Même si la vidéo a été retirée depuis, le message est un écho du mouvement républicain et de l’extrême-droite américaine qui cherchent à politiser et redéfinir le rôle de leur système éducatif. Trois aspects de ce mouvement extrémiste seront abordés dans cette chronique, car en tant que Manitobains et voisins des États-Unis, cette situation devrait nous préoccuper.

Les programmes scolaires (et les éducateurs) encouragent le socialisme, le communisme et les idéologies de gauche.

Au Manitoba, nos programmes scolaires sont créés par des équipes d’éducateurs, de spécialistes et d’administrateurs. Les notions et informations présentées dans ces programmes tiennent compte du développement des enfants, des priorités et valeurs de notre société, du développe- ment de nos connaissances scientifiques et historiques.

Bref, nos programmes scolaires assurent une certaine conformité et universalité de la transmission des savoirs, des savoir-être et des savoir-faire chez nos enfants. Ces programmes sont régulièrement révisés et discutés pour assurer la pertinence et l’acuité de l’information.

La transmission des savoirs, établie par les diverses instances gouvernementales, ne se fait pas en vase clos. Nos classes sont un reflet des préoccupations de notre société. Les enfants, à tous les niveaux, arrivent à l’école avec des questions, des préoccupations et des expériences de vie qu’ils partagent avec leurs enseignants. Pour l’enseignant, répondre à ces questions et s’assurer de la transmission des savoirs comme stipulé par les programmes demande beaucoup de doigté.

Et si parfois les informations ou les opinions exprimées par l’enseignant ne correspondent pas à celles de certains parents, ce n’est pas une raison de chambarder tous les programmes, d’interdire l’enseigne- ment de certains évènements historiques et de museler les enseignants comme cela se fait aux États-Unis.

Les éducateurs n’écoutent pas les parents.

Dans le contexte de la politisation du système éducatif américain, nombreux sont les politiciens conservateurs qui accusent les éducateurs de ne pas être à l’écoute des parents et encouragent la méfiance, voire le manque de respect envers les éducateurs.

Le projet de loi 64, présenté par le gouvernement du Manitoba, reposait sur cette assertion. Heureusement, la communauté scolaire et les parents ont rejeté cet argument. Dans la grande majorité de nos écoles, les parents seront toujours les bienvenus et leurs préoccupations toujours respectées par nos éducateurs.

Censurer des livres est acceptable en tout temps.

Plusieurs États américains ont adopté des lois qui permettent à chaque parent de s’opposer à la présence de certains livres en salle de classe ou à la bibliothèque. Ces livres sont censurés pour toutes sortes de raisons morales et religieuses. Et voilà justement que ce phénomène se produit dans certaines régions du Manitoba où des bibliothécaires qui ont refusé de censurer certains livres ont été menacé(e)s par des individus ou groupes avec des agendas très spécifiques.

Les conséquences de la censure de livres sont dangereuses. Au Manitoba, nous devrions célébrer l’opportunité pour nos enfants de s’ouvrir à d’autres réalités et profiter de l’occasion pour discuter et partager nos valeurs avec eux. Et si certains livres ne correspondent vraiment pas à nos valeurs, on peut toujours les laisser sur les tablettes ou les retourner pour être utilisés par d’autres personnes. En passant, le Manitoba Young Reader Choice Award (MYRCA) offre chaque année une sélection de livres qui sauront sûrement engager intellectuellement nos enfants.

Nous devrions tous nous préoccuper de ce qui se passe aux États-Unis, en ce qui concerne leur système éducatif. Les propos de Madame Tanner, comme ceux de certaines organisations politiques canadiennes, se rapprochent dangereusement des tendances actuelles étatsuniennes.

Nous devrions être fiers de notre système éducatif, malgré toutes ses imperfections et ses lacunes.