parlement canadien.

Avec ces crédits d’impôts pouvant atteindre plus de 80 milliards de dollars dans la prochaine décennie, Ottawa espère réduire l’écart avec les milliards annoncés par les Etats-Unis pour les véhicules électriques, les batteries et les projets d’énergie renouvelable.

Selon l’Agence internationale de l’énergie, le secteur des technologies propres devrait peser plus de 630 milliards de dollars dans le monde d’ici à 2030, soit plus de trois fois le niveau actuel.

“Il s’agit d’un grand coup de pouce pour les énergies propres, même s’il ne comblera pas l’écart avec les États-Unis dans des technologies importantes comme l’hydrogène et le captage direct de l’air”, a déclaré le think tank canadien Clean prosperity.

– Crainte d’une récession –

Le budget d’Ottawa prévoit notamment des milliards de dollars pour attirer davantage d’investissements privés dans le secteur, et promet également de maintenir les prix de l’énergie et des crédits carbone tels que négociés au cas où les taux du marché tomberaient en dessous des minimums prévus par les contrats.

“Comme on s’y attendait, les nouvelles dépenses destinées à soutenir l’investissement dans la transition énergétique du Canada ont été la pièce maîtresse du budget 2023” avec un “doublement des crédits d’impôts”, a expliqué dans une note Randall Bartlett, économiste chez Desjardins.

Ce dernier retient par ailleurs des dépenses importantes et des déficits qui se creusent.

De son côté, le Congrès du travail du Canada, “s’alarme des réductions de 3 % du financement du secteur public de la santé, qui pourraient avoir un impact significatif sur les travailleurs et les services dont les gens dépendent”.

Le Canada devrait connaître une faible croissance économique en 2023, prédit par ailleurs le gouvernement dans son budget, tout en soulignant le risque d’une “récession modérée” dans le pire des scénarios.

Ottawa table maintenant sur une progression de son produit intérieur brut (PIB) à 0,3 % cette année avant un rebond à 1,5 % en 2024. Toutefois, le gouvernement n’exclut pas la possibilité pour le pays de tomber en récession (-0,2 %) en 2023.

Selon le projet de budget, la dette fédérale passera l’an prochain à 43,5 % du PIB, pour redescendre ensuite progressivement en dessous de 40 % d’ici 2027-2028.

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