On a notamment connu El Toro le documentaire en 2018, voici désormais la série fiction. L’objet télévisé, produit par la maison de production franco- manitobaine Manito Média, représente plusieurs années de travail pour la réalisatrice et scénariste Danielle Sturk. « Quelle fierté! C’est cinq ans de travail, et même avant ça avec le documentaire. Ce qui m’a plu, c’est d’avoir exploré ce sujet sur différents médias. En galerie d’art, en documentaire puis en fiction. Ça, en tant qu’artiste, c’est très épanouissant. Je me suis lancée dans des choses que je ne connaissais pas. La série, c’est énorme, c’est une montagne. Je suis surtout très reconnaissante d’avoir eu cette opportunité. »
La réalisatrice franco-manitobaine explique avoir beaucoup travaillé l’écriture, les dialogues et les intrigues pour la série. Elle donne d’ailleurs l’exemple du développement des personnages, « un apprentissage énorme », selon elle.
L’intrigue justement, voici comment la série de six épisodes d’une heure est décrite : « Au cœur du bassin anglophone de Winnipeg dans les années 1960, la famille Charbonneau doit survivre modestement en opérant le casse-croûte El Toro suite à un revers financier. »
« On a tendance à ne pas faire confiance aux talents dans les régions que ce soit en terme technique, de production ou de casting. Donc, mettre en avant les artistes d’ici, ça a été un gros coup. »
Danielle Sturk
À titre personnel, El Toro représente quelque chose de fort pour Danielle Sturk. En effet, ses grands-parents en étaient les propriétaires dans les années 1960. Très impliquée à tous les niveaux dans ce projet, la scénariste aspire désormais à une vie plus calme pour les prochaines semaines. « Je n’ai plus qu’à faire la promotion maintenant. La création, c’est fini. Ça fait du bien, c’était des 15 heures par jour de travail quand on est en production. C’était des 12 heures par jour en préparation, puis à peu près la même chose en montage. Je pense que j’ai envie d’une pause ou au moins d’une vie plus régulière. En revanche, les personnages créés, je les trouve vraiment intéressants, ils auront sûrement une autre vie après. »
La distribution d’ailleurs est l’un des autres points de fierté pour Danielle Sturk. La série est notamment portée par Rachel Kramer qui joue Rosie, l’aînée de la famille Charbonneau. C’est d’ailleurs son premier rôle pour une série télévisée. La Franco-Ontarienne Amélie Trottier interprète le rôle de Georgette, la deuxième fille du clan Charbonneau. Alicia Johnston joue la mère de famille, Viviane. Et enfin Yvan Lécuyer a le rôle de Reynald, le père. « C’est eux qui portent l’histoire. Si l’histoire est moche, ils portent ça (rires), si elle est bonne heureusement, ils la portent aussi! Avec Charles Clément de Manito Média, on était tous les deux convaincus que notre talent d’ici est aussi bon qu’ailleurs. On a tendance à ne pas faire confiance aux talents dans les régions que ce soit en terme technique, de production ou de casting. Donc, mettre en avant les artistes d’ici, ça a été un gros coup.»
Une production manitobaine
Même constat pour Charles Clément, producteur pour Manito Média. En plus des artistes devant la caméra, il salue tout le travail de ceux et celles qui étaient en coulisses, à travailler à la production. « Au niveau de l’équipe technique et de gestion du projet, c’est à 98 % des gens d’ici. Et une partie d’entre eux est francophone. On y tenait très fort. Et que ce soit à propos de la production ou de la distribution, on a été très appuyé par Radio- Canada, le diffuseur. C’était très encourageant pour nous. Il y avait une envie d’entendre l’accent du Manitoba. On a donc une distribution entièrement francophone hors Québec. »
Plus d’une centaine de personnes a travaillé sur cette série qui a été tournée dans une dizaine de lieux au Manitoba entre le mois d’août et octobre 2022 avec un budget d’« au-delà de cinq millions $ ». La première projection en public a d’ailleurs eu lieu à Winnipeg au Centre culturel franco-manitobain.
« J’adore ce moment-là, ça veut dire qu’on arrive à la ligne de fin. C’est un nouveau départ. La fiction présente de beaux défis. Et pouvoir arriver à ce moment où l’on a une belle série télé à lancer, sous l’incroyable réalisation de Danielle Sturk, c’est autant excitant que soulageant », souligne Charles Clément.
Enfin si El Toro, la série, arrive à son point final ces jours-ci, ce n’est pas la fin de la collaboration entre Manito Média et Danielle Sturk, prévient Charles Clément. « Non, ce n’est que le début! Même si nos débuts avec elle ont commencé il y a dix ans. J’espère qu’on travaillera encore avec elle. Ce n’est encore qu’un début, car il reste tellement d’histoires dans notre coin de pays intéressantes, inspirantes, divertissantes qu’on peut raconter. Et Danielle est une de nos grandes raconteuses d’histoires. »