Les préparatifs pour les championnats nationaux autochtones de hockey commencent dès janvier pour les jeunes joueurs. Des camps de sélection rassemblent les meilleurs joueurs âgés de 16 ans à 18 ans des communautés autochtones de la province ou du territoire en question.

« Lors de notre camp, on avait environ 90 jeunes venus de partout dans la province. Parmi ces derniers, on sélectionne une douzaine d’avants, six à sept défenseurs et deux gardiens de but », explique Steeve Wadohandika Gros-Louis, l’entraîneur en chef de l’équipe Porte de l’Est et du Nord, qui rassemble des Premières Nations et des Inuits du Québec.

Se rassembler

Pour ces joueurs qui appartiennent déjà à d’autres équipes dans leurs communautés, les championnats sont souvent la première fois qu’ils se rassemblent pour jouer en équipe. « Le défi, c’est qu’on se retrouve avec des jeunes qui doivent apprendre à jouer ensemble et faire une grande compétition en moins d’une semaine. Puisqu’on rassemble les meilleurs joueurs, on se retrouve parfois avec des egos. Ils ont besoin d’apprendre que pour réussir, il faut respecter le plan de jeu et travailler en équipe. »

Pour commencer ces championnats et les clôturer, des cérémonies ont lieu pour permettre aux jeunes de relâcher la pression. Steeve Wadohandika Gros-Louis explique. « Ces championnats ressemblent à beaucoup d’autres, on fait un banquet et des cérémonies d’ouverture et de fermeture. Mais on prend l’occasion de les imbiber de la culture des Premières Nations avec de la danse, du tambour et des chants. »

Un évènement important

Le championnat national rassemble des équipes masculines et féminines venant du Manitoba, du Québec, de la Colombie-Britannique, du Nunavut, de l’Ontario, des provinces maritimes, de l’Alberta et de la Saskatchewan.

Un évènement de cette envergure est extrêmement important pour les jeunes, explique Steeve Wadohandika Gros-Louis. « C’est une occasion de représenter leur communauté et de vivre avec fierté leur identité autochtone. Bien sûr, il y a aussi la chance de pouvoir rapporter les grands honneurs à sa communauté en remportant les championnats. »

Outre ces aspects, les athlètes âgés de 18 ans, qui font donc leur dernière année dans l’équipe, sont aussi conscients d’une autre possibilité. « Il a des évaluateurs présents aux compétitions qui sont à la recherche de joueurs. C’est possible pour eux d’être recrutés, ou bien de se voir offrir des bourses pour aller jouer pour une institution postsecondaire. »

Soutenir les jeunes

Steeve Wadohandika Gros-Louis a participé à ces championnats à plusieurs reprises comme entraîneur et a eu l’occasion de voyager partout au Canada en même temps. « Pour moi, c’est très important de soutenir les jeunes dans ce sport, ça fait de bons souvenirs ». D’ailleurs, il tient à partager une anecdote : son fils, Dewatha Gros-Louis, a lui-même participé comme joueur à ce championnat quand Steeve Wadohandika Gros-Louis était entraîneur de l’équipe. Il témoigne de l’esprit de la communauté. « L’anniversaire de mon fils est le 10 mai, alors pendant les championnats, chaque année où il a joué pour l’équipe, les organisateurs s’assuraient qu’il reçoive un gâteau pour célébrer avec l’équipe. »

Reconnaissant envers Aboriginal Sport Circle et tous ceux qui contribuent à mettre sur pied l’évènement, Steeve Wadohandika Gros-Louis souligne que « les organisateurs font un excellent travail. Avec tous les défis qu’on vit dans le monde autochtone aujourd’hui, ces championnats sont une bonne façon de rebondir. C’est l’occasion de célébrer nos communautés et faire preuve de fierté de sa culture ».

Un élément fédérateur

Le sport pour Steeve Wadohandika Gros-Louis est un excellent outil pour encourager les activités communautaires et rassembler les jeunes. « J’ai représenté le Québec dans le canot à deux. J’ai grandi autour des courses de canot qui avaient lieu dans ma communauté et ça m’a donné l’envie d’en faire.

« Je souhaite transmettre le même sentiment pour les jeunes de chez moi avec le hockey ».

Il espère d’ailleurs proposer la candidature de Wendake, une communauté huronne-wendat qui est située à une quinzaine de kilomètres au nord de la ville de Québec, comme l’hôte des championnats nationaux autochtones de hockey en 2025. « Je veux que les jeunes regardent notre équipe jouer et se disent : Je veux faire partie de cette équipe-là! »