Fruit de plusieurs années de travail, c’est peut- être à ce jour le plus gros projet jamais réalisé par Marie-Ève Fontaine, « un projet pivot dans ma vie » comme elle le dit. Avant d’arriver à cette pièce qui sera dévoilée au public dans quelques jours, l’artiste revient sur son lien fort avec l’écrivaine. « Ça remonte à loin. On la lisait à l’école, bien sûr. Puis, ma première job, c’était d’être guide-interprète dans la Maison Gabrielle-Roy quand j’avais 15 ou 16 ans. J’y ai travaillé peut-être trois ans, je me suis familiarisée avec sa vie et j’ai continué à la lire. »
Parmi ses lectures, Marie- Ève Fontaine tombe sur Cet été qui chantait. Ce livre, écrit par Gabrielle Roy pendant ses étés passés à Petite-Rivière-Saint-François au Québec, inspire rapidement Marie- Ève Fontaine. Un livre écrit peu de temps après la mort de Bernadette, la sœur de l’écrivaine. « C’est un livre qui s’appuie beaucoup sur les images, sur une poésie visuelle. Il crée aussi des relations avec l’environnement naturel qui nous entoure. »
Les marionnettes prennent place
Et pour adapter au mieux cet univers, celle qui a passé un bac en théâtre à Ottawa pense aux marionnettes. Un art que pratique déjà sa mère, Natalie Labossière, depuis de nombreuses années.
Marie-Ève Fontaine part donc avec cette envie. Utiliser une base de travail déjà écrite, en l’occurrence un livre, est aussi défi. Alors, comment s’inspirer d’un ouvrage déjà connu pour y apporter une vision unique? « Partir d’une œuvre qui existe déjà, dans ma tête, c’était comme un raccourci. Mais finalement, ça ne l’est pas vraiment. Car il y a plusieurs interrogations. C’est un recueil de nouvelles, il y en a une vingtaine. On ne peut certainement pas toutes les faire. Donc il faut choisir. Puis, on se dit : Fait-on quelque chose de modulaire dans laquelle des courtes pièces s’enchaînent? Est-ce qu’on remet ça à neuf puis on écrit une histoire? C’est finalement cette dernière option qu’on a choisie. »
Une longue production
Débarrassée des potentielles contraintes, Marie-Ève Fontaine se lance dans la production avec l’aide du TCM. « La première réunion avec Geneviève Pelletier (2) date de 2017. Je lui ai parlé de mon idée et elle a directement dit oui. Au début, j’imaginais ça comme des petites pièces courtes. D’ailleurs dans mes notes de réunion, on voulait en faire un show qui va faire la tournée scolaire en 2019-2020. Et à chaque fois que j’ouvre ce document, je me rends compte à quel point le projet a évolué. Ce n’est plus vraiment un spectacle jeunesse. C’est plutôt une pièce qui s’adresse surtout aux très jeunes et très âgés, et tout le monde entre les deux », estime Marie-Ève Fontaine, qui rappelle notamment à quel point l’aide de son équipe lui a été précieuse pour avancer sur ce projet.
Outre Natalie Labossière, on peut notamment retrouver Pierre Robitaille à la mise en scène, Gérald Laroche à la conception sonore, Denis Dugay à la scénographie, Janelle Tougas aux costumes ou encore Maureen Labonté à l’accompagnement dramaturgique.
Sons et images
Marionnettes, théâtre d’ombres et aussi jeux des actrices (Gabrielle Roy jouée par Marie-Ève Fontaine, Monsieur Émile joué par Natalie Labossière et Bernadette, la marionnette), plusieurs médiums différents sont présentés dans cette pièce.
Il a fallu jongler entre tous ces éléments pour proposer le meilleur outil pour chaque scène. « Ça a créé des questions sur l’écriture. Comment écrire sur quelque chose qui s’appuie autant sur l’image? Au cours des dernières années, j’ai donc trouvé des solutions. On m’a d’ailleurs dit que je faisais du théâtre-paysage. Je ne connaissais pas ce genre, mais il s’agit de faire beaucoup d’allers-retours entre ce qui est textuel et image. C’est une chorégraphie très précise qu’on doit apprendre. »
Ce voyage sensoriel doit donc être maîtrisé au millimètre. Alors que la pièce sera présentée très bientôt, quelques détails restent à régler avant la grande première. « C’est une pièce en trois actes. Présentement, on a vraiment bien consolidé les deux premiers. Mais on a retravaillé encore la fin, on doit finir de construire ce bout-là. C’est encore l’heure des répétitions et du peaufinage. »
Après le 3 juin, après le TCM, Marie-Ève Fontaine pense aussi présenter cette pièce cet été à Petite-Rivière-Saint-François pour le 40e anniversaire du décès de Gabrielle Roy.
(1) Cet été qui chantait, du 31 mai au 3 juin. Durée : 70 minutes. Plus d’information sur le site web du TCM.
(2) Geneviève Pelletier est la directrice artistique du TCM.