C’est au Parc La Barrière, à 30 minutes de Winnipeg, qu’on retrouve Roland Rioux. Très dépendant de la météo, c’est une de ces dernières belles journées pour pratiquer le kitesurf en ce début du mois d’avril. Alors que le vent se calme, le septuagénaire prend quelques instants pour nous rencontrer. Il revient sur son histoire d’amour avec ce sport qu’il a commencé il y a une vingtaine d’années.

S’il reste un grand passionné et espère apprendre toujours de nouvelles figures aériennes, il admet avec quelques regrets ne plus progresser réellement. « En effet, je deviens même un peu plus conservateur. Je vieillis et j’évite de prendre certains risques. Je tente encore des choses, mais j’essaie de penser mieux. Ça va bien jusqu’à ce que n’aille pas bien! Donc, je ne perds pas grand-chose en agissant comme ça, mais certainement je ne m’améliore pas beaucoup. »

Un entourage fasciné

Si Roland Rioux n’a pas le sentiment de faire quelque chose d’impressionnant, son entourage lui rappelle régulièrement ses prouesses. « Des proches me trouvent très bon, ils me disent souvent qu’ils aimeraient faire autant quand ils auront mon âge », lance le sportif qui explique être le seul de sa famille à faire du kitesurf.

Au-delà de son entourage, ce sont les autres pratiquants manitobains, tous plus jeunes, de ce sport extrême qui sont fascinés par Roland Rioux et ses capacités à son âge. « Ils en pensent que du bien, ils me demandent beaucoup de conseils pour s’améliorer. Ils me voient et disent : c’est incroyable. Et d’ailleurs, je n’ai aucun traitement de faveur à cause de mon âge, et j’aime ça. »

Alors que le dégel a commencé, que la neige fond, Roland Rioux revient sur cet hiver 2023. Si son sport est beaucoup plus pratiqué l’été, il concède une préférence pour les plaines enneigées à la mer. « Dès que j’ai commencé, j’ai été plus intéressé à le faire l’hiver. Évidemment, ça dépend beaucoup de la dureté de l’hiver qu’on a. Cette année était bonne même si on n’a pas eu beaucoup de neige. »

« J’ai appris seul, j’ai juste observé les autres. Je suis allé dans une autre place par moi-même et j’ai essayé! J’ai pris mon temps et j’ai vite compris ce qui était dangereux ou non. »

Roland Rioux

Un hiver rude

Le Franco-Manitobain indique d’ailleurs qu’il est sorti environ une quarantaine de fois cet hiver. C’est moins que d’autres années. « Pour moi, c’est moins que la normale. D’habitude, c’est quasiment tous les jours! » C’est aussi le cas des autres pratiquants. Selon Roland Rioux, le kitesurf au Manitoba compte environ 400 membres en tout, mais seulement une vingtaine sortent l’hiver.

Au-delà des températures très froides qu’on peut connaître l’hiver, Roland Rioux explique que son sport est plus facile à pratiquer l’hiver. C’est ce qu’il recommande à n’importe quel débutant. « Déjà, on ne coule pas dans l’eau et souvent le vent est plus facile à appréhender, ça glisse plus facilement. D’ailleurs, ceux qui donnent des leçons aiment bien les donner durant l’hiver. »

L’ancien pompier de la Ville de Winnipeg n’a pas eu la chance d’avoir des leçons pour commencer au début des années 2000. Il s’est lancé seul après avoir vu, quelques années plus tôt, des gens faire de la planche à voile à la suite de différents voyages. « J’ai acheté un kite, j’y ai ajouté un snowboard, et voilà! C’était un peu difficile et pas très pratique. C’est loin du matériel qu’on a présentement. J’ai appris seul, j’ai juste observé les autres. Je suis allé dans une autre place par moi-même et j’ai essayé! J’ai pris mon temps et j’ai vite compris ce qui était dangereux ou non. »

Sensations fortes

Et en matière de sensations fortes, Roland Rioux est servi. Celui qui compte des milliers figures et de sauts à son actif rappelle que son record personnel est un bond de 16,3 mètres il y a trois ans à peine. « J’essaie encore d’aller haut. Mais ce n’est pas ça le plus dur. La partie délicate, c’est l’atterrissage! »

Celui qui a aussi fait beaucoup de hockey plus jeune ne se voit pas arrêter le kitesurf maintenant. Il prépare la saison de l’été et plusieurs voyages sont prévus. « Tant que tout va bien, j’espère continuer », conclut-il humblement.