Anna Weier a eu deux belles rencontres dans son enfance. La première avec le vélo. La seconde avec la langue française.

Le français l’a d’ailleurs beaucoup aidée dans sa carrière professionnelle. « C’est toujours plus avantageux de parler plus qu’une langue. Puis, j’aime beaucoup la langue française », lance-t-elle.

Pour vivre pleinement en français, Anna Weier s’est installée avec sa famille, en août 2022, dans le quartier de Saint- Boniface. « J’ai plus souvent la chance de pratiquer mon français », témoigne-t-elle.

Histoire de joindre l’utile à l’agréable, c’est-à-dire le français au vélo, elle a trouvé une maison toute proche de la boutique de la Coop Vélo-Cité. Anna Weier n’a d’ailleurs pas perdu son temps. Un mois plus tard, soit en septembre, elle est devenue membre de cette coopérative qui offre des services de réparation de vélos et de formation depuis 2016.

Une bonne nouvelle pour la présidente sortante de la Coop Vélo-Cité, Ainza Bellefeuille, qui affirme que le CA veut attirer plus de femmes. « C’est un très bon signe. Nous avons environ 130 membres qui se renouvèlent à chaque année. Il y a ceux qui partent, ceux qui reviennent, et les femmes représentent une assez bonne équité. Elles sont très volontaires pour faire du bénévolat. »

Implication

Pour elle, une maman est plus susceptible d’initier les enfants à l’amour du vélo. « Nous voyons la différence dans l’usage des moyens de transport au sein des familles, dès que les mamans s’impliquent et se mettent au vélo. »

Avoir pour nouvelle membre une anglophone qui rejoint la communauté francophone à Saint-Boniface, est un bon signe pour Ainza Bellefeuille. « C’est super beau à voir. Il y a de la place pour tout le monde dans notre communauté. Y compris pour ceux qui parlent d’autres langues et qui veulent s’initier au français », ajoute-t-elle.

Anna Weier se sent d’ailleurs bien accueillie dans sa nouvelle vie à Saint-Boniface et affirme prendre beaucoup de plaisir à parler aux gens en français.

Puis il y a l’avantage de pouvoir se déplacer facilement à vélo, que ce soit pour faire des achats ou emmener sa petite Libby à l’École Provencher.

« Nous n’avons pas de voiture. Le vélo est le seul moyen de transport dans notre famille. Et à Saint-Boniface, tout est accessible : l’école, l’épicerie, la fromagerie, les pharmacies, la bibliothèque, les parcs… », se réjouit-elle.

Même s’il n’y a pas assez de pistes cyclables, elle pense que c’est beaucoup plus facile et sécuritaire de faire du vélo à Saint-Boniface, en comparaison avec le centre-ville de Winnipeg.

Des ami.e.s à Saint-Boniface

L’amour du vélo, Anna Weier l’a transmis à son enfant en très bas âge. « Libby a eu son premier vélo sans pédales à l’âge d’un an. Son premier vrai vélo, elle l’a obtenu vers l’âge de quatre ans. Elle vient d’en avoir un plus adapté à son âge, comme elle grandit. »

Libby joue au soccer au centre récréatif Notre Dame. Elle s’y rend sur son demi-vélo, attaché au vélo de ses parents. Son nouveau vélo, elle le testera cet été dans la ruelle derrière la maison. « J’aime beaucoup Saint-Boniface et j’ai plein d’ami.e.s », dit-elle en français.

Même si Anna Weier s’est initiée au vélo dès l’enfance, sa vraie passion pour les deux roues s’est développée pendant qu’elle faisait ses études en sciences naturelles et psychologie, à l’Université de Winnipeg. C’est là qu’elle a découvert une toute nouvelle aventure : faire du vélo durant l’hiver.

« Cela me faisait vivre chaque jour une nouvelle histoire, une nouvelle aventure. J’avais plein de choses à raconter à mes ami.e.s », se souvient-elle.

Réparer le vélo

Pour s’armer face aux aléas de l’hiver winnipégois et devenir une cycliste autonome, Anna Weier s’était rapprochée du personnel de Natural Cycleworks, où elle réparait son vélo, pour proposer ses services à titre de bénévole. Elle a fini par être recrutée pour devenir mécanicienne de vélo. Aujourd’hui, elle donne des cours de vélo pour les nouveaux arrivants à l’organisation Mosaic – Newcomer Family Resource Network.

Après plusieurs années de vie commune, Anna Weier a réussi à convaincre son époux d’utiliser son vélo pendant l’hiver. Dany Powell est aussi un cycliste. Mais surtout lorsqu’il fait beau. « Je fais du vélo depuis mon enfance, mais c’est la première année que je l’utilise pendant l’hiver pour aller au travail. Le premier jour, je pensais abandonner. J’ai fini par me sentir fier de pouvoir braver l’hiver », se réjouit-il, soulignant que Saint-Boniface est un quartier idéal pour faire du vélo.

Dany Powell, un anglophone qui s’est mis au français, affirme que lui et son épouse se sont fait plein d’ami.e.s à Saint-Boniface, grâce à l’engagement d’Anna Weier au sein de la Coop Vélo- Cité. Elle compte d’ailleurs faire sa première saison de bénévolat à partir de cet été. « Je suis super motivée! »