La Ville de Winnipeg a publié ses états financiers pour l’année 2022, une fois de plus, la Ville connaît une perte d’environ 129 millions $. Résultant d’une dette de plus d’un milliard $.

La Ville explique, entre autres, que cette perte s’évalue notamment par l’augmentation des tombées de neige de l’hiver passé, la baisse de revenus due au manque de fréquentation dans l’autobus depuis la pandémie. Elle indique également qu’elle utilisera une partie de son surplus pour compenser la dette.

Pour Michel Durand-Wood, observateur de la scène politique municipale, le problème est plus grand. « Même avant la pandémie, la Ville de Winnipeg se trouvait dans une situation financière délicate. Finalement, la pandémie n’a fait qu’accentuer le problème. »

Il tient évidemment à remettre en perspective ce qui signifie ce milliard $ de dette. « La Ville a déjà dépensé un milliard $ qu’il faudra retrouver dans les années suivantes, que ce soit avec l’augmentation des impôts, soit en coupant des services. Ce n’est pas la première année que la Ville se retrouve dans une situation pareille. »

Des investissements qui rapportent ou qui coûtent

Cet état financier laisse craindre le pire pour Michel Durand-Wood. « La Ville se trouve très proche de sa limite de dette. On pourrait donc s’attendre à ce que le Conseil municipal décide d’augmenter cette limite. Rappelons qu’elle existe par prudence fiscale afin d’éviter certaines augmentations d’impôts ou coupures dans le budget capital.

« Pour modifier cette limite, il est possible d’entendre toutes sortes d’excuses : l’ancienne limite était trop prudente ou encore qu’on doit le faire pour investir dans notre avenir. Sauf qu’elle existe bel et bien pour une bonne raison : la prudence fiscale. »

Pour Michel Durand-Wood, un autre aspect dans ce discours est gênant : la notion d’investir dans l’avenir. Pour lui, il y a des investissements qui rapportent et d’autres qui coûtent de l’argent. « Depuis des décennies, la Ville fait des investissements perdants. C’est ce qui mène à notre déclin financier.

« Par exemple : une étude économique sur l’expansion du boulevard Kenaston démontre des retombées économiques de 125 millions $ pour un projet de construction qui se chiffre à 550 millions $ voire plutôt 1,2 milliard $ lorsqu’on inclut les coûts de financement.

« En revanche, les retombées économiques de l’ouverture des rues Portage et Main aux piétons avaient été calculées à 126 millions $ pour un investissement initial de sept millions $. Et il semble que la Ville a plutôt décidé de se lancer dans le boulevard Kenaston que dans l’ouverture de Portage et Main. »