Avatar, jeu vidéo et identité : qui êtes-vous quand vous jouez? Un thème, surtout une question posée, à laquelle une soixantaine d’élèves de la 7e à la 12e année en classe d’immersion française au Manitoba et au Nouveau-Brunswick, mais aussi des élèves du Québec, vont tenter de répondre en images à l’occasion du Festival des vidéastes du Manitoba (FVM).

La compétition fête cette année sa 31e édition, une véritable institution. « C’est plus vieux que moi! », s’exclame Émilie Michalik, coordonnatrice du FVM.

Après tant d’années, il est possible de penser que la formule a complètement fait peau neuve. Mais en essence, elle est restée à peu près la même.

Mission d’éducation

« Les technologies ont beaucoup changé, ça, c’est certain, souligne Émilie Michalik. Mais la mission est restée la même : celle d’éduquer nos jeunes, en français, à propos du cinéma et leur donner l’occasion de créer eux- mêmes leur propre film. Les aider à développer un esprit cinématographique. »

Pour ce faire, des formateurs accompagnent les élèves pendant toute la durée du tournage de leur court-métrage, qui ne doit pas dépasser six minutes. Émilie Michalik, si elle est coordonnatrice, est aussi intervenue dans cette démarche d’accompagnement.

L’occasion de leur apprendre à utiliser le matériel fourni par Freeze Frame, mais pas seulement : « On leur enseigne aussi quelques règles de base de la réalisation, comme la règle des 180 degrés (1). À aborder le film de façon critique, à penser à l’image. C’est une approche plus professionnelle et on espère qu’ils sortent de là avec une meilleure appréciation des films. »

Ne plus seulement s’intéresser à ce qu’un film leur raconte, mais aussi à comment il le raconte, en l’appréhendant de manière critique. Un enjeu très actuel selon la coordonnatrice. « C’est important de pouvoir être critique et de ne pas rester passif lorsque l’on consomme des médias. Surtout à notre époque où l’on en consomme autant. »

« C’est important de pouvoir être critique et de ne pas rester passif lorsque l’on consomme des médias. Surtout à notre époque où l’on en consomme autant. »

Émilie Michalik

Travail d’équipe

Il s’agit aussi d’encourager le travail en équipe et la collaboration. Car comme le dit si bien Émilie Michalik, « c’est un peu l’esprit du cinéma. Tu travailles rarement seul, même si tu as une vision très claire de ce que tu veux faire ». En parlant d’esprit de collaboration, le partenariat avec les provinces du Québec et du Nouveau-Brunswick ne relève pas du hasard. Il existe pour encourager des connexions entre les différentes communautés francophones du Canada et pour démontrer aux jeunes, qui pourraient se prendre de passion pour la réalisation et le milieu cinématographique plus largement, que le cinéma en français existe en dehors du Manitoba et du Québec.

Ainsi, derrière chaque film présenté lors de la soirée de gala du jeudi 25 mai, se trouvent des équipes de cinq à six élèves. En temps normal, chaque école fait parvenir au festival un seul film, mais cette année, plusieurs d’entre elles en ont envoyé deux. « Elles le peuvent si elles ont assez d’élèves pour faire deux groupes », explique la coordonnatrice. Cela signifie donc que l’intérêt pour la réalisation de film va croissant au sein de la future génération.

Compétition

Et vraisemblablement, ils ont pris l’exercice très au sérieux : « De ce que j’ai pu voir, ils ont très bien compris le thème et ont tous eu des approches très différentes et très étonnantes. »

Cela va rendre la remise des prix d’autant plus compliquée. Rappelons-le, le Festival des vidéastes du Manitoba, c’est aussi une grande compétition dans laquelle des prix sont à remporter, des prix pouvant aller, comme c’est le cas cette année, jusqu’à 300 $.

(1) Au cinéma, la règle des 180 degrés est une règle selon laquelle, lorsque l’on filme une scène de dialogue, il faut imaginer une ligne droite liant les deux personnages se faisant face, pour ne pas perdre le spectateur dans l’espace et rendre la scène confuse. Un réalisateur veillera toujours à ce que la caméra reste d’un côté ou de l’autre de cette ligne droite lors des champs-contrechamps qui rythment généralement une scène de dialogue.