C’est au deuxième étage de l’ancien hôtel de ville de Saint-Boniface, dans la salle symbolique du comité municipal, qu’une quinzaine de personnes s’étaient donné rendez-vous. Ce groupe de travail a, pendant une heure environ, cherché les meilleurs moyens d’action pour faire avancer ce dossier en arrêt depuis le retrait fin mars de l’organisme Manitoba Possible qui devait racheter l’ancien hôtel de ville et l’ancienne caserne de pompiers de Saint-Boniface.

Ce Comité de coordination « pour une nouvelle vision, une nouvelle mission et une nouvelle action pour le Carré civique » a notamment discuté autour d’un projet de neuf pages cosigné présentement par les Ami.e.s du carré civique de Saint-Boniface (ACCSB), la Société de la francophonie manitobaine (SFM), la Crémerie Coop, Héritage Saint-Boniface, mais aussi Manitoba Possible, qui souhaite poursuivre sa relation avec la francophonie manitobaine.

Une communauté unie

Robert Loiselle de l’ACCSB présidait cette rencontre. Selon lui, ce rendez-vous était important pour montrer un front francophone uni. « La Ville voit que la démarche du passé n’a pas donné fruit. On ne va pas la critiquer. Mais ce qu’on va faire c’est de montrer comment on avance. »

Le président de l’ACCSB souhaite d’ailleurs ne pas trop traîner et sent que c’est le bon moment pour aller voir la Ville avec un projet le plus solide possible. « Il y a urgence. On sait qu’avec la Ville de Winnipeg, les choses prennent du temps. Il y a un nouveau maire, certains d’entre nous ont eu la chance de lui parler, il y a une ouverture. Il faut en prendre avantage avant que ça dure un autre 24, 36 ou 48 mois. »

Si le temps de l’action semble s’en venir très bientôt, à plusieurs reprises, les personnes présentes à cette rencontre ont parlé « d’options réalistes » pour le dossier du Carré civique. C’est le cas notamment de Walter Kleinschmit d’Héritage Saint- Boniface. « À court terme, on parle ici d’un bâtiment qui appartient toujours à la Ville, il faut reconnaître cette réalité. C’est-à-dire reconnaître notamment les risques qui font partie de la propriété et qui auraient dus être résolus dans le passé, chose qui n’a pas été faite. Donc, il faut bien s’assurer que cette partie soit bien détaillée. »

« Il y a urgence. On sait qu’avec la Ville de Winnipeg, les choses prennent du temps. Il y a un nouveau maire, certains d’entre nous ont eu la chance de lui parler, il y a une ouverture. »

Robert Loiselle

Un projet qui se précise

En effet, le document présenté pendant cette rencontre évoque plusieurs idées pour l’avenir du Carré civique. Par exemple, il est demandé que l’ancien hôtel de ville et l’ancienne caserne des pompiers soient retirés de l’inventaire des biens excédentaires de la Ville de Winnipeg. Aussi, dans ce potentiel projet, l’ACCSB se voit proposer un bail à long terme (50 + 49 ans). « L’ACCSB, en tant qu’organisation caritative à but non lucratif, peut acquérir le contrôle des biens loués, accéder à des fonds pour le développement et l’amélioration des bâtiments existants, y compris les biens historiques, et coordonner le développement d’installations supplémentaires qui renforcent la fonction principale et ajoutent de la valeur au Carré civique et à sa viabilité financière », peut-on lire dans ce document.

La coopérative d’habitation La Crèmerie veut appuyer cette partie du projet selon Jonathan Boisvert, son président. « À la fin de la journée, on veut tous préserver notre patrimoine et travailler à l’épanouissement de la communauté. Et pour nous, la Coop, cela veut dire du logement abordable ici à Saint-Boniface. On a tous des agendas différents, et pour y arriver, ça passera par du travail ensemble. »

Très impliquée, la SFM, par l’intermédiaire de son directeur général, Daniel Boucher, salue « cette action communautaire ». En revanche, il reste encore quelques points d’opposition entre les différentes parties notamment sur la question de l’ancienne caserne des pompiers, un bâtiment laissé à l’abandon. « Ça a toujours été le problème par rapport à cette vente possible. On nous posait toujours la question : Pourquoi ne pas proposer quelque chose qui vient de la communauté? Et tout le monde disait que la caserne avait trop de problèmes et ça pourrait coûter trop cher pour la refaire. D’où notre critique du premier appel d’offres qui ne séparait pas les édifices. La caserne comprenait beaucoup plus de risques, et ça nous préoccupe toujours. »

La Ville attentive

Ce Comité se sent donc prêt à rencontrer la Ville, « qui a une responsabilité dans ce dossier » comme l’ont évoqué plusieurs membres pendant cette réunion. Mais, est-ce que le conseil municipal se sent vraiment concerné par ce sujet? « Je pense qu’il l’est maintenant. Après les derniers évènements, après l’appel d’offres initial, la Ville a réalisé qu’il y avait moyen de faire quelque chose de plus transparent. On a eu une bonne conversation avec le nouveau maire et le directeur général de la Ville. Ils ont compris pourquoi nous avons réagi comme ça et pourquoi nous voulons quelque chose de différent », souligne Daniel Boucher.

Entreprises Riel est aussi proche du dossier par la présence notamment de Tourisme Riel, l’un des locataires de l’ancien hôtel de ville. Normand Gousseau, directeur général de l’organisme, insiste aussi sur cette question de responsabilité de la Ville. «La SFM a reçu le mandat de la communauté de suivre le dossier, et je crois qu’ils doivent continuer à le faire. Aussi, je suis heureux de voir que l’ACCSB a pris forme. On n’avait pas un appui communautaire à ce point-là quand on a commencé les conversations pour protéger le Carré civique en 2011, et même avant. On est heureux de travailler pour guider le processus », explique Normand Gousseau qui rappelle aussi la nécessité que la communauté dans son ensemble soit consultée et que les décisions sur l’avenir du site ne soient pas prises par un petit groupe.

La prochaine étape est donc une rencontre officielle avec la Municipalité. Robert Loiselle vise, idéalement, la fin du mois de juin pour avoir ce rendez-vous.