Par Émeric Épaud, Les as de l’info

Équipée de médicaments, d’un kit de premiers soins, cette passionnée des animaux est prête à tout pour soigner écureuils, chevreuils et ratons laveur… Elle a stationné son camion pour répondre à nos questions!

Est-ce que c’est ton métier de travailler avec les animaux?

Ce n’est pas un métier, c’est une passion! Je ne suis pas payée pour faire ce que je fais, je le fais bénévolement. Dans la vie, je suis gestionnaire de construction, mais ça fait une vingtaine d’années que, chaque été, je ne travaille pas et que je prends soin des animaux orphelins. Mon amour pour les animaux ne date pas d’hier. Très petite, j’étais déjà concernée. C’est vraiment en moi. Comme je t’ai dit, c’est avant tout une passion!

Ces derniers jours tu mets aussi ta vie en danger en tentant de sauver ces animaux des feux. Est-ce que ça t’arrive d’avoir peur?

Ça m’arrive quelques fois. C’est quand même très impressionnant ce qu’on voit là-bas. On dirait qu’on est sur la planète Mars.

Portes-tu des habits pour te protéger ou un masque à oxygène?

Je ne porte pas de tenue spéciale, mais je porte un masque pour la boucane. Je porte un N95, les masques qu’on avait durant la pandémie. Mais quand je vais dehors, mes yeux et mon nez brûlent, ça me pique les poumons et la gorge. J’ai même mal à la tête parfois. Mais tout ça, tu t’en rends compte après, quand tu reviens. Sur le coup, on a l’adrénaline, donc en ce moment, je carbure à l’adrénaline. 

C’est assez héroïque tout ce que tu fais pour les animaux. Est-ce que tu en as conscience?

Aucunement. Justement, j’ai pleuré quand j’ai lu un article sur moi dans le journal 24 heures parce qu’on me décrit comme un ange. Ça m’a touchée! Mais c’est juste normal en fait, les animaux ont besoin d’aide et nous aussi, on a besoin d’eux. Chaque espèce a quelque chose à apporter à notre écosystème, peu importe l’espèce.

Qu’est-ce que tu fais quand tu vois un animal en détresse? Ça reste des animaux sauvages, comment tu établis ce premier contact?

C’est assez particulier, mais quand l’animal est dans le besoin, il te laisse t’approcher. C’est de cette façon qu’on peut savoir si l’animal est blessé ou non. D’une certaine manière, c’est comme si les animaux étaient réceptifs à notre aide. Ils ont envie de vivre eux aussi. Après les avoir approchés, je regarde le problème et je les soigne sur place. J’ai un gros stock de médicaments avec moi. 

Est-ce que tu as fait des études ou des formations en soins animaliers?

Non, c’est venu avec le temps. Les connaissances, ça ne s’achète pas, tu peux prendre un cours, mais c’est vraiment avec le temps et la pratique que j’ai acquis toutes ces connaissances. C’est devenu des automatismes. Par exemple, maintenant, quand je vois un animal complètement déshydraté, je sais exactement quoi faire.

Vas-tu rester sur place jusqu’à la fin des feux?

Je vais être là-bas jusqu’à temps qu’il n’y ait plus de feux! Je vais aller chercher les animaux pour les sauver et les relocaliser dans un endroit favorable à leur survie. 

Peux-tu nous parler d’un sauvetage qui t’a marquée?

L’année dernière, j’ai soigné un bébé ours dont la maman avait été abattue par des agents de la faune. Je l’ai surnommé Boubou. Mais je ne pouvais pas le ramener avec moi parce que les agents de la faune m’ont dit que si j’attrapais cet ourson, ils allaient me poursuivre pour braconnage. Donc j’ai été obligée de laisser Boubou passer l’hiver tout seul. Mais il y a deux mois, j’ai retrouvé Boubou et il m’a reconnue. Quand je l’ai retrouvé, il était déshydraté, affamé et sur le bord de mourir. Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs ne voulait pas le soigner, il voulait l’euthanasier. J’ai mis en ligne une vidéo sur Facebook qui a été pas mal partagée. Les gens appelaient au ministère pour Boubou! Finalement, le ministère a été obligé de fournir des soins à Boubou. Après, il a été transféré dans un refuge d’oursons à Ladysmith, près de Gatineau. Maintenant, Boubou est sauvé et il va être relâché après l’hiver. Mais tout ça aurait pu être évité si on l’avait attrapé et soigné dès le début.

Boubou
Boubou après avoir été traité. (photo : Gracieuseté)

Pour finir, avec tout l’amour que tu as pour les animaux, justement, si tu étais un animal, lequel serais-tu? 

Wow! Un animal que j’apprécie beaucoup, c’est le raton laveur. Au Québec, le raton laveur peut vivre plus de 17 ans en captivité, mais quand il vit dans la nature c’est seulement 2 ans. C’est à cause des voitures et de la malnutrition. Quand il fouille dans les poubelles, il ne fait pas ça pour le plaisir, il a juste faim, c’est tout. Donc je dirais le raton laveur, parce que c’est un animal très intelligent et parce que je les adore du plus profond de mon cœur. Mais j’aime tous les animaux, il n’y en a pas un que je n’aime pas!

Note : Les as de l’info te rappellent que Christine est une experte des sauvetages d’animaux. Si tu vois un animal blessé, ne t’approche pas, et va avertir un adulte. 

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