Après six décennies passées dans leur monastère situé à West St. Paul, les sœurs bénédictines tournent une page et vont s’installer sur la rue Youville vers la fin juin. C’est un mélange de sentiments pour sœur Dorothy Levandosky, administratrice canonique, et sœur Mary Coswin, sous-prieure. « Mary et moi avons rejoint les sœurs en 1963, le monastère a été notre maison pendant 60 ans. Alors c’est un sentiment doux-amer de partir, bien que nous sachions que nous devons partir. Notre nouveau bâtiment est très chaleureux. Peut-être qu’au départ nous ne nous sentirons pas tout à fait à la maison, mais avec le temps, nous allons en faire notre chez-nous. Ce qui fait une famille, ce n’est pas la maison, mais ses membres. »

Les sœurs bénédictines ont réussi à vendre leur monastère grand d’environ 88 000 pieds carrés à un organisme des Premières Nations, comme l’explique sœur Mary Coswin. « Le monastère a été vendu à un organisme des Premières Nations : le Southeast Resource Development Council. C’est Raymond Simard qui nous a aidées à trouver un acheteur et il a également développé notre nouveau monastère. »

Prise de conscience

C’est une prise de conscience de leur âge et de leur capacité à exercer leur rôle qui a motivé les sœurs à réfléchir à leur avenir. Mary Coswin poursuit. « Nous n’étions plus assez pour nous occuper d’un bâtiment de 88 000 pieds carrés. Nous sommes aujourd’hui 11 sœurs, alors qu’à une époque nous étions 135 sœurs. Un espace plus petit était nécessaire. »

Sœur Dorothy Levandosky précise qu’il s’agit d’un troisième déménagement pour la congrégation depuis son arrivée au Manitoba. « Nous nous sommes établies à Winnipeg en 1913, puis nous avons déménagé en 1915 à Arborg. Nous avons été de retour à Winnipeg en 1963 dans le monastère actuel à West St. Paul.

« Dans ce monastère, nous pouvions passer des heures sans croiser une sœur. On aurait même pu dormir dans une chambre différente chaque soir de la semaine (rires). »

Dans la recherche d’un nouvel espace pour la congrégation, les sœurs ont donc rencontré Raymond Simard et Réseau Compassion Network, qui les ont accompagnées. Bob Lafreniere, chef de la direction financière de l’organisme, précise : « En 2014, Réseau Compassion Network a acheté un terrain situé sur la rue Youville. C’était un terrain vacant de 1,5 acre. Les sœurs bénédictines nous ont approchés il y a quelques années pour voir si on pouvait les accompagner dans leur décision de se séparer de leur monastère. C’était forcément un choix difficile de se séparer de ce monastère, il fallait aussi réfléchir à où elles voudraient vivre dans les prochaines années. »

De l’aide de Réseau Compassion Network

Le premier choix des sœurs n’était pas forcément dans la ville, comme le souligne Bob Lafreniere. « Elles voulaient être au rural. Raymond Simard avait identifié plusieurs lieux. Mais il y avait toujours quelque chose qui ne marchait pas avec le site. Puis finalement, Réseau Compassion Network leur a proposé le site acheté en 2014. Elles ont tout de suite trouvé que c’était une bonne option parce que le lieu est proche de beaucoup de commodités et comme les sœurs vieillissent, c’était une bonne option.

Bob Lafreniere
Bob Lafreniere est le chef de la direction financière de Réseau Compassion Network. (photo : Marta Guerrero)

« Finalement, la disponibilité de notre terrain et le besoin des sœurs se sont alignés et on a pu avancer avec ce projet. C’était du bon gros sens de créer quelque chose pour elles. » Réseau Compassion Network est donc le propriétaire du terrain et du bâtiment, et les sœurs en seront les locataires.

Du côté des sœurs, la question du vieillissement était inévitable, comme le souligne sœur Mary Coswin. « Quatre des sœurs sont dans leur nonantaine, quatre sont dans leur huitantaine, et trois dans leur septantaine. Dans notre ancien monastère, nous avions des difficultés avec l’ascenseur, alors que dans le nouveau bâtiment, tout sera de plain-pied. C’est un bonheur. Nous serons aussi plus près des commodités de la ville, comme les médecins ou les épiceries. Et puis le bâtiment est dans un quartier où il n’y a pas énormément de trafic de voitures, alors on se sent à l’aise dans cet espace. »