Pour les suiveurs de l’actualité de Sports en français, ce Club n’est pas si inconnu. En effet, ce programme existe depuis 2016. « Il a duré deux ans à l’époque, mais n’avait pas été repris. Et, c’est seulement cette année que j’ai souhaité le reproposer, mais seulement pour les filles », indique Yuna Le Berre, directrice par intérim de Sports en français. 

Le choix de consacrer ce programme uniquement aux filles n’est pas dû au hasard. Yuna Le Berre explique cette décision. « Ça fait quelques années qu’on lit plusieurs recherches sur les filles et les femmes dans le sport. À Sports en français, c’est quelque chose qui nous fait nous poser des questions. Pourquoi les filles pratiquent moins de sports? Pourquoi elles abandonnent le sport à partir de l’adolescence? Donc le but, c’est de les encourager à faire du sport et qu’elles se sentent les bienvenues dans un programme. L’instructrice est une femme, on veut aussi qu’elles aient des modèles féminins dans le sport, c’est très important. » 

Yuna Le Berre s’appuie notamment sur de récentes données dévoilées par l’organisme à but non lucratif, Femmes et sport au Canada. Son rapport 2022, publié à la fin de l’année dernière, « dresse le portrait des expériences que 4 500 filles et femmes canadiennes et plus de 350 dirigeantes ont vécues dans le sport en 2022. » Quelques faits saillants démontrent notamment la participation assez faible des filles au sport. 50 % des filles ne font pas de sport lorsqu’elles atteignent l’adolescence. Une fille sur trois quitte le sport avant la fin de l’adolescence, contre un sur dix pour les garçons. Une fille sur trois de 13 à 18 ans qui s’adonne au sport présentement n’est pas certaine de vouloir continuer à participer. 

Les personnes interrogées alertent aussi sur le cadre entourant le sport. En effet, une fille sur trois indique que les entraîneur.e.s et les organisations ne prennent pas de mesures pour corriger d’importantes lacunes sur le plan de la sécurité dans le sport. 

Un sport original 

La directrice par intérim souligne aussi l’importance d’avoir des filles jeunes dans ce programme, en l’occurrence 6 à 11 ans. C’est en fait une décision commune avec l’association d’escrime du Manitoba. Les jeunes filles sont amenées à continuer ce programme avec l’association si ça leur a plu, et pour un suivi optimal, il vaut mieux qu’elles commencent le plus tôt. « Elles pourront alors continuer à développer ce sport en français par elles-mêmes, sans notre aide. Alors qu’avoir un groupe plus âgé, c’est plus compliqué pour l’association de prendre le relais », ajoute Yuna Le Berre. 

Sports en français a aussi fait le choix de l’escrime. En plus de la question de la place des filles et des femmes dans le sport, l’organisme voulait ajouter une autre différence en mettant en avant un sport qu’on ne voit pas toujours. « C’était important d’avoir un sport qui sort de l’ordinaire. L’escrime, je ne crois pas qu’on ait l’occasion d’en faire tous les jours, alors que du soccer ou du basket, par exemple, on peut en faire à l’école. On voulait aussi faire découvrir ce sport. Et c’est d’ailleurs une discipline où il y a beaucoup de francophones. » 

Yuna Le Berre indique aussi que l’association d’escrime du Manitoba fournit tous les équipements et s’assure que ce sport est pratiqué dans des conditions sécuritaires. C’est donc cinq filles qui ont embarqué dans l’aventure depuis le 25 janvier, et ce, jusqu’au 29 mars. Les entraîneurs certifiés de l’association d’escrime du Manitoba ont donc dévoilé leurs techniques chaque semaine à ce groupe de jeunes sportives. « C’est très bien pour nous. C’était un programme qu’on n’avait pas fait depuis longtemps, on n’était donc pas sûrs de l’accueil. Les filles sont contentes, les parents le sont aussi. Ça se passe bien et je pense même que certaines ne s’attendaient pas à apprécier autant ce sport. » 

S’il n’est plus possible de rejoindre présentement de Club, Yuna Le Berre souhaite qu’il revienne plus régulièrement à l’avenir. « Oui, c’est ce qu’on veut faire et aussi l’ouvrir aux garçons. Et l’on veut continuer ce partenariat à long terme avec l’association d’escrime du Manitoba. »