Claire DesRosiers n’aurait jamais pensé recevoir le Prix portant le nom de celui qui l’a toujours fascinée : Louis Riel. C’est pourtant vrai. La SFM en a fait l’annonce le 8 mai.

« J’étais à la fois surprise et enchantée. Comblée. Reconnaissante. J’ai eu beaucoup de messages de félicitations de la part de ma famille et de mes ami.e.s », lance-t-elle.

Évelyne Lachapelle, son amie et ancienne collègue à la radio Envol 91 FM, qui avait pris l’initiative de soumettre sa candidature, témoigne : « Quand je l’avais appelée pour lui demander la permission de proposer son nom, elle a eu pour réaction : moi? ».

Reconnaissance

Pour Claire DesRosiers, le Prix Riel a quelque chose d’incomparable. « C’est quelque chose de très spécial et qui me touche au fond du cœur. Il représente pour moi un certain montant d’accomplissement. C’est une forme de reconnaissance et je ne sais pas si je le mérite. Mais pour ce que j’ai réalisé, je l’ai fait avec amour. »

Évelyne Lachapelle pense qu’elle le mérite amplement et raconte comment l’idée lui est venue de présenter la candidature de son ancienne collègue : « Entre bénévoles à la radio communautaire, nous nous connaissions surtout de nom, comme nos plages horaires étaient différentes. C’est en écrivant mon livre sur l’histoire de la radio communautaire, À l’aube de nos trente ans, que j’ai pris connaissance de la richesse de son parcours, ainsi que de son engagement ».

L’auteure du livre À l’aube de nos trente ans, paru en octobre 2021, à l’occasion du 30e anniversaire de la radio Envol 91 FM, affirme qu’il y a énormément de bénévoles parmi la communauté franco-manitobaine et elle s’en réjouit. Cependant, elle fait remarquer que les critères de la SFM veulent que le Prix soit décerné à des bénévoles qui ont contribué de façon exceptionnelle.

« Cela faisait un moment que j’y pensais, mais je n’avais pas eu le temps de préparer un dossier de candidature complet. J’étais prise par l’écriture du livre. Mais cette année, je l’ai fait. C’était à la dernière minute et ça a fonctionné. »

Un grand parcours

Le parcours de la lauréate est, en effet, impressionnant. Pendant plus de 20 années, elle a animé bénévolement une émission nommée À trois temps, à la radio communautaire. Elle a aussi coordonné, pendant une douzaine d’années, une émission par et pour les aîné.e.s, appelée Prends le temps.

Claire DesRosiers a également fait du théâtre pour les aîné.e.s, à partir du début des années 2000, d’abord comme comédienne et ensuite comme metteuse en scène.

En 2013, elle a mis sur pied une troupe de théâtre appelée Dêzênès, composée d’une dizaine de membres. Depuis, elle écrit des pièces de théâtre qui sont, entre autres, jouées dans les foyers pour aîné.e.s.

Pendant 17 ans, Claire DesRosiers a aussi œuvré bénévolement comme assistante d’Yvette Audette, coordonnatrice des concours de violon et gigue du Festival du Voyageur.

Les dix dernières années, elle a assuré bénévolement la rédaction du Profil Métis qui paraît une fois par an dans La Liberté.

« La francophonie manitobaine m’a toujours été très chère. Je suis habitée par nos traditions et notre héritage culturel. Cela a été une source d’inspiration pour moi, depuis l’enfance », souligne-t-elle.

Une histoire de famille

La fibre artistique, Claire DesRosiers la tient de sa famille. Le bénévolat, aussi. Son père, Albini Pilotte, avait séjourné dans les années 1930 en Algérie, où il avait fait du bénévolat auprès des Pères Blancs.

Sa mère, Marie-Ange Lambert Pilotte, était une artiste qui touchait à plusieurs instruments de musique, comme le violon, la guitare, l’accordéon, l’harmonica. Elle se produisait et faisait de l’animation dans les foyers d’âge d’or.

Son grand-père maternel, Louison Lambert, était violoneux et conteur connu dans la communauté, au début des années 1900. Il dirigeait la chorale de l’Église Saint-Pierre-Jolys. Sa grand-mère maternelle, Marie Martin Lambert, était musicienne et particulièrement portée sur le chant. Mais uniquement entre famille et amis, à la maison.

C’est naturellement donc que Claire DesRosiers a suivi cette voie. Elle faisait déjà du théâtre et interprétait des monologues à l’école. Pendant ses années de secondaire, à l’Institut collégial Saint-Pierre-Jolys, son village natal, elle faisait partie de la chorale du père Caron. C’est dans ce cadre qu’elle a à plusieurs reprises participé au Festival de la chanson française.

« Je veux continuer dans la lignée de toutes ces personnes qui m’ont inspirée, à commencer par mes grands- parents. Beaucoup de gens se sont sacrifiés pour que notre communauté rayonne, malgré les grands défis auxquels nous avons toujours été confrontés. »

Ce Prix encourage, justement, la lauréate à poursuivre le chemin qu’elle s’était tracé : « L’art et la culture, c’est ce que j’aime. C’est ce qui me passionne. »

Claire DesRosiers a, certes, beaucoup donné pour la communauté. Mais elle reconnaît avec humilité que sans les gens qu’elle a accompagnés, elle n’aurait pas pu accomplir toutes ces choses. « Je leur dois en quelque sorte ce Prix. »

(1) L’autre lauréat, dans la catégorie Santé et services sociaux, est Paul de Moissac. La Liberté a tenté de rencontrer Paul de Moissac pour une entrevue. Étant indisponible au moment de produire le journal, la rédaction fera son possible pour écrire son profil de récipiendaire du Prix Riel prochainement. La cérémonie de remise des Prix aura lieu le 7 juin au Théâtre Cercle Molière, à 18 h. Information et billets : https://www.sfm.mb.ca/activites/prix-riel/prix-riel-2023/.